famille
Ces machines qui ont changé la vie des femmes
En 1943, il y a septante ans tout juste, le premier mixer grand public faisait son apparition sur le marché suisse. L’ère de la mécanisation des tâches ménagères naissait...
Le bouleversement le plus important? Sans doute, l’arrivée du lave-linge qui libère les femmes d’un travail pénible et ingrat. Peu à peu, cocotte-minute, réfrigérateur, robot ménager, lave-vaisselle, micro-ondes font leur entrée dans la maison. Les fers à repasser modernes, à vapeur, remplacent les vieux modèles, soit déjà électriques, soit à chauffer sur le poêle. Les cuisinières à bois tirent leur révérence devant les fourneaux électriques puis devant le vitrocéram et l’induction. Aujourd’hui, les fours déclinent leurs raffinements avec une cuisson au degré près; l’induction devient piano où l’on peut égrener ses gammes avec une précision redoutable.
Que d’avancées en si peu de temps! On mesure le changement parcouru en consultant l’horaire des tâches de la femme au foyer des années 30 (voir p. 15). On aurait tort pourtant de considérer l’avènement et la fabrication de ces outils électroménagers comme la volonté de libérer la femme de ces corvées. Si les progrès technologiques lui ont ouvert des possibilités d’émancipation hors de la maison, ceux-ci ont avant tout été générés par le développement de l’industrie de l’armement... Eh oui, il a bien fallu que ces usines, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, se trouvent de nouveaux débouchés.
D’ailleurs, aujourd’hui, alors que le travail ménager est considérablement allégé par la technologie, le partage des tâches n’est pas encore une réalité acquise.
Après la corvée du lundi... Le lave-linge automatique
La plus grande révolution dans la vie des femmes si l’on en croit nos mères et grands-mères! S’il faut attendre les années 50 pour faire sa lessive dans des appareils entièrement automatiques, au début du XXe siècle, les premières machines fonctionnant au bois, au charbon ou au gaz, font leur apparition. Elles sont encore bien trop onéreuses pour bon nombre de familles qui utilisent une couleuse – marmite à double fond – pour laver leur linge une fois par semaine. Les draps sont blanchis deux fois l’an dans une grande cuve avec de l’eau bouillante, de la cendre et du savon. Les premières machines électriques datent des années vingt comme la Hurley Machine Co of Chicago. Avant la mécanisation, le blanchissage est la corvée du lundi... Même si plusieurs jours de travail sont nécessaires. Il faut trier, faire tremper le linge, transporter l’eau du puits à la cuisine, la faire bouillir dans de grandes marmites à double fond sur un potager à bois et frotter à main nue dans une eau très chaude additionnée de produits corrosifs. Une fois l’opération lavage terminée, on passe au rinçage avec un produit azurant puis à l’essorage à la main. Les lourdes bassines sont ensuite traînées à l’extérieur. Où l’on étend draps, serviettes et linge de corps sur les cordes.
Un siècle d’espoir
- 1907 Alva Fischer, ingénieur américain, met au point une machine dont le tambour n’est plus actionné à la main mais par un moteur électrique. C’est un échec. Le moteur n’est pas étanche et l’eau provoque des courts-circuits.
- 1937 L’Américain John Chamberlain crée la première machine capable de laver, rincer et essorer.
- 1950-1960 Les laveries automatiques se développent dans les grandes villes américaines.
- 1970 Le lave-linge se démocratise et fait son entrée dans les foyers.
Après le sel et le fumage... Le réfrigérateur
Jusqu’au milieu des années 50, c’est un objet de luxe que peu de familles peuvent s’offrir. Sa généralisation va entraîner des bouleversements dans nos habitudes alimentaires. Plus de produits frais et exotiques, moins de fumé et de salaisons. Avant l’ère industrielle, les animaux sont amenés vivants en ville et abattus. Les bouchers dépècent et vendent. A la campagne et à la montagne, les viandes sont saumurées et salées à des fins de conservation. En hiver, le problème de garde ne se pose pas, en été, la viande s’avarie rapidement. La glace permet de contrer ce danger, mais le produit n’est accessible qu’aux familles aisées.
Deux siècles d’essais
- 1755 L’Ecossais William Cullen effectue la première démonstration d’un processus de refroidissement artificiel. Il utilise de la vapeur d’eau sous «cloche à vide» et obtient un peu de glace.
- 1850 Le Français Edmond Carré invente une machine qui refroidit l’eau en la vaporisant. Il accélère la vaporisation en l’effectuant sous vide. Son appareil séduit les cafetiers parisiens qui l’utilisent pour givrer les carafes.
- 1876 Le physicien allemand Carl Von Linde fabrique la première machine frigorifique à compression, considérée comme l’ancêtre du frigo domestique.
- 1922 Invention en Suède d’un réfrigérateur à absorption de gaz. Et lancement sur le marché américain d’un frigo à compresseur: il est vendu 714 dollars alors qu’une Ford Model T coûtait à la même époque 450 dollars!
- 1927 Commercialisation aux Etats-Unis du Monitor-Top (photo ci-contre) par General Electric.
- 1939 Le premier réfrigérateur congélateur est mis sur le marché aux Etats-Unis.
- 1944 La société suisse Sibir met au point le réfrigérateur à absorption qui fonctionne sans moteur, sans bruit et sans vibrations.
- 1950-60 La production en masse de réfrigérateurs fait entrer l’armoire à glace dans les foyers.
Après la force du poignet... Le robot multifonctions
C’est à un commerçant suisse, cuisinier amateur que l’on doit la naissance de l’un des tout premiers robots multifonctions. Traugott Oertli s’est inspiré d’un mixer à cocktail pour dessiner le premier Turmix (photo), contraction de tourner et mixer. Ce robot a permis aux femmes de varier leurs menus et d’utiliser les restes en période de rationnement. Nous sommes en 1943. En 1944, le Turmix, produit en série, part à la conquête du monde avec son inventeur. Le succès est phénoménal. Traugott Oertli s’érige en chantre de l’alimentation saine: il sillonne l’Europe et l’Amérique entière pour montrer comment cuisiner de façon plus diététique grâce à son invention. A la fin des années 70, Turmix produit une soixantaine d’appareils électroménagers différents. La marque suisse exporte dans 51 pays. Aujourd’hui, les robots les plus perfectionnés permettent également de cuire sans surveillance à l’instar du Kenwood Cooking Chef et du Thermomix.
Après le bicarbonate de soude... Le lave-vaisselle
C’est une richissime Américaine, Josephine Garis Cochrane, qui serait à l’origine de l’invention du lave-vaisselle en 1880, bien qu’une première machine en bois à manivelle ait vu le jour outre-Atlantique en 1850. Lady Cochrane, qui recevait beaucoup, en avait assez de voir ses plus belles porcelaines ébréchées par ses domestiques. Elle prit les mesures de son service de table et conçut une machine adaptée… Alors que les lave-vaisselle importés d’Amérique, dont les modèles Thecna (photo ci-contre) sont déjà utilisés dans les hôtels, les hôpitaux et les pensionnats, ils n’entreront dans les ménages les plus aisés que dans les années soixante. Au début du siècle, le Larousse ménager enseigne encore à la femme au foyer la meilleure méthode pour nettoyer les couverts souillés:
«Le procédé traditionnel consiste à faire chauffer de l’eau dans une bassine en fer galvanisé. L’addition à cette eau d’un peu de carbonate de soude, outre qu’elle a une action antiseptique, facilite l’enlèvement des substances grasses. La bassine étant posée sur l’évier, on y plonge par parties la vaisselle et les couverts salis, qui auront subi un premier nettoyage pour bien les débarrasser des déchets des assiettes, et, de plus, qui auront été passés à l’eau froide, car certaines substances (les œufs par exemple) se coagulent à l’eau chaude. (…)»
Un siècle d’attente
- 1850 Première machine à laver la vaisselle, en bois, à manivelle inventée par Joel Houghton (USA).
- 1880 Invention de la machine à laver la vaisselle par Josephine Garis Cochran (USA).
- 1893 Exposition à la foire de Chicago (Josephine Garis Cochran reçoit un prix).
- 1912 Apparition du lave-vaisselle électrique.
- 1950 Introduction du lave-vaisselle dans les foyers américains.
La semaine de la femme au foyer
Tiré «De la Méthode ménagère» de Paulette Bernège, 2e édition, 1934.
La femme au foyer des années trente était bien occupée! En témoigne le tableau-horaire établi par Paulette Bernège. Adepte de la rationalisation, cette Française s’est inspirée du taylorisme. Elle préconise une autodiscipline stricte qui laisse peu de place à la fantaisie et aux loisirs.
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