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FEMINA La dépression est-elle fréquente chez l’enfant?
OLIVIER HALFON  On estime entre 1 et 3% le nombre d’enfants atteints de dépression, ce qui est dix fois moins que chez l’adulte et toujours moins que chez l’adolescent, où ces chiffres oscillent entre 8 et 15%. Il s’avère difficile de savoir si cette maladie est en hausse: on en parle depuis plusieurs dizaines d’années dans le milieu psychiatrique, mais sans doute est-elle mieux reconnue et mieux diagnostiquée aujourd’hui. Car nous – les médecins comme les parents – sommes plus attentifs aux humeurs et aux émotions de l’enfant. Et puis, parce que, pendant longtemps, dire d’un enfant qu’il était déprimé paraissait impossible! Cela ne collait pas avec l’image classique et idéale de l’enfant…

Comment cette maladie se distingue-t-elle d’une simple tristesse?
Par sa durabilité et son intensité. Un enfant a tout à fait le droit d’être triste! Mais cela reste passager. En revanche, un enfant qui se ferme, qui participe moins aux activités qu’on lui propose, ou encore – et c’est une particularité par rapport à la dépression de l’adulte – qui se plaint de douleurs inexpliquées telles que des maux de dos, de ventre ou une grande fatigue, cela doit alerter. Les autres signes fréquents sont une soudaine chute dans les résultats scolaires, des troubles du sommeil, parfois des idées suicidaires…

Quelles en sont les causes?
La dépression tient à une articulation entre des facteurs environnementaux et génétiques. Concernant l’environnement, les enfants étant très dépendants de leur famille, leur mal-être se révélera le plus souvent lié à elle: outre les cas de maltraitance, bien sûr, citons les séparations des parents, les conflits chroniques entre eux, particulièrement délétères, ou encore une éducation excessivement stricte et exigeante. Ensuite, ce peuvent être des problèmes liés à l’école, l’autre grand domaine de vie de l’enfant: des difficultés scolaires non reconnues par ses enseignants qui le traitent de fainéant alors qu’il souffre de dyslexie ou de troubles de la vue, par exemple, ou bien un rejet de la part de ses camarades de classe. Et, à ces diverses causes possibles, se mêle une vulnérabilité biologique indéniable. Il est évident que face à une même situation douloureuse et dans un environnement équivalent certains enfants se révèlent plus à risque que d’autres, notamment ceux dont les parents souffrent eux-mêmes de manifestations anxieuses et dépressives.

Que peuvent faire les parents en cas d’inquiétude?
D’abord interroger simplement l’enfant et, surtout, l’écouter. Puis demander à son professeur s’il a constaté des changements dans son comportement, des difficultés à se concentrer ou des problèmes relationnels. Et si le mal-être dure plus d’une semaine ou deux, ne pas hésiter à consulter: un pédiatre, un pédopsychiatre ou un psychologue rattaché à l’école, peu importe, mais je trouve très important que l’enfant ait la possibilité de parler à un tiers extérieur à la famille, en qui il a confiance. Car l’inquiétude des parents et leur surinvestissement affectif peuvent, sinon aggraver la situation, du moins ne pas aider à la régler.

En quoi consiste la prise en charge par un pédopsychiatre?
Généralement, quelques entretiens suffisent à améliorer considérablement l’état dépressif. Seuls certains cas qui restent rarissimes nécessitent une prescription médicale, mais elle est toujours accompagnée d’un suivi psychologique, primordial.

Un enfant qui traverse une dépression risque-t-il des rechutes une fois adolescent ou adulte?
Effectivement, il fait partie des «personnes à risque». Face aux difficultés de la vie que nous connaissons tous, quand d’autres sauront s’en sortir vite, celui-ci aura plus facilement tendance à déprimer. Jusqu’à développer, parfois, des troubles dépressifs graves ou une bipolarité. C’est pour cela qu’il me paraît essentiel de consulter tôt. Certes, il ne faut pas dramatiser face à chaque coup de cafard de son enfant, mais pas non plus banaliser. Car du fait de la plasticité cérébrale, plus on le prend en charge jeune, plus on augmente les chances d’agir durablement sur son mode de fonctionnement et de réactivité aux événements.

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