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Après les hipsters, les bourgeois disruptifs
À Femina on a ceci de formidable qu’on n’est jamais en retard d’un trend. Le dernier en vogue, c’est l’appartenance à une nouvelle tribu urbaine, les aspirationals (en anglais dans le texte). Une chercheuse américaine l’affirme: après les hipsters, voici venue l’ère de ce qu’on pourrait traduire par les ambitieux, mais dans l’acception «qui aspire à plus de sens», pas «qui aspire à devenir chef de la meute à la place du chef de la meute».
Les femmes qui auraient envie d’en être ont toutes leurs chances – et c’est une bonne nouvelle, parce que cette histoire de barbe a toujours été un écueil pour se déclarer hipster.
Toutefois, l’idée était la même: faire étalage de son statut social par la possession de biens que toi tu ne peux pas te payer, nananère. La richesse matérielle comme première valeur donc. Le postulat d’Elizabeth Currid-Halkett, la susdite chercheuse, est que nous sommes à un tournant (on peut dire aussi moment disruptif ou changement de paradigme, si on est resté coincé dans l’ostentatoire).
Les aspirationals, qui ont quelques moyens financiers, ne viseraient plus pour faire œuvre de distinction sociale l’achat d’un sac LV – que de toute façon plein de gens peuvent se payer –, mais miseraient tout sur la culture au sens large, une valeur prioritaire bien plus difficile à acquérir vite fait sur le tard ou à contrefaire.
Je ne sauverai pas la planète, mais…
De l'art de bien choisir son bio
Cela implique certains comportements, comme envoyer ses enfants dans une école privée Montessori, pour stimuler leur créativité et les élever entre soi, ou acheter exclusivement bio – et jamais dans une grande surface, maintenant qu’elles en vendent aussi, c’est trop commun, on déclare qu’elles sont à boycotter parce que rien ne vaut les petits commerçants.
Car c’est mal de polluer (attention, quête de sens), mais surtout parce que c’est cher et chronophage comme façon de faire ses courses, donc ça exclut les plébéiens, disqualifiés parce qu’incultes et pauvres.
Ça n’a pas l’air inintéressant, le livre de cette dame, mais j’ai de solides réserves. Par exemple, je peine à croire qu’avoir lu tout Proust soit, dans un avenir proche, plus valorisé à l’échelle de la société entière qu’être l’heureux propriétaire d’un chalet de 200 m2 à Verbier. Toutefois, si jamais elle a un jour raison, sachez que je suis d’accord de vous résumer l’histoire en échange dudit bien immobilier.