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Visite guidée: la maison natale de Selma Lagerlöf

Marbacka Lagerlof photo Alamy Stock

Devenu un musée, le domaine où est née l'auteure de Nils Holgersson hume bon la Suède rurale et authentique. Une escale très recommandable lorsqu’on traverse la région.

© Alamy / Stock

Printemps 1910. Le monde entier est aux pieds de Selma Lagerlöf. Devenue la première femme à se voir décerner le Prix Nobel de littérature l’année précédente, le nom de la Suédoise est dans toutes les conversations mondaines et s’écrit dans tous les journaux de la planète. Mais tandis que des millions d’admirateurs n’ont d’yeux que pour elle, l’écrivaine de 51 ans, peu enivrée par son nouveau badge de célébrité internationale, ne regarde qu’en direction d’un petit bout de terre perdu dans le sud-ouest de la Suède: Mårbacka.

Un domaine de quelques bâtisses caressées par la lumière pastel du Värmland, n’ayant pour voisins que de vastes champs irisés, des lacs secrets, des forêts sans fin et des escadrilles d’oies. Le bâtiment principal est une maison bourgeoise un peu austère. Un bloc minéral tout de pudeur scandinave, aux faces abruptes, aux fenêtres rares et étroites, corseté par quelques lignes néoclassiques trahissant son âge.

Revanche sur l'enfance

Construite en 1793, cette habitation est pour Selma Lagerlöf le début de toute chose. C’est ici que l’auteure suédoise est née. Elle, l’enfant du pays devenue star, est venue tout spécialement avec les 40 000 dollars de dotation de son Prix Nobel pour racheter les lieux. Dès 1907, ayant fait fortune avec la parution de son best-seller Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, Selma avait pu acquérir sa maison natale seule. Mais avec cette somme conséquente gagnée à la force de la plume, elle peut désormais prendre possession de tout le domaine. Ou plutôt reprendre possession.

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Car pendant deux décennies, elle et son Mårbacka chéri, qui a tant compté dans sa jeunesse, avaient été séparés. C’est l’un de ses frères, voulant faire fructifier le potentiel agricole du domaine, qui en reçut la gestion en héritage. Sauf que le projet ne tint pas ses promesses. Acculée par les échecs et les dettes, la famille n’eut d’autres choix que de vendre le domaine en 1889.

Une perte des plus douloureuses pour Selma Lagerlöf, qui voyait depuis toujours en cette maison un cocon protecteur, un phare pour affronter les épreuves. De santé fragile, la petite fille dut vivre avec des problèmes de hanche l’entravant dans ses mouvements. L’enfant s’était alors réfugiée dans les livres, mais aussi dans les rêveries que lui évoquaient les paysages de la région, l’une des plus sauvages et pittoresques de Suède.

Entre cahiers d'école et manuscrits

Durant des années, Mårbacka nourrit l’imaginaire de Selma Lagerlöf, qui s’est également mise à écrire par passion des contes et des histoires. Un jour, alors qu’elle lit l’un de ses poèmes à un mariage, texte qui subjugue l’auditoire, on lui conseille de devenir institutrice. Celle qui avait dû tirer un trait sur un parcours à l’université pour aider sa famille s’engagea alors dans quatre années d’études.

Sauf que le petit lutin de l’écriture lui murmurait toujours à l’oreille. Grâce à une bourse encourageant son travail, elle publie alors La légende de Gösta Berling en 1891, son premier livre. Si le succès n’est pas tout de suite au rendez-vous, Lagerlöf va progressivement gagner en renommée avec d’autres romans et recueils de nouvelles, tous, ou presque, ayant pour toile de fond les campagnes suédoises et leurs légendes séculaires, dont les échos se faisaient entendre à Mårbacka.

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Sans doute marquée par son éducation sous le signe du patriarcat le plus traditionnel, à la fois assignée à résidence par ses problèmes de santé récurrents et la prétendue volonté des traditions, Selma montre vite des accointances pour la cause féministe, dans ce pays où le passé viking chante encore des histoires immémoriales de princesses conquérantes tenues pour l’égal des hommes. D’ailleurs, des hommes, elle n’en voudra pas, elle n’en voudra plus.

Du début à la fin

En 1894, elle tombe éperdument amoureuse de Sophie Elkan, une écrivaine de Göteborg, bientôt une muse autant qu’une guide, qui sut l’encourager dans son travail littéraire et lui inspirer des œuvres majeures. En dépit d’une renommée grandissante dans son pays puis en Europe, l’immense sensibilité de Selma, mais peut-être aussi la reconnaissance du rôle que joua sa maison natale dans son parcours, ne lui fit cependant jamais oublier les écrins verdoyants de Mårbacka.

Alors qu’elle rachète tout le domaine pour s’y installer, Selma imagine déjà l’avenir des lieux. Elle se posera à la bibliothèque pour rédiger sa correspondance. Elle fera rénover certains bâtiments.

Elle vivra ici deux fois plus intensément pour rattraper ces décennies perdues, durant lesquelles elle fut coupée de ce havre fabuleux de l’enfance.

Malheureusement les plus belles années furent les onze premières. En 1921, Sophie s’éteint et laisse Selma désemparée. A la mort de celle-ci, en 1940, Mårbacka devient, comme elle le souhaitait, un musée intime. Les lieux se figent presque dans le temps. Tout semble avoir été laissé comme si l’écrivaine venait juste de quitter la pièce, le jardin, l’ombre sous un arbre.

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