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Que l’un de vos mollets se raidisse brutalement et douloureusement alors que vous venez de faire un sprint pour rattraper le bus, cela n’a, au fond, rien d’étonnant: un effort physique intense est une cause classique de crampe. Ce qui semble plus surprenant, en revanche, c’est lorsque cette contracture survient en pleine nuit, tandis que vous êtes immobile au fond de votre lit, plongée dans un sommeil paisible.

Des jambes en mouvement

«On ne connaît pas vraiment les mécanismes à l’œuvre», avoue le Dr Eric Lainey, directeur du Centre lausannois de médecine du sommeil. Il explique néanmoins que, dans certains cas, «on constate que le patient effectue malgré lui, durant son sommeil, des mouvements périodiques avec ses jambes qui, par fois, provoqueraient ces contractures.» Autre cause possible: le syndrome dit «des jambes sans repos» qui consiste en un besoin irrépressible de bouger ses jambes, le soir avant de s’endormir ou durant la nuit; en toute logique, cette pathologie peut, elle aussi, engendrer des crampes musculaires.

Les femmes d’abord

Cependant, la plupart du temps, les crampes nocturnes surviennent alors que les jambes sont bel et bien en totale inactivité. Les personnes le plus souvent touchées sont les femmes, les femmes enceintes, les personnes âgées et celles qui souffrent de certaines pathologies comme l’insuffisance rénale ou circulatoire, ou encore des problèmes de neuropathie, c’est-à-dire d’atteinte des nerfs au niveau des membres inférieurs, du fait, notamment, du diabète ou d’exposition à des produits toxiques. A noter également: le rôle de certains traitements médicamenteux, dont les statines, très souvent prescrites pour lutter contre les risques de maladies cardiovasculaires.

Quand la douleur survient

«Lorsque la crampe arrive, il est essentiel de prêter attention à ne pas contracter davantage le muscle», conseille le Dr Lainey. Au contraire, il s’agit de privilégier la détente en prenant une respiration calme et profonde et en massant doucement la zone douloureuse. Le plus souvent, la crampe disparaît en moins d’une minute.

Pas de traitement médical…

Bien qu’elles soient un facteur fréquent de troubles du sommeil, il n’existe pas, à ce jour, de traitement médical reconnu efficace et sans danger pour faire définitivement disparaître les crampes nocturnes. Un médicament est parfois prescrit, la quinine, censé agir directement sur la contracture musculaire, mais son efficacité n’est pas garantie. Et surtout, il présente d’importants risques d’effets secondaires, allant de réactions allergiques cutanées à de graves troubles du rythme cardiaque. Le Dr Lainey en déconseille donc l’utilisation, sauf cas extrême.

… mais des méthodes naturelles

Selon l’expérience du médecin lausannois, le meilleur moyen de prévenir la survenue de crampes nocturnes reste d’opter pour une bonne hygiène de vie: boire beaucoup d’eau durant la journée car, les grands sportifs le savent bien, la déshydratation est une cause majeure de crampe. Privilégier une alimentation riche en magnésium, en fer et en sels minéraux, dont manquent surtout les femmes enceintes et les personnes âgées: bananes, légumes verts, graines de sésame, lentilles, céréales complètes, amandes, noix et huiles végétales en sont d’excellentes sources, à l’inverse des sucre, café, tabac mais aussi thé vert en excès, qui ont le don de pomper dans nos réserves de magnésium. Ensuite, chaque matin, durant 30 secondes minimum, un jet d’eau froide sur les jambes favorise la circulation sanguine, souvent fragile chez les personnes sujettes aux crampes. Une habitude peu facile à prendre, certes, mais que l’on combinera avec une autre, bien plus agréable, qui consiste à prendre des bains d’eau chaude avant de se coucher, afin de détendre les muscles. Dans le bain, l’huile essentielle de lavande est connue pour ses effets décontractants, à alterner avec des sels alcalins qui réduisent l’excès d’acidité dans l’organisme tout en apportant des sels minéraux. Enfin, faire de l’exercice régulièrement, en terminant par une séance d’assouplissements, est indispensable pour favoriser la circulation sanguine et l’étirement musculaire.

Quand consulter?

Quand la douleur se répète chaque nuit, voire plusieurs fois durant la nuit au point de perturber le sommeil, et/ou quand la douleur dure à chaque fois au-delà de quelques minutes, il devient utile de consulter son médecin généraliste ou un neurologue. Ce sera l’occasion de vérifier qu’une pathologie n’est pas en cause, telle qu’une insuffisance veineuse ou des rhumatismes.

3 exercices pour assouplir jambes et pieds

1. Au sol, le dos droit, assise par terre ou, si nécessaire, sur un coussin, les mains à plat près de chaque hanche, allongez progressivement les jambes devant vous en les tendant autant que possible et en gardant les pieds flexes. Une fois tendues, maintenez la position durant cinq respirations lentes et profondes puis détendez les jambes. Recommencez l’exercice 3 à 5 fois. 2. Debout, pieds écartés à largeur du bassin, balancez-vous doucement 10 à 20 fois d’avant en arrière, tantôt en soulevant les talons, tantôt en soulevant les orteils. Pour éviter la survenue d’une crampe, veillez à garder les jambes tendues mais pas raides, assez souples au niveau des genoux et chevilles.

3. Accroupie, les mains posées devant vos pieds pour vous éviter de tomber en avant, la tête sur les genoux, maintenez cette posture quelques secondes. Puis allongez-vous sur le dos, jambes tendues et pieds en pointe. Répétez l’exercice 3 fois.

Illustration: Sylvie Pinsonneaux/Comillus

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