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Non, vous n’êtes pas seules. Avec leur regard, leur écoute et leurs mots, c’est le message que veulent faire passer ces cinq femmes auprès de toutes les personnes touchées par le cancer du sein. Cinq femmes dont l’activité professionnelle ou l’engagement bénévole consiste à venir en aide aux malades à des moments variés de leur combat pour la vie. Comme des anges gardiens étonnamment proches.

Car si le cancer insinue parfois ses traits barbares dans les existences, les visages de celles qui lui livrent bataille, qui réussissent de plus en plus souvent à le vaincre et qui accompagnent ses victimes, respirent l’humanité même. Les points communs de ces cinq superhéroïnes? Une générosité carrément stratosphérique. Et une disponibilité de tous les instants.

Certaines débusquent le mal dans ces corps qui, une minute avant, suivaient encore simplement le fil de l’existence avec l’esprit léger. Puis poursuivent l’ennemi sans merci. D’autres font tout pour insuffler des couleurs dans un quotidien obscurci par les peurs et les douleurs. Il y a aussi toutes celles qui réparent, consolident, préservent ce qui a pu être mis en danger par la maladie. Un fragment de soi tout autant que les liens affectifs qui mènent à ceux qu’on aime.

Et de cet immense dévouement pour autrui, on ne peut que se réjouir. On en a tant besoin. En effet, le cancer, lui, continue de son côté d’imposer son spectre menaçant en dépit de progrès significatifs en termes de prévention et d’efficacité des traitements. Il concerne aujourd’hui une femme sur huit, s’avérant mortel dans 20% des cas. Fait récent, ce fléau tendrait même à frapper de plus en plus de jeunes.

L’espoir est néanmoins plus que jamais à l’ordre du jour. C’est l’esprit même de ce dossier: montrer que les artisanes du changement sont là. Armées de leur talent, de leur énergie et de leur sourire. Découvrez-les, lisez-les. Et n’oubliez pas de faire un don durant cet Octobre rose!

Marie-Christine Gailloud-Matthieu, chirurgien plastique

De la précision millimétrée au bout du scalpel. Une bonne dose de concentration. Du sang-froid à revendre. Mais pour cette ancienne cheffe de clinique au CHUV de Lausanne, désormais indépendante, une intervention, c’est d’abord une rencontre sur un pied d’égalité. «Il faut être humble dans ce métier. Ne pas prendre la patiente de haut, ni la laisser nous porter aux nues. Je fais en sorte de l’impliquer dans le processus du choix.» L’éblouissement, d’ailleurs, paraît bien avoir basculé de l’autre côté. «Opérer les personnes qui ont un cancer du sein est ce que je préfère. J’ai une admiration sans limites pour ces femmes d’une force extrême, qui trouvent les ressources pour rire malgré les douleurs et les nausées.» Aussi modeste soit-elle, Marie-Christine n’est pas sans mérite non plus. Dans son cabinet lausannois, elle œuvre pour reconstruire les seins abîmés à des degrés divers par la mastectomie. «Ce n’est jamais suffisant à mon goût, mais les nouvelles techniques, dont le lipofilling, sont de moins en moins contraignantes et de plus en plus satisfaisantes.» Consacrant déjà un tiers de son activité à la mammoplastie, elle a également créé une fondation pour les patientes souffrant d’un cancer du sein. Le but: recueillir l’argent provenant de la vente de pièces d’art contemporain pour aider les malades en détresse financière. «Ces arrêts prolongés d’activité provoquent souvent des situations précaires. Et voir ces mamans qui n’arrivaient plus à donner ce qu’elles offraient auparavant à leurs enfants m’a bouleversée.»

Monica Castiglione-Gertsch, oncologue

«Aujourd’hui, s’il y a un message à faire passer, c’est que la majorité des femmes à qui on diagnostique un cancer du sein sont guéries.» Elle sait trouver les mots qu’il faut, Monica, pour dégager des horizons. Peut-être parce que avec son magnétisme bienveillant et sa voix rassurante aucun obstacle ne semble infranchissable. «Des patientes m’appellent à 3 heures du matin pour entendre mes conseils. Donner mon numéro de portable à mes patientes est un peu ma faiblesse, mais j’assume! C’est important de montrer qu’on est intéressée par ce qu’elles ont à dire.» A 65 ans, cette oncologue et chercheuse de rang international officiant aux HUG compte rester fidèle à sa philosophie. Le fait d’être une femme? «Bien sûr ça facilite les confidences. On a une discussion d’égal à égal, où le médecin n’est pas mis sur un piédestal.» C’est d’ailleurs, à ses yeux, ce qu’il y a d’irremplaçable dans son métier: recueillir des histoires de vies. D’autant que «regarder ce qu’il y a derrière un visage, une allure, ça vaut toujours la peine». Reste que les annonces de mauvaises nouvelles sont toujours difficiles. Le début d’un combat, même si elle n’aime pas comparer ses patientes à des soldats. «J’essaie plutôt de leur présenter ça comme une chance pour rebondir. J’ai vu nombre de femmes réaliser leurs rêves après la guérison! Il faut éviter la vision d’un mur qui bloque tout, car si les probabilités d’aller mieux ne sont jamais de 100%, l’efficacité des traitements a beaucoup progressé depuis le début de ma carrière.»

Sheila Unger, généticienne

Venue du Canada, où elle est née, après un passage aux Etats-Unis – et à peine rentrée du Brésil lorsqu’on la rencontre – Sheila voyage avec la même aisance entre les continents et dans l’infiniment petit. Elle, la traqueuse d’ADN, a dans son viseur «BRCA1» et «BRCA2», gènes conditionnant à la fois l’apparition du cancer du sein et celui des ovaires. «Tout le monde possède ces gènes, mais lorsqu’une mutation est présente, les risques de maladie s’avèrent bien plus élevés.» Au CHUV, le rôle de cette spécialiste est donc de repérer ces modifications chez les patientes avant que le mal ne se déclare. «Certaines viennent sur recom mandation d’un médecin. D’autres s’inquiètent et prennent rendez-vous spontanément parce que des cas de cancer ont concerné plusieurs f emmes de leur famille.» En clair, il faut acquérir une vision à long terme. «Lorsqu’on soupçonne une prédisposition, une analyse du sang est lancée pour scruter d’éventuelles mutations des gènes. On fait tout pour avoir une évaluation réaliste des risques, sans créer de panique.» Pourtant, parfois, les résultats n’augurent rien de bon. Deux possibilités s’offrent alors: faire l’objet d’un programme de surveillance, ou «opter pour la chirurgie prophylactique». Autrement dit, une mastectomie. «Angelina Jolie a fait ce choix, très médiatisé, mais en Suisse une minorité de patientes font de même. Ce type de chirurgie importante ne doit pas être banalisé.» Et une troisième voie s’ouvre, prometteuse: celle des chimiothérapies ciblées pour les porteuses de ces gènes. «Ça me motive de pouvoir changer les choses pour la prochaine génération!»

Bénédicte Panes-Ruedin, infirmière référente

Alors qu’elle travaillait en oncologie ambulatoire, Bénédicte Panes avait été impressionnée par «l’immense respect» témoigné envers les personnes soignées. Une approche à forte teneur émotionnelle qu’elle a naturellement adoptée en arrivant au Centre du sein du CHUV, il y a six ans. «L’homologation d’une telle structure nécessitait la création d’un poste d’infirmière référente. J’ai alors apporté ma propre sensibilité.» Lors de ses entretiens, elle écoute. Beaucoup. Prodigue des conseils pour gérer vie de couple, activité professionnelle ou encore image corporelle déstabilisées par l’expérience de la maladie. Des sujets rarement abordés dans un couloir d’hôpital. «Pour moi, il s’agit d’amener ces femmes à trouver la meilleure solution plutôt que de leur donner une réponse toute faite.» En collaboration avec un collègue, Bénédicte a également monté des symposiums abordant les thèmes de la sexualité et de la fertilité face au cancer, afin de sensibiliser un plus large public à ces questions. Sa disponibilité et sa tendresse infinie font le reste!

Catherine Lance, esthéticienne

Huit ans, déjà, que Catherine anime des ateliers gratuits au CHUV de Lausanne, en tant que bénévole pour l’association Look Good Feel Better. Cette esthéticienne genevoise transmet son savoir-faire auprès de patientes «qui viennent quand elles le sentent». Objectif? Les guider pour chouchouter leur minois en douze étapes, quand les traitements ont souvent asséché la peau, souligné les cernes et fait perdre les sourcils. «J’essaie de leur apprendre les basiques, car avec quelques soins et un simple fond de teint on peut redécouvrir la joie de sortir sans attirer les regards. Elles peuvent ensuite perfectionner le maquillage à volonté.» Durant ces «moments magiques», Catherine laisse sa personnalité prendre les commandes, distribuant plaisanteries et bonne humeur. «Des patientes s’installent parfois avec les larmes aux yeux, mais à la fin de l’atelier le sourire est revenu sur tous les visages. Il n’est question ici que d’apparence et, pourtant c’est fondamental: on passe forcément devant un miroir au cours de la journée, et se voir avec un teint lumineux aide beaucoup sur le plan psychologique. C’est très gratifiant de leur redonner un peu le moral!» Et cela semble réciproque. «Les participantes sont souvent scotchées de voir que des gens prennent du temps pour elles sans rien attendre en retour. Or pour moi cette implication est une évidence.»

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