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Quand Narciso Rodriguez, l’un des couturiers américains les plus en vue, dévoile son nouveau parfum, on ne peut s’empêcher d’être curieux, voire excité. Car le New-Yorkais d’adoption n’est pas du genre à sortir chaque année un jus différent. Bien au contraire. Durant dix ans, il n’a offert qu’une seule fragrance, For Her (et For Him, pour homme), certes déclinée en plusieurs versions. Un flacon numéro un des ventes en Italie l’année dernière. Et les choses se présentent plutôt bien pour 2014. Alors forcément, Narciso – c’est le nom de ce deuxième jus ­ – nous intrigue.

Du coup, nous avons sauté dans le train pour Milan, afin de rencontrer le nez à l’origine de tout, Aurélien Guichard, déjà auteur de Gucci Guilty, de Pleats Please (Issey Miyake) ou de Madly Kenzo.

Femina En quoi Narciso a-t-il l’ADN d’un parfum Narciso Rodriguez, et en quoi est-il différent?
Aurélien Guichard
Le musc est l’élément inhérent à l’ADN de la marque. Narciso (le créateur, ndlr) adore le musc, mais ce n’est pas le même qui est utilisé dans les deux fragrances. Narciso (le parfum, ndlr) a davantage une dominante musquée, aussi boisée avec les cèdres blancs et noirs, qui donnent de l’abstraction à la note.

Du musc, du vétiver, des bois: en découvrant les principaux ingrédients, on a un peu l’impression d’être face à un parfum pour homme…
C’est vrai que la thématique est osée, davantage utilisée dans les codes masculins. Peu de parfums féminins utilisent des notes boisées. Maintenant, la vanille et les fleurs (rose et gardénia, ndlr) féminisent le tout, même s’ils sont en mineur.

Comparé à d’autres parfums, celui-ci contient peu d’ingrédients. Peut-on parler de «redoutable simplicité»?
En fait, en lisant les ingrédients, la formule est en effet courte et simple. Mais il s’agit de notes naturelles, qui ont chacune une complexité en soi. Dans une rose par exemple, il y a déjà plus de 300 constituants, c’est donc d’une complexité incroyable. Narciso n’est donc pas une mono odeur, il est un peu ambré, floral, boisé, avec le côté vibrant du cèdre et chaud du vétiver. La formulation est simple, mais l’odeur est très «facettée».

Certains nez disent créer des parfums unisexes. Quelle est votre approche ?
Quand je crée, je réfléchis à un parfum féminin. Après, les utilisations, les détournements font partie de l’histoire qu’ont les gens avec un parfum. En mode, c’est la même chose. Les femmes les plus stylées vont prendre une chemise pour homme, la nouer nonchalamment et être canon! Il faut laisser de la place aux gens pour qu'ils jouent comme ils veulent avec un parfum. Tout seul, un parfum est beau, mais il n’y a pas de magie. La magie, c’est la personne ET le parfum. Comme en mode, une robe toute seule n’a pas de vie, il faut la porter.

Avez-vous un rituel pour prendre soin de votre nez?
Quand je faisais mon école de parfumerie, mon professeur avait une règle: il faut être heureux. C’est un métier de partage. Le nez est un outil, un peu comme la main du peintre. Or il n’entretient pas sa main. Ce sont ses idées qui font la qualité de son travail. Le nez s’entraîne, il faut travailler ta mémoire, connaître une palette d’ingrédients qui te sont propres. Mais il faut surtout avoir des choses à dire, des histoires à raconter, et rencontrer des gens.

Des voyages, des endroits ont-ils influencé votre travail?
Je suis originaire de Grasse, je suis la 7e génération de parfumeurs de ma famille, je n’ai donc pas tellement découvert le métier par hasard. Mes grands-parents ont des plantations de jasmin et de rose, cela m’a évidemment influencé, cela fait partie de moi. En revanche, l’inspiration réelle ne me vient pas des voyages, mais des gens.

Sur une île déserte, quelle odeur emporteriez-vous?
Je prendrais certainement une odeur qui va à l’inverse d’une île déserte. Probablement une odeur de patchouli, voire de vétiver, parce que cela me rappelle la terre. L’inverse de la mer en somme.

Quel souvenir, quelle émotion rêveriez-vous de mettre en bouteille?
Quelque chose de très compliqué et qui n’a aucune règle: le désir. Le désir dans un flacon, c’est quelque chose que l’on recherche toujours. On peut rationaliser les formules à l’envi, mais il y a toujours un lien avec la beauté, mais aussi avec l’imperfection, ce petit truc qu’on ne maîtrise pas et qui fait le désir.

Quelle odeur vous fait chavirer?
C’est le matin quand tu te réveilles sur un bateau, que tu as face à toi une mer d’huile, et que tu bois un café seul sur le pont. Pour moi, c’est une odeur dont je me rappellerai toujours. Parce qu’il y a alors quelque chose de violent dans l’odeur du café, et à la fois cette atmosphère calme. Un truc que j’ai été surpris d’aimer.

Et dans une prochaine vie, quel métier vous attirerait?
Ma mère est sculpteur, moi j’aurais adoré être peintre. Ce n’est pas identique, mais il y a aussi un rapport très manuel à la matière lorsque l’on fait des parfums. C’est un truc agréable, tu t’échappes un peu.

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