Haut les masques!

On connaissait le parc à thèmes, voici le bordel à thèmes: une maison close dévolue à la SF. L’Alien Cathouse ouvrira bientôt ses portes à quelque 150 km de Las Vegas. Non loin de la célèbre «zone 51» où l’armée américaine aurait entreposé des vaisseaux martiens et leurs occupants. Promesses de déco intergalactique et de prostituées déguisées en extraterrestres. De quoi permettre aux fans de StarTrek et Star Wars de réaliser leurs fantasmes. Quel nerd n’a pas rêvé de la princesse Leia en bikini sexy, prisonnière de Jabba Le Hut? Ou, pour les plus âgés, de Barbarella en bottines de cuir?

Si ce projet peut sembler saugrenu, reste que se déguiser pour pimenter sa sexualité n’a rien d’exceptionnel. Un sondage publié en 2010 dans le tabloïd anglais The Sun révélait que quatre femmes sur cinq aimaient se travestir pour nourrir l’imaginaire sexuel de leur partenaire. La tenue la plus populaire? Celle de soubrette. Pas moins de 42%des sondées en avaient déjà porté une. Venaient ensuite la blouse d’infirmière, choisie par un quart des femmes interrogées, et l’uniforme de policière plébiscité par 16%d’entre elles. L’enquête sur la sexualité des Français, publiée en 2009 par le Nouvel Obs, donnait des résultats similaires: 48%des sondés – tous sexes confondus – s’étaient déjà déguisés dans le cadre d’un jeu de rôle sexuel ou se disaient prêts à tenter l’expérience.

Ecolière, infirmière, hôtesse de l’air ou maîtresse d’école: sur Internet, d’innombrables sites vendent des costumes érotiques féminins. Les tenues sexy pour messieurs sont plus rares, et pour cause: ce sont surtout les hommes qui ont envie de voir leur partenaire déguisée. «L’homme est très visuel, et sans doute plus joueur que la femme dans sa sexualité, explique Patricia Anex, sexologue à Orbe (VD).Dans les sex-shops, on trouve même des spéculums pour ceux qui veulent jouer au gynécologue. Ce serait la nouvelle tendance.»

Dans ces jeux sexuels, la femme ne serait-elle donc qu’un objet de désir? Non, précise la spécialiste: «Voir l’excitation dans le regard de son compagnon aide à nourrir son propre désir. Par ailleurs, le fait de prétendre être une autre peut avoir un effet désinhibiteur. Pour les femmes qui n’aiment pas leur corps, le déguisement est une aide.» «Cela vous apprend à laisser l’autre vous regarder», confirme Rachel, 26 ans, qui se déguise occasionnellement pour son compagnon. «Quand mon copain me l’a proposé, j’étais un peu réticente, mais j’y ai pris goût. Le costume sexy met en valeur. En jouant un personnage, on se laisse aller plus facilement. Sans compter le plaisir de l’anticipation. C’est vraiment un plus, à condition que les deux se sentent à l’aise.»

«Le jeu de rôle garde le couple vivant, conclut la sexologue Patricia Anex. Evidemment, il ne faut pas tomber dans l’extrême inverse et en devenir dépendant. Je le conseille surtout aux couples de longue date, car il les sort de leur routine. Il ne faut pas oublier que la sexualité doit avant tout être ludique.»

47% C’est le pourcentage de femmes qui estiment que les fantasmes doivent rester imaginaires, selon une enquête CSA (France, 2006). 27% des sondées avouent toutefois que réaliser son fantasme peut pimenter la vie sexuelle.