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Portrait inspirant

Bertille Laguet, la forge dans le sang

Bertille Laguet, la forgeronne de Chexbres

«En reprenant la forge, au début, j’avais peur. Qui avait encore envie d’acheter de la vieille ferronnerie? Et aujourd’hui, je suis encore toute surprise par l’intérêt», partage Bertille Laguet qui a découvert la forge par hasard, lors d'un apéritif.

© Corinne Sporrer

C’est qui?

Pousser la porte de la forge de Chexbres (VD), c’est retrouver l’image d’Epinal d’un métier ancestral. Il y a le feu d’abord, maître des lieux, même s’il se cache presque au fond de la pièce. Les symboles que sont l’enclume, le soufflet géant, le marteau. La suie aussi et ce joyeux bric-à-brac d’outils, d’objets inconnus, de pièces à moitié travaillées, à moitié brutes. Et il y a Bertille Laguet. Depuis un an, cette jeune femme, souriante et à mille lieues du cliché du forgeron, a repris ce lieu emblématique.

Sortie de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne, l’ECAL, en 2012, un diplôme en design industriel dans la poche, c’est un peu par hasard qu’elle découvre ce métier, lors d’une visite à une sellerie du village pour un tout autre projet. C’était en novembre 2015, il y avait apéro à la forge. Intriguée, elle a posé des questions, puis a commencé à venir voir l’ancien maître des lieux travailler le métal. Entre-temps, elle a décroché une bourse de la fondation Leenaards, qui lui a permis de se consacrer entièrement à cette formation – une passation de pouvoir plutôt, car il n’existe pas de formation officielle – durant une année. «En reprenant la forge, au début, j’avais peur. Qui avait encore envie d’acheter de la vieille ferronnerie? Et aujourd’hui, je suis encore toute surprise par l’intérêt.»

Pourquoi on en parle?

Entre des projets menés en collaboration avec des artistes, des travaux pour des vignerons, des commerçants, des restaurateurs, des privés, son carnet de commandes est gentiment plein. Normal qu’elle suscite un tel engouement. Elle a notamment décroché le deuxième prix pour la relève des métiers d’arts, sans oublier un Swiss Design Award, il y a quelques années.

«J’aime toutes les étapes de la création, mais je pense qu’avant tout, c’est la rencontre avec le client. Rentrer dans l’univers de quelqu’un, cela me passionne, comprendre qui j’ai en face de moi et façonner une pièce qui va lui correspondre, à lui et à personne d’autre, avec laquelle il aura du plaisir à vivre.»

Elle a encore des étincelles dans les yeux quand elle raconte le bonheur de ce jeune homme, établi à Zurich, quand il découvre le lit à baldaquin qu’elle a créé pour lui.

De quoi rêve-t-elle pour la suite?

Elle qui n’y connaissait pas grand-chose a dû faire sa place. Prouver sa légitimité. Auprès de son prédécesseur d’abord, des clients historiques, de la corporation.

«C’est un métier solitaire, c’est en tout cas comme ça que je le vis. Je fais des collaborations, je rencontre des clients, mais je ressens de plus en plus ce besoin de concentration, ce chemin intérieur. Quand le feu est allumé, il n’y a pas de place pour autre chose. Je suis quelqu’un d’hyper-social, mais j’ai découvert la solitude.»

Curieuse, elle se réjouit de la suite, sans plans de carrière. «Il y a cinq ans, je ne savais pas que je serai là, alors dans cinq ans, qui sait? J’aimerais travailler avec des cuisiniers, je trouverais sympa d’organiser des rencontres ici, de cuisiner sur la forge, voire de fabriquer les objets dans lesquels on pourrait manger!»

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