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Hypnose: et si on entrait dans la transe...

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© DR

Un cockpit doté d’un tableau de bord à la pointe de la technologie, voilà un environnement plutôt improbable pour promouvoir la pratique de l’hypnose. C’est pourtant celui choisi, l’an dernier, par Bertrand Piccard, tête bardée de capteurs et masque à oxygène sur le visage. C’était au cours de la simulation du vol de 72 heures non-stop autour de la Terre qu’il devrait accomplir aux commandes de son avion solaire en 2015. Pendant ce test au long cours, l’aéronaute et médecin psychiatre vaudois a consacré une demi-heure à répondre aux questions d’internautes sur le choix de recourir à cet état de conscience modifié pour rendre ses périodes de repos les plus efficaces possible. «Je ne me suis jamais senti aussi bien avec aussi peu de sommeil», a-t-il lancé, enthousiaste, avant d’encourager ses interlocuteurs à suivre son exemple. «Allez-y! Informez-vous, lisez… L’hypnose, tout le monde peut l’apprendre. Et cela permet d’utiliser au mieux l’intégralité de ses ressources intérieures.»

Un homme fasciné par le futur qui prône l’hypnose? Ou, pour l’appeler autrement: une entrée en transe. «Pour beaucoup de gens, le mot «transe» évoque le vaudou ou la sorcellerie, sourit le Dr Alain Forster, l’un des premiers à avoir introduit cette pratique dans les hôpitaux romands. Alors que c’est un état naturel dans lequel notre cerveau se plonge spontanément et brièvement tous les jours sans que nous en soyons conscients. Toutes les cultures connaissent ça depuis toujours.» Faire de l’hypnose, consiste donc simplement à enclencher volontairement ce processus, qui va modifier nos perceptions, stimuler notre imaginaire. Et nous permettre de changer notre point de vue et nos habitudes mentales quand ceux-ci nous bloquent ou nous font souffrir. Physiquement ou psychologiquement.

Malgré son nom (tiré du mot grec signifiant «sommeil»), l’hypnose n’a rien à voir avec un roupillon. «Il s’agit au contraire d’hyperconcentration, d’hypervigilance», explique l’ancien chef de service adjoint en anesthésiologie des HUG. Un outil intérieur que chacun peut ensuite mettre au se r vice d’objectifs aussi divers que diminuer > > une sensation de douleur, se débarrasser d’une phobie ou gagner une compétition. Le phénomène n’est pas encore totalement expliqué, mais l’imagerie médicale en a apporté des preuves incontestables.

Toujours plus de pratiquants

En Suisse, nombre de personnes partagent déjà l’enthousiasme de Bertrand Piccard. Un signe qui ne trompe pas: les techniques d’autohypnose sont au programme de l’Ecole-club Migros depuis 2007. Actuellement, deux cours sont organisés chaque année. Quant aux libraires, ils ont placé l’an dernier une vingtaine d’ouvrages supplémentaires dans leurs rayons. «L’intérêt du public ne se dément pas, il est même en légère hausse», constate-t-on chez Payot. Sans parler du nombre incroyable de sites spécialisés, sur internet.

Les professionnels de la santé ont été à l’avant-garde: à Collombey, dans le Chablais valaisan, l’Institut Romand d’Hypnose Suisse (IRHYS), dont Alain Forster est l’un des fondateurs, fête son dizième anniversaire cette année. «Au début, nous formions une vingtaine de personnes par an, se souvient sa directrice, la psychologue Alexandra Mella. Cette rentrée, avec quarante-cinq inscrits, nous avons dû dédoubler nos cours.» Parmi les étudiants de l’IRHYS, on compte des dentistes, des médecins spécialisés de nombreuses disciplines, des psychologues, des paramédicaux (infirmiers, physiothérapeutes, sages-femmes), des enseignants, des assistants sociaux… But de cet apprentissage d’une durée de deux ans qui sera bientôt dispensé également au Tessin: acquérir un outil que les diplômés de l’IRHYS pourront utiliser dans leur pratique professionnelle. Avec la participation de ceux qui les consultent. Impossible en effet d’hypnotiser quelqu’un qui s’y refuse. «On est dans la coconstruction, explique le Dr Forster. La confiance, l’entente et la relation sont essentielles.» Le psychiatre Michael Scheckter, membre du comité de la Société médicale suisse d’hypnose, parle quant à lui «d’une véritable alliance thérapeutique dans laquelle c’est le patient qui va agir. Au terme d’un traitement, le plus beau compliment, pour moi, c’est quand la personne me remercie de l’avoir accompagnée.» D’où l’importance de bien choisir celui ou celle avec qui entreprendre ce voyage personnel. Qui sera plus ou moins long suivant le but que l’on s’est fixé. Ne plus ressentir une peur panique du dentiste est généralement l’affaire de quelques séances, surmonter un traumatisme est un travail de plus longue durée.

En solo, c’est possible?

Se lancer dans une exploration en solitaire avec un livre ou un CD pour seule boussole: est-ce dangereux? Non, répondent les spécialistes que nous avons interrogés. «Dans certaines situations, des gens pratiquent même l’hypnose instinctivement», déclare Marie-Claude Guinand, une physiothérapeute diplômée de l’IRHYS. Elle met toutefois en garde les personnes en période de grande fragilité psychologique, pour lesquelles un accompagnement professionnel est recommandé. Reste que faire (au moins) ses premiers pas intérieurs en bonne compagnie est souvent plus efficace. «Le phénomène de la transe est très facile à déclencher, souligne le Dr Alain Forster. Mais après, qu’est-ce qu’on en fait? En hypnose, l’approche doit être très personnalisée. Appliquer des recettes standard, ça ne marche pas.» Raison pour laquelle un bon hypnothérapeute prendra le temps de s’entretenir avec vous, afin de bien vous connaître, avant de passer à la pratique. Mais, une fois que vous savez agir sur vos perceptions dans un but précis, à vous les commandes en solo. Attention toutefois à ne pas trop attendre de l’hypnose. Si vous vous cassez la jambe à ski, cette technique pourra certes vous aider à mieux supporter la douleur... mais elle ne remettra pas vos os en place!

Entretien avec Bertrand Piccard (en anglais): www.solarimpulse.com

Site de l’IRHYS: www.irhys.ch/ Vous y trouverez notamment les dates des cours publics d’introduction à l’autohypnose en 2014 (Genève, Lausanne, Fribourg, Martigny).

Autohypnose, Femina a expérimenté

Chaque mois, dans plusieurs villes de Suisse romande, des séances en petit groupe sont organisées. Récit.

Une pièce douillette dans une maison sur les hauts de Lausanne, en cette soirée pluvieuse de janvier… Cinq personnes d’âges variés, trois femmes et deux hommes, s’y sont réunis pour échanger leurs expériences d’autohypnose et pratiquer ensemble. Tous ont déjà suivi un week-end d’initiation. Ce sont les maux de dos, l’insomnie, la préparation à une opération douloureuse ou les migraines résistantes qui ont conduit la plupart d’entre eux à tenter cette démarche. De leur propre chef ou sur les conseils d’un médecin. Quelques-uns sont là par recherche d’un bien-être. Ainsi de cette jeune femme: «J’aime beaucoup ces sensations, cela peut être tellement joyeux!» Tous ont accepté volontiers ma présence. A la condition que j’y participe pleinement. Je prends donc place dans leur cercle, un peu inquiète tout de même: «Et si je n’y arrivais pas?» Heureusement Françoise (prénom d’emprunt), notre hôtesse, praticienne en hypnose diplômée de l’IRHYS, nous rappelle lors d’un préambule que l’état de transe est tout ce qu’il y a de plus naturel.

Premier exercice: fermer les yeux, palper un minicoussin délicieusement tiède rempli de graines, le déposer sur tel ou tel endroit de son corps et y porter son attention. Je retrouve des sensations proches de celles de la relaxation ou de la méditation. Agréable, mais rien de plus. Alors, quand on «débriefe» et que ma jeune voisine de gauche raconte qu’elle vient de se rouler dans du sable, que c’était si bon et qu’il y avait du soleil, je suis carrément jalouse.

Deuxième plongée: cette fois-ci, guidés par la voix rassurante de Françoise, nous allons tenter de «décortiquer» une douleur. Ça tombe bien, j’ai justement une forte tension entre les omoplates. Tiens, tiens… Une forme ronde se «dessine» là où la douleur est la plus forte, elle se met à alterner avec un rectangle et, soudain, m’apparaît une colonne vertébrale métallique qu’une sorte de clé à mollette resserre. Moi qui espérais des visions psychédéliques, je déchante. Quant à cette clé, c’est sûr, elle va me faire souffrir davantage. On émerge et, stupeur… je n’ai plus mal!

Après une petite pause, c’est donc avec appétit – vu l’heure, mon estomac commence à gargouiller – que je m’apprête à suivre la suggestion de Françoise: imaginer un festin, une table pleine de plats tentants… Rien, je ne «vois» rien du tout. Et si je pensais à ce que j’aime manger? Bingo, des spaghettis à la ricotta fraîche s’offrent à moi. J’en sens la texture dans ma bouche, savoure le contraste entre la sauce tomate chaude et la fraîcheur du fromage, l’arôme du basilic… J’en salive littéralement!

Une soirée vraiment particulière, qui me laissera à la fois détendue et pleine d’énergie.

Des peurs infondées

Même si l’hypnose a désormais ses entrées dans les cabinets médicaux et les hôpitaux, elle suscite encore certaines craintes.

Risque de manipulation Toutes les études et les praticiens sérieux l’affirment: il est impossible de forcer quelqu’un sous hypnose à faire ou penser quelque chose contre son gré. Le cerveau n’est pas anesthésié, il «carbure» au contraire à plein régime. Lors des séances, l’hypnothérapeute suggère des images, des situations… A nous de les suivre si elles nous parlent ou d’en élaborer d’autres qui nous conviennent mieux.

Impossibilité de revenir à l’état d’éveil, surtout quand on pratique l’autohypnose. L’idée de rester scotchée dans un état second n’est, en effet, pas très rassurante. Pas de panique, il y a une astuce: se faire «réveiller» en douceur après 15 à 20 minutes. Soit par son portable ou son réveil (éviter les sonneries stridentes), soit par quelqu’un qui vous ramènera gentiment à la surface en vous touchant ou en vous parlant tranquillement. Ce qui peut poser problème quand on pratique seule, c’est de réussir à atteindre la transe hypnotique et, surtout, d’y rester suffisamment longtemps.

L’hypnose involontaire

  • Un état hypnotique c’est aussi, par exemple, quand:
  • on est tellement absorbée par sa lecture qu’on en rate son arrêt de bus;
  • on est à ce point captivé par le spectacle auquel on assiste que l’on ne remarque plus rien d’autre;
  • on contemple des vagues régulières sur un rivage et que leur rythme nous absorbe complètement;
  • on conduit ou on marche en pilotage automatique au fil d’un parcours familier. Et s'aperçoit soudain être arrivé à destination, sans avoir eu conscience ni du trajet parcouru ni de sa durée;
  • on est «dans la lune»;
  • … Et pour vous?

Un outil multiusage

Alliée antidouleur Elle permet de diminuer ou de zapper des maux aigus ou chroniques (rhumatismes, maux de dos, cancers, migraines…). A prouvé son utilité sur le fauteuil du dentiste (extraction de dents de sagesse, anxiété), lors de petites interventions (dermatologie, chirurgie plastique, chirurgie de l’œil) et, bien sûr, pour les accouchements. Très utile aussi en cas d’examens médicaux pénibles (estomac, colon, poumons).

Soutien en cas de peur, de panique Souvent conseillée pour les phobies (avion, ascenseur, foule, animaux…). Permet aux claustrophobes de passer des examens médicaux dans des espaces confinés (IRM). Anxiété, timidité excessive, manque de confiance en soi.

Aide en cas de dépendance Au tabac par exemple, ou lors de troubles du comportement alimentaire.

Auxiliaire pour une meilleure qualité de vie et de santé Pour diminuer le stress, obtenir un meilleur sommeil… On y recourt aussi pour certains troubles sexuels.

Booster les capacités d’apprentissage et les performances professionnelles. De nombreux artistes, sportifs de haut niveau et responsables d’entreprise font appel à cette technique.

Partenaire de développement personnel Pour découvrir son être profond, entrer en contact avec des ressources insoupçonnées et apprendre à y puiser. Pour se défaire de certains automatismes, évoluer ou, tout simplement, apprendre à se sentir bien avec soi.

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