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Bon nombre d’Helvètes semblent encore croire que les génériques sont moins sûrs que les originaux. Qu’en est-il vraiment? Le point avec trois professionnels de la santé.

Cela fait des dizaines d’années que je prends un anti-inflammatoire parce que je souffre de rhumatismes», confie Claudia, 50 ans. «Quand mon médecin m’a proposé de le remplacer par un générique, j’ai tout de suite dit oui, car je suis acquise à l’idée de contribuer à réduire les coûts de la santé. L’ennui, c’est que ce médicament m’a causé des maux d’estomac, alors que je n’en avais jamais eu auparavant. Et dès que j’ai repris mon remède habituel, je n’ai plus eu de problèmes.»

Comment est-ce possible, alors que le principe actif est le même dans les deux cas? Effectivement, la molécule est identique. Mais ce qui diffère, par rapport au produit original, ce sont les excipients. Il s’agit des composants qui donnent au médicament sa consistance, son goût, sa couleur et son apparence finale. Ils permettent de fabriquer le même médicament sous des formes différentes: gouttes, comprimés effervescents ou à avaler, sirops, gélules ou suppositoires. Une telle gamme implique nécessairement l’utilisation de nombreuses substances. Voilà pourquoi, même si l’efficacité du principe actif est prouvée et contrôlée rigoureusement, la survenue d’une intolérance ne peut être exclue; elle nécessite alors de changer de générique ou de revenir au médicament original. De tels cas sont plutôt rares, mais contribuent à ancrer chez certaines personnes l’idée fausse que les génériques sont forcément moins sûrs, moins efficaces, ou de moins bonne qualité.

Pour le prof. Pascal Bonnabry, pharmacien-chef des Hôpitaux Universitaires Genevois (HUG), une telle méfiance n’est pas justifiée: «La présence de lactose dans l’excipient peut poser un problème à une personne intolérante au lactose. Celle d’un colorant risque éventuellement de provoquer des allergies. Mais des réactions individuelles chez les personnes particulièrement sensibles peuvent se produire aussi bien avec le médicament d’origine qu’avec le générique. D’ailleurs, certains patients supportent mieux le générique que l’original. Ces petites variabilités ne modifient en rien l’efficacité des deux médicaments».

L’original payé au prix fort

A l’Hôpital, le générique est systématiquement donné aux patients, sauf dans des cas exceptionnels; par exemple pour des patients transplantés chez lesquels on évite de changer le médicament antirejet, car la moindre variation de substance risquerait de modifier le délicat équilibre instauré entre les divers médicaments prescrits.

Les pharmaciens des officines sont également attentifs aux cas particuliers. «La vente de génériques est un bon moyen d’essayer de maîtriser les coûts de la santé», déclare Anne-Christine Rey, pharmacienne responsable de la Pharmacie de Chailly à Lausanne. «Cependant il ne faut pas changer pour changer. Il peut être préférable, par exemple, de poursuivre la médication d’une personne âgée dont l’état de santé est bien stabilisé grâce au médicament qu’elle prend depuis des années. Pour les situations particulières, il existe des génériques vendus par le même fabricant qui a élaboré le médicament d’origine; ce sont des produits strictement identiques.»

Médecin généraliste à Lausanne, le Dr. Eva Boss regrette que l’industrie pharmaceutique n’ait pas baissé rapidement les prix de ses médicaments au lieu d’attendre le développement du marché parallèle pour réagir. «Avec les génériques, notamment les anti-inflammatoires et les antibiotiques, je constate parfois des intolérances au niveau gastrique. Ce sont alors les patients eux-mêmes qui remarquent la différence et réclament le médicament original».

Certaines personnes refusent le générique, même s’il a été prescrit explicitement par le médecin. «Dans ce cas, remarque Anne-Christine Rey, il faut tenir compte de l’aspect psychologique. Il est important que le client soit convaincu de l’efficacité du médicament, sinon il aura tendance à se sentir moins bien ou à ne pas respecter la posologie. Si un patient insiste pour obtenir le médicament de base et que celui-ci coûte beaucoup plus cher que le générique, nous le lui délivrons, mais il doit savoir que la caisse maladie peut le contraindre à prendre en charge une partie de la différence. Nous avons le devoir de l’informer de ce que cela lui coûtera.»

Ne pas confondre générique et contrefaçon

Le laboratoire pharmaceutique qui fait breveter une molécule en a l’exclusivité pendant 20 ans. Ensuite, le médicament tombe dans le domaine public et peut être copié: c’est la porte ouverte aux génériques. Ceux-ci coûtent forcément moins cher, puisque les frais de recherche et de développement ont été assumés par le laboratoire d’origine. Pour ne pas se faire ravir un marché en pleine expansion, les grandes sociétés pharmaceutiques se sont mises à fabriquer leurs propres génériques, et même à réduire de façon spectaculaire le prix de vente du médicament de base – au point que celui-ci coûte parfois moins cher que son clone…

Mais attention à ne pas confondre les génériques, qui sont strictement contrôlés, avec les copies douteuses vendues sur Internet à des prix qui défient toute concurrence, dont on ignore la provenance, et qui peuvent s’avérer dangereuses pour la santé. A éviter. «Sur Internet, précise le prof. Pascal Bonnabry, 50% des médicaments sont des contrefaçons. Ils ne sont pas de même qualité que ceux vendus en pharmacie. On ne peut se fier ni à la composition des produits ni à l’origine des matières premières ni à la qualité de la fabrication. Le risque de toxicité est donc réel.»

1 médicament de base, 3 génériques, 4 x la même moécule

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