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Géraldine Knie est une enfant de la balle. Une vraie. Et pas besoin de l’écouter longtemps pour comprendre qu’en digne fille de son père, héritière d’une dynastie de seigneurs du chapiteau, elle ne pourrait exister autrement que par, pour et à travers le cirque. Avec le regard serein des gens qui sont en accord avec eux-mêmes, en un français parfait, s’excusant presque, elle glisse: «C’est vrai, j’ai la chance de mener la vie que je veux et d’avoir un métier qui est aussi ma passion.» Une passion qui mêle joyeusement chevaux, spectacles, répétitions, artistes, tournées ou famille et qui, dit-elle, l’anime depuis «toujours». Et quand elle dit «toujours»…

D’une voix douce et ferme, la jeune femme raconte comment son père et son grand-père, ses «héros», l’ont mise à cheval avant même qu’elle sache marcher. Puis comment, à 4 ans, elle a fait son premier tour de piste en compagnie de Frédy Knie Jr: «Maxi et Mini», «une tradition familiale, une espèce de rituel qu’on accomplit de génération en génération. Mon père a ouvert les feux en 1951, à 4 ans aussi. Moi ensuite, en 1977, puis mon fils Ivan Frédéric, en 2005, qui en avait alors 4. Et cette année, ma petite Chanel Marie de 3 ans fait ses débuts», sourit Géraldine avec la tendresse et la fierté d’une mère poule.

Anticipant la question, elle reprend: «Bien sûr c’est jeune, mais la règle tacite veut que ce numéro ne soit présenté que si l’enfant en a envie, il n’a aucune obligation…» Vraiment? «Vraiment! Ma fille a déjà un caractère bien trempé: c’est elle qui nous a demandé à participer au spectacle! Peut-être se lassera-t-elle mais, pour l’instant, elle y prend beaucoup de plaisir. Elle ne manquerait le grand final pour rien au monde. J’étais comme ça, moi aussi… Tout était très naturel, je ne ressentais aucun trac, j’avais l’impression d’avoir la chance de jouer à un jeu extraordinaire.» En dépit de la discipline que cela exigeait? «Je n’en avais pas conscience!»

Sourire aux lèvres, Géraldine Knie part dans le temps. Elle se rappelle son enfance dans «un cadre fixe mais relativement souple, fait de respect, mais aussi d’amour, d’attention, de calme, de sens des responsabilités et de rigueur». Autrement dit, comme tous les bambins, elle était censée obéir. Avait des heures de repas. Devait aller à l’école. Faire ses devoirs. Se brosser les dents… Vie de saltimbanque oblige, elle bénéficiait d’horaires aménagés mais, à part ça, rien d’extravagant ni d’insupportable, insiste-t-elle. Même les exigences liées à sa condition d’apprentie écuyère et dresseuse de chevaux? Catégorique, Géraldine Knie opine: loin de le vivre comme une corvée, elle aimait prendre soin des poneys ou des étalons et travailler avec eux. Comme elle aimait les répétitions. Guidée tantôt par son père tantôt par son grand-père, elle était heureuse d’apprendre. Simplement. Sans se poser de questions. Aux deux premiers hommes de sa vie, elle doit ainsi une connaissance et compréhension hors-norme des équidés, une maîtrise redoutable de l’art du dressage, le goût des choses bien faites et l’envie de faire toujours mieux. Sans compter le sens des responsabilités et, par-dessus tout, du respect, «l’une des choses les plus fondamentales qu’ils m’ont transmises», dit-elle.

Et Géraldine Knie de s’échauffer, libérant un peu de cette passion à fleur de peau qu’on lui devine: «Knie, c’est près de 200 personnes qui doivent toutes tirer à la même corde. Chacun s’appuie sur le travail de l’autre. Sans cette considération entre les gens, la mécanique ne pourrait pas fonctionner!» Une réalité qui s’applique à la famille autant qu’à la compagnie: «Huit mois sur douze, nous sommes littéralement les uns sur les autres (de la main, elle désigne la caravane de ses parents, à moins de deux mètres de la sienne). Alors, même si on s’adore, quand une porte est fermée, on n’entre pas! Si nous ne respections pas cette intimité des uns et des autres, la cohabitation serait terriblement problématique.»

Une enfance de rêve

Songeuse, Géraldine Knie jette un coup d’œil sur les photos de ses proches, disposées sur les rebords de fenêtre de son «mobile-home». Et replonge dans une enfance qu’elle qualifie de «rêve». Entre les répétitions qui lui permettaient de progresser, les soins aux animaux qu’elle n’aurait délégués pour rien au monde, les spectacles qui la transcendaient, l’école où elle s’ennuyait et les copains avec qui elle s’amusait comme une folle, le temps a filé sous l’œil aimant et «trop inquiet» de sa mère, Mary-José. Une femme admirable et merveilleuse, appuie Géraldine qui, dans un rire, lui pardonne de ne l’avoir pas laissée faire du vélo sur la route «parce qu’elle était tout le temps inquiète et avait peur de tout!» Il faut dire que «quand je suis née, en 1973, ma mère venait à peine d’entrer dans la famille du cirque (elle avait épousé Frédy Junior en 1972, ndlr). Elle ne connaissait rien à rien», évoque-t-elle d’une voix attendrie. «Mais à force de travail, d’acharnement et de volonté, et tout en s’occupant de moi, elle est devenue une virtuose...»

Géraldine adore sa mère, ça ne se discute pas. N’empêche… On l’imagine volontiers, un peu plus tard, adolescente par exemple, saisie par l’envie de s’envoler. De claquer la porte de la caravane, fût-elle luxueuse, pour s’essayer à la sédentarité. Ou de s’éloigner, au moins provisoirement, d’une famille potentiellement envahissante – et très observée par les médias. Eh bien non. Jamais. Pourtant, elle a eu le choix...

Amusée, Géraldine raconte comment, à 17 ou 18 ans, ses parents, qui lui avaient fait suivre une école de commerce «au cas où», lui ont demandé ce qu’elle comptait faire. «Moi qui n’avais jamais rêvé que de chevaux et de cirque… C’était presque choquant qu’ils puissent m’imaginer faire autre chose!» Avec le recul, elle comprend. Mère désormais, elle a appris qu’avec les enfants, rien ne coulait de source. Que les évidences d’un jour pouvaient être contredites le lendemain. En clair, donc: oui, la fougueuse amazone espère avoir transmis le gène du cirque à ses minots; elle aimerait qu’ils suivent les traces de leurs parents avant, pourquoi pas, de reprendre les rênes de Knie. Cela dit, si Ivan Frédéric ou Chanel Marie (ou les deux) décidait de changer de voie... elle l’accepterait.

Solaire et comblée

Pour l’heure, la question ne se posant pas, l’écuyère peut se consacrer sans arrière-pensée à ses dadas. A ce qui la fait vibrer: vivre avec les chevaux, régler des numéros, jouer des lumières et de la musique. Une passion à ce point dévorante que, ses rares vacances elle les passe à envisager la prochaine tournée, régler des chorégraphies équestres, tenter de deviner les attentes du public et, en étroite collaboration avec son père, composer un programme cohérent. Un rien monomaniaque? Sans doute, mais peu lui importe. Parce qu’elle se sait soutenue par ses proches, par son mari, l’acrobate et dresseur de chevaux Maycol Errani, son «ticket de loterie gagnant». Parce que aussi les spectateurs, année après année, répondent présent. Ce qui fait d’elle la femme comblée et solaire que l’on peut redécouvrir, ces jours, en Suisse romande où le cirque Knie fait actuellement sa tournée.

Curriculum vitae

1973 Le 19 janvier, naissance de Géraldine Katharina.

2001 Le 6 juillet, venue au monde d’Ivan Frédéric, son fils et celui de l’acrobate Ivan Pellegrini.

2011 Pas de numéro pour l’écuyère, cette année-là: le 4 mars, elle accouche de Chanel Marie, fruit de son union avec l’acrobate et dresseur de chevaux Maycol Errani.

Questions d’enfance

Votre hérosMon père! Et en même temps, mon grand-père, Frédy Senior (décédé en 2003, ndlr). A mes yeux, ces deux hommes étaient et sont l’incarnation même du cirque.

Un parfum d’enfanceLà encore, une double réponse me vient spontanément. Pour moi, les parfums de l’enfance sont ceux que portaient et portent encore mes parents.

Une image Mon père et mon grand-père en piste. Je me répète, je sais… Mais j’ai vraiment une admiration infinie pour eux.

Votre premier grand amourEh bien, puisque nous parlons d’enfance, je dirais… mon premier poney. J’avais environ 4 ans lorsque je l’ai reçu, et je l’aimais passionnément. Tout comme j’ai adoré mon chien, qui m’a suivie partout pendant des années. Je ne me suis intéressée aux garçons que bien plus tard!

Vos bonbons préférésLes chewing-gums, plutôt que les bonbons. Ceux à la cerise, par exemple, que j’aime toujours autant. J’ai d’ailleurs transmis ce goût à mes enfants. Eh oui, même si elle n’a que 3 ans, Chanel Marie s’y est mise, elle aussi! Et je tiens à préciser qu’elle a très bien compris qu’on ne doit pas les avaler…

Un livreLà, je ne pourrais pas citer de titre précis. Je lisais des ouvrages consacrés aux chevaux. Ou des biographies.

Un complimentC’est probablement une question de génération, mais mon grand-père n’était pas expansif. Il ne parlait pas de ses sentiments. En gros, tant que je n’avais pas de remarques, c’est que tout allait bien, que je donnais satisfaction. Alors quand il lui arrivait de me dire «Tu as bien travaillé!» cela me faisait plaisir et je le recevais comme un grand compliment...

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