ÉVASION
Nord de la Tunisie: Un voyage entre mer, culture et design
Visiter Sidi Bou Saïd la magnifique
Parfois décrite comme le Montmartre ou le Saint-Paul-de-Vence de Tunisie, Sidi Bou Saïd est une ville magique, posée en haut d’une colline dominant le Golfe de Tunis. Elle déploie notamment ses sortilèges via son décor de maisons blanches aux volets bleus, mais aussi ses immenses massifs de fleurs et ses portes traditionnelles cloutées, dont la symphonie chromatique répétitive enivre le regard dès les premiers pas. L’interdiction des véhicules permet d’ailleurs de s’imprégner du paysage en toute sérénité.
On chemine à travers la rue principale, qui monte progressivement vers le bord de mer, en s’arrêtant ici et là pour flâner dans les galeries d’artistes. Impossible, également, de louper le fameux Café des Délices, rendu célèbre par la chanson éponyme de Patrick Bruel et offrant une vue majestueuse sur le Golfe de Tunis dans un cadre façon Santorin, ou le mystérieux Café des Nattes, installé dans une antique mosquée, où l’on ira déguster un thé à la menthe dans une atmosphère d’un autre temps.
Plus à l’écart, on n’oubliera pas les charmes des nombreux palais arabo-musulmans construits depuis le XIXe siècle. On comprend pourquoi Chateaubriand, Flaubert ou Colette sont tombés amoureux de l’endroit en leur temps.
Penser à Paul Klee en Tunisie
La colonisation française prétendait apporter la civilisation occidentale en Tunisie, mais c’est plutôt la Tunisie qui contribua à la culture européenne! En effet, le plus petit pays du Maghreb eut un rôle majeur dans le développement de l’art moderne. Ses paysages, sa lumière, sa culture arabe et berbère permirent en effet à plusieurs peintres majeurs du XXe siècle de trouver le chemin vers l’abstraction. Le Russe Vassily Kandinsky, tout d’abord, qui débarqua à Tunis en 1904 avec sa compagne photographe Gabriele Münter.
Puis le Germano-Suisse Paul Klee et ses amis peintres August Macke et Louis Moilliet. Dans les deux cas, ce qu’ils virent là-bas, à Tunis, Hammamet, Kairouan ou Sidi Bou Saïd les bouleversa au point de changer leur manière de voir le monde. Kandinsky et Klee y vécurent une sorte de révélation, comprenant que l’abstrait naissait, plus facilement qu’ailleurs, des aplats de couleur des déserts aveuglants, des ciels bruts et des motifs cosmiques de l’art musulman. «Moi et la couleur ne faisons qu'un. Je suis peintre,» s’enthousiasme alors l’artiste suisse dans son Journal. Pour l’un comme pour l’autre, le voyage en Tunisie fut la clef de leurs futurs chefs-d'œuvre.
Arpenter Carthage, une plongée dans les civilisations antiques
Et non, il n’y a pas que des plages en Tunisie! Les adeptes de tourisme culturel trouveront facilement leur compte. À commencer par le fabuleux site archéologique de Carthage, qui fut l’une des plus puissantes cités de la Méditerranée durant l’Antiquité. Fondée par les Phéniciens venus du Liban au IXe siècle avant notre ère, la ville devint le centre du vaste empire punique, dont les navigateurs voyagèrent jusqu’au Cameroun.
Englobée ensuite dans l’empire romain, Carthage demeura un haut lieu culturel, dont on peut visiter les vestiges, dont son forum, ses riches villas ou encore son port, aujourd’hui disparu mais qui dessine toujours un cercle aquatique dans le paysage. La vue sur la baie et les dernières montagnes de l’Atlas est à couper le souffle.
Autre incontournable, le Musée du Bardo, à Tunis, installé dans un ancien palais ottoman, accueille d’innombrables œuvres antiques venues de Carthage, dont d’immenses mosaïques romaines célébrant l’océan, les dieux ou le vin. Le Musée permet également d’explorer les vestiges de la culture berbère et de suivre l’essor de la civilisation islamique en Tunisie.
Arpenter les villages berbères de Takrouna et Zriba Olya
Véritables capsules à remonter le temps, plusieurs anciens villages berbères sont à découvrir à l’intérieur des terres au sud-ouest de Hammamet. Takrouna et ses maisons troglodytes, non loin d’Enfidha, est comme une imprenable citadelle perchée sur une colline entaillée de falaises.
À une vingtaine de kilomètres, Zriba Olya, quasiment abandonnée, offre un paysage minéral surprenant, fait de ruines silencieuses écorchées par le cagnard et de rochers ocres. Quelques anciennes maisons accueillent toutefois restaurants ou ateliers-musées. On tend d’ailleurs à revaloriser la culture berbère en Tunisie, culture qui brille notamment par son incroyable artisanat et son alphabet unique au monde.
Redécouvrir Hammamet
Le nom de Hammamet évoque trop souvent l’image d’un tourisme balnéaire bas de gamme et débridé. Certes, cet ancien village de pêcheurs, devenu le centre névralgique de la riviera tunisienne, a eu tendance à souffrir d’un certain zèle des promoteurs dans les années 90 et 2000. Mais les temps ont changé et les Tunisiens ont à cœur de faire redécouvrir les trésors de l’endroit, admirés à l’époque par André Gide, Man Ray ou Georges Bernanos. À commencer par sa séduisante médina, qui mène au fil de ses ruelles tortueuses et colorées à un fort du XVe siècle donnant sur la mer.
On oublie qu’avant le boom du tourisme balnéaire de ces dernières décennies, Hammamet fut un lieu de rendez-vous de nombreux artistes et intellectuels tunisiens et européens, attirés par sa superbe plage de sable fin et l’indigo caraïbe de la Méditerranée, particulièrement intense ici. Avant la Seconde Guerre mondiale, le GQ de ces personnalités fut l’immense villa bâtie par le milliardaire roumain George Sebastian au sud de la médina. Devenu monument historique national, l’édifice datant des années 30 s’inspire de l’architecture traditionnelle tunisienne, mais vue à travers le prisme de cette modernité de la première moitié du XXe siècle éprise de géométrie et de pureté des lignes.
Après la visite de cette demeure mythique, on pourra aller se perdre dans le jardin botanique de 14 hectares qui entoure la propriété, et dont les 300 espèces de plantes (en particulier de nombreux agrumes aux parfums enchanteurs) font voyager à chaque pas.
Manger et/ou dormir à La villa bleue
Pour clore en beauté la visite de Sidi Bou Saïd ou pour une pause bien méritée, on pourra faire un stop à la Villa Bleue pour un repas mémorable sur sa terrasse surplombant les flots azur de la Méditerranée. Côté menu, les fruits de mer et autres produits locaux et frais sont évidemment à la fête. Les personnes qui n’ont plus envie de repartir choisiront de dormir dans cet hôtel 5 étoiles faisant penser à un petit palais des mille et une nuits, avec son ancienne cour intérieure, ses faïences et ses lumières surnaturelles. Sans oublier sa piscine d’un lilas profond certainement très instagrammable.
Dormir à La Badira
Membre du très élitiste consortium Leading Hotels of The World, La Badira est néanmoins particulièrement accessible hors du rush touristique estival, avec des tarifs très raisonnables pour toutes les bourses. Ce palace a en outre l’avantage d’être situé au nord d’Hammamet, la zone la plus calme de la ville.
Outre un hall d’entrée à couper le souffle avec ses impressionnantes colonnes blanches et deux restaurants dominant la baie, l’établissement situé à Hammamet propose des chambres vastes et pleines de charme, un spa Clarins et une grande piscine donnant sur la mer. Sans aucun doute le plus bel hôtel du genre dans la région, et l’un des plus luxueux de Tunisie.
Comment s’y rendre?
Tunisair propose plusieurs vols chaque semaine depuis Genève ou Zurich à destination de Tunis.
Quand y aller?
La chaleur de l’été et la forte fréquentation due aux grandes vacances locales n’en fait peut-être pas la saison idéale, mieux vaut élire, si c'est possible, l’automne ou le printemps, intersaisons dont le climat offre des températures parfaites pour flâner, visiter et se baigner. Même l’hiver, très doux à Hammamet, est à considérer.
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