La chirurgie esthétique nuit à la sexualité

Des nouveaux seins pour booster sa vie sexuelle? Ou une liposuccion pour réveiller les ardeurs de son partenaire? A en croire un sondage mené en 2006 aux Etats-Unis, la chirurgie esthétique ferait des miracles sur la sexualité des femmes qui s’y soumettent. Ainsi, 81% des patientes s’étant fait poser des prothèses mammaires seraient plus satisfaites de leur sexualité après l’intervention qu’avant. Des chiffres presque trop beaux pour être vrais. Car on ne se sent pas forcément mieux dans sa peau après être passée dans les mains, aussi expertes soient-elles, d’un chirurgien esthétique. Une opération destinée à se libérer d’un complexe en crée parfois un autre.

Le désir du partenaire diminue

Sexologue à Genève, Juliette Buffat a constaté à plusieurs reprises cet effet négatif de la chirurgie plastique sur la vie sexuelle de ses patientes. «Elles se plaignent d’avoir mal cicatrisé – il est vrai que sur les seins, ce n’est pas l’affaire de quinze jours – ou d’avoir des parties de leurs corps toutes flasques, explique le médecin. Ces femmes remarquent que le désir de leur partenaire diminue après l’opération. Ou, s’il les sollicite sexuellement, elles ont l’impression que c’est juste pour leur physique et cela non plus, ne leur convient pas.» Sans compter qu’une intervention chirurgicale, en particulier sur les seins, modifie la sensibilité: «Les caresses deviennent alors indésirables.» Parfois de manière définitive.

Sept ans après avoir subi une réduction mammaire et une liposuccion du ventre, Elena, 42 ans, ne se résout toujours pas à montrer sa poitrine à un partenaire. Même dans le feu de l’action. Quant à la peau du ventre, distendue par une succession de régimes, elle plisse. «Même après tout ce temps, on voit clairement une ligne verticale qui descend du mamelon. En plus, lorsque je lève les bras, le sein se déforme. Ça fait vraiment blessure de guerre! Et sur le ventre, à la place des bourrelets, j’ai désormais des plis. J’ai peur qu’en voyant ça, un homme ne soit dégoûté. Du coup, je fuis les douches coquines et l’amour en pleine lumière. C’est fou, je me suis fait opérer pour avoir un plus joli corps, mais je me rends compte que lorsque je suis nue, c’est pire qu’avant.»

Tenir compte de l’autre

«Ce qui me frappe le plus dans les témoignages sur le sujet, c’est que souvent, les hommes considèrent que l’opération n’est pas nécessaire, poursuit le Dr Juliette Buffat. Je les entends parler de peloter de la silicone avec un certain dégoût, voire du mépris. Ils disent aimer la poitrine de leur compagne telle qu’elle est: grosse, petite ou affaissée. Mais la femme, souvent, ne suit pas cet avis, comme si elle mettait en doute sa sincérité. Elle insiste et ensuite, le couple va moins bien. Au bout du compte, tout le monde est déçu.»D’où l’importance de bien prendre le temps de la réflexion avant de passer sous le bistouri: «Un homme qui regarde les femmes à grosse poitrine dans la rue n’a pas forcément envie d’avoir, dans son lit, une femme avec des faux seins.» S’il vous affirme que votre corps lui plaît, ce n’est donc pas qu’il n’en pense pas moins. C’est que c’est vrai.