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«Michelle je t’aime, je ne t’ai jamais autant aimée qu’aujourd’hui.» Qui aux Etats-Unis s’offusquerait de la déclaration d’amour de Barack Obama à sa première dame de cœur et son atout politique? Personne. Michelle Obama est indissociable de la figure présidentielle et sa cote de popularité bat de loin celle de son mari, pour qui elle a fait campagne, aussi bien en solo qu’avec lui. Formidable! Les Américains aiment le glamour et les experts en marketing savent bien que le couple et la famille constituent la clé du succès politique.

Et en Suisse? Imaginez, le 4 décembre 2012,Ueli Maurer, élu président de la Confédération, monter à la tribune de l’Assemblée fédérale avec son épouse et ses six enfants pour se répandre en effusions. Impensable. D’abord c’est qui Madame Maurer? On ne saurait même pas lui prêter un visage, ni un prénom. Comme d’ailleurs la plupart des conjoint(e)s ou partenaires des élus au Conseil fédéral et aux exécutifs cantonaux. Nous n’avons ni consort, ni première dame qui fasse la une des médias.

Une sphère privée très épargnée

C’est que le système fédéral est peu compatible avec la personnalisation du pouvoir et la culture politique helvétique allergique à la «peopolisation». Lorsque Laurent Kurth brigue le Conseil d’Etat Neuchâtelois, il se fait filmer dans la campagne, avec son vélo mais sans sa compagne. Que les candidats soient célibataires divorcés, qu’ils vivent mariés ou en concubinage, tout le monde s’en fiche. On ne leur pose même pas la question, parce que ce n’est pas un critère de choix pour les électeurs.

«En Suisse, on élit une personne, pas un couple, affirme en connaisseuse Micheline Calmy-Rey. La vie privée n’est pas un argument de campagne. Elle est clairement séparée du mandat politique. Chaque conjoint a généralement ses propres activités et ne se mêle pas des affaires de l’autre. C’est une façon de préserver sa liberté». La fonction présidentielle étant par ailleurs purement honorifique, rares sont les volontaires au rôle de potiche ou de figurant. «L’affaire Trierweiler n’aurait jamais pu se produire en Suisse, poursuit l’ancienne conseillère fédérale, et c’est très c’est bien ainsi».

Vie publique, vie privée. Dans notre pays, la mayonnaise prend rarement quand on mélange les deux. Voyez Silvia Blocher. Eminence grise et supercoach de son mari, elle a cru pouvoir se présenter comme son associée politique. Mais à trop en faire dans – et contre – la presse, elle a fini par provoquer davantage d’irritation que d’adhésion. Idem pour Marie-Ange Brélaz, l’incontournable épouse du syndic de Lausanne. En médiatisant à outrance les rondeurs de son couple, elle a fait perdre à son mari un peu de son poids politique.

Quid aussi des inséparables Didier et Fridrun Sabine Burkhalter? A tous les dîners, à toutes les cérémonies, dans tous les voyages officiels, on les voit, main dans la main, chevillés l’un à l’autre, sans aucune velléité de se mettre en scène. Cette candide démonstration d’amour conjugal fait jaser la Berne fédérale. Certains l’interprètent comme un aveu de faiblesse, une dépendance affective de notre ministre des Affaires étrangères. Du coup, l’image attendrissante du couple sage et uni prête à sourire, quand elle ne s’inscrit pas en négatif dans la presse. Fait-elle au moins rêver les citoyens? Rien n’est moins sûr.

«Contrairement à nous, les Américains, vivent en partie de mythes», constate Philippe Leuba qui suivit la campagne électorale, en immersion, pour la RTS. La réussite personnelle, financière ou familiale, le fait d’être un époux ou une épouse fidèle, tout cela pèse dans la crédibilité et l’honorabilité d’un candidat. Ce sont des valeurs qui comptent beaucoup pour le citoyen américain.» Est-ce à dire qu’en Suisse ces valeurs paraissent dépassées? «En Europe, estime le conseiller d’Etat vaudois, on est sans doute moins hypocrite vis-à-vis de la conduite de la vie privée. Disons que nous sommes moins idéalistes et plus réalistes sur ce qu’est la nature humaine».

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