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Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Aline, 52 ans, n’a jamais eu de fièvre: «Enfant, lorsque je disais à ma mère que j’étais malade, elle me prenait la température, constatait que je n’avais pas plus de 37° C et tranchait: «Tu n’as pas de fièvre, tu vas à l’école.» Je devais donc aller en classe, même si je me sentais mal. Je n’ai pas fait de fièvre non plus quand j’ai eu la rougeole et la varicelle, alors que mes sœurs, elles, avaient régulièrement des fièvres de cheval. La seule fois où j’ai eu 37,6° C, j’ai déliré. Ma mère a infléchi sa position lorsqu’un médecin lui a expliqué que chez certaines personnes, la température corporelle ne s’élève pas, même lorsqu’elles sont vraiment malades.»

Mais même si le thermomètre ne détecte pas d’élévation de température chez elle, Aline sait quand quelque chose ne va pas: «En fait, je suis fiévreuse sans «chauffer», dit-elle. J’ai des frissons, des courbatures, je suis patraque. Mon médecin généraliste pense que je ne fais pas de fièvre parce que mon organisme ne se bat pas correctement. C’est vrai que j’ai tendance aux surinfections, j’ai donc dû prendre beaucoup d’antibiotiques dans ma vie.»

Aline est-elle une exception? Ou les personnes dans son cas sont-elles bien plus nombreuses qu’on l’imagine? «A vrai dire, nous n’en savons rien, explique Thierry Calandra, chef du service des maladies infectieuses au CHUV. De nombreux médecins rapportent, çà et là, avoir affaire à des patients qui n’ont jamais de fièvre en cas d’infection. Mais cela n’est pas répertorié. Faute d’études, on ignore donc quel pourcentage de la population ils représentent.»

Le spécialiste précise toutefois que même si la médecine fixe typiquement le seuil de la fièvre à 38º C, la réalité est plus diverse: «De la même façon qu’elles n’ont pas toutes la même taille, les personnes en bonne santé n’ont pas toutes la même température corporelle de base. Chez certaines, elle peut être inférieure à 37° C à n’importe quel moment de la journée, alors que d’autres peuvent avoir 37,8° C en fin de journée. Or, un individu dont la température basale est basse a probablement déjà de la fièvre en dessous de 38° C.»

Point de «chauffe» variable

Nous ne sommes donc pas tous fiévreux à partir du même score. Par ailleurs, il faut savoir que l’élévation de la température caractéristique de la fièvre constitue la dernière étape d’un processus immunitaire et inflammatoire, que notre organisme déclenche pour se défendre contre un virus ou une bactérie.

Ce processus commence au moment où les macrophages, ces cellules chargées de la défense de notre organisme, identifient l’intrus et entreprennent de le phagocyter. Lors de ce travail, les macrophages produisent des molécules d’alarme, appelées cytokines, qui ont la propriété de stimuler l’hypothalamus, une petite région située au cœur de notre cerveau et impliquée notamment dans la régulation de la température corporelle. L’hypothalamus sécrète alors une hormone appelée prostaglandine, qui va déclencher la fièvre, signe de la réponse inflammatoire induite pour se débarrasser de l’infection. Dans le même temps, l’hypothalamus, qui règle aussi notre température corporelle, élève le point d’équilibre thermique et nous «chauffons». En d’autres termes, la fièvre est le symptôme de la réponse de notre organisme à un signal de danger, qu’il s’agisse d’un traumatisme ou d’une infection.

Mais alors, que se passe-t-il chez les personnes dont la température corporelle ne s’élève pas en cas d’infection? «Leur organisme présente peut-être un déficit sélectif de production de cytokines, ce qui peut entraîner un déficit de l’inflammation, avance Thierry Calandra. Mais leur organisme combat probablement l’infection d’une autre manière. En effet, les cytokines qui induisent la fièvre ne sont pas les seules molécules capables d’identifier les agents pathogènes, car notre organisme est heureusement doté de mécanismes de défense redondants. Chez les gens qui n’ont pas de fièvre, d’autres molécules prennent le relais.»

Reste que les personnes qui ne font pas de fièvre ne peuvent pas utiliser le thermomètre comme signal d’alarme, même si leur organisme a les moyens de lutter. Elles doivent donc se passer d’un précieux indice, car si la fièvre est dans la plupart des cas le symptôme d’une infection bénigne, elle peut aussi être celui d’une maladie grave.

A quoi doivent donc être attentives les personnes qui n’en ont jamais? «Etre attentives à tous les autres signaux d’alarmes typiques de la réponse inflammatoire, et si ces derniers surviennent, consulter sans attendre, insiste Thierry Calandra. Ces symptômes, ce sont des frissons, un malaise, une baisse de l’état général, et des douleurs articulaires ou musculaires.»

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