sur vos écrans
Rencontre avec Doria Tillier, à l'affiche de sa série «Iris»
Doria Tillier est l’une de ces personnalités qu’on aimerait avoir comme copine. Parce qu’à l’écran, TV ou cinéma, elle dégage ce petit truc en plus, indéfinissable, comme un air d’authenticité et de naturel, une sorte de décalage alternativement drôle et touchant.
Doria Tillier est l’une de ces personnalités qui ne déçoit pas quand on la rencontre. En l’occurrence au GIFF, à Genève. Elle est venue y présenter Iris, une délicieuse chronique en six épisodes, à voir dès le 25 novembre 2024 sur Canal+, qui raconte le quotidien d’une trentenaire peinant à tenir sa langue et à obéir à certains diktats sociaux «parce que c’est plus fort qu’elle». Comme Doria Tillier…
Engagée et éclectique
De fait, c’est plus fort qu’elle, ce besoin de s’engager et «d’y aller à fond». En témoignent ses sketchs déjantés et mémorables sur Canal+, quand elle y jouait la Miss Météo, entre 2012 et 2014. Ou, aujourd’hui, son implication dans Iris, un projet qu’elle a mené de A à Z: écriture, scénario, préparations, coréalisation avec Jean-Baptiste Pouilloux, interprétation… tant pis si elle stresse, se réveille toutes les nuits en sursaut - elle ne peut pas faire autrement, dit-elle en riant: «Si je commence un truc, j’ai envie de bien le terminer. Même quand je dresse la table, je veux qu’elle soit jolie!»
C’est plus fort qu’elle, l’amour «des histoires». Celles qu’elle regarde - parmi lesquelles «Ally McBeal, Curb your enthusiasm - Larry et son nombril, Seinfeld, The Office, Veep, Fleabag…». Celles qu’elle lit - comme les romans de Pagnol, de Stephen King, de Delphine de Vigan ou de Tom Sharpe, «un auteur formidable que mon père m’a fait découvrir: je n’avais jamais pensé qu’on pouvait rire autant en lisant et je recommande vivement sa série Wilt», s’enthousiasme-t-elle.
Et puis celles qu’elle a choisi de raconter à travers les films - dont Yves, Monsieur et Madame Adelman (qu’elle a coécrit avec Nicolas Bedos, son compagnon d’alors), La Belle époque ou encore L’origine du mal et Bolero, ainsi que les séries La flamme, en 2020. Ou, tout récemment, Les enfants sont rois, sur Disney+.
C’est plus fort qu’elle, l’éclectisme, notamment musical: «J’écoute aussi bien les Rolling Stones que Georges Brassens, du classique que les Spice Girls, Eminem ou Izïa Higelin, qui est l’une de mes meilleures amies. On peut apprécier à la fois le chocolat chaud et le caviar, même si c’est très différent, non? Moi, c’est au gré de mes envies… Bon, le caviar, je n’en ai mangé qu’une fois. Mais c’était trop bon!»
De l’exactitude et de la vérité, s.v.p.!
C’est plus fort qu’elle, ce souci de la précision: «J’ai le goût de l’exactitude. Parce que pour moi, l’approximation est une source de conflits: si je suis imprécise, je suis mal comprise. Or, c’est très souvent d’une incompréhension que naissent les disputes; il n’y a qu’à regarder ce qui se passe sur les réseaux sociaux!»
Une vision des choses qu’elle partage avec son héroïne, Iris: «On est assez proches, en effet. Comme elle, j’ai besoin de vérité: ne pas dire ce qu’on pense, ça empêche de réfléchir, d’avancer, de partager, de s’élever et de grandir. On a trop souvent tendance à confondre désaccord et conflit, ce qui fait qu’on est prêt à dire n’importe quoi pour ne pas se mettre en porte-à-faux et provoquer un accrochage.
Bon, malgré tout, je filtre un peu plus mes propos qu’Iris ne le fait. Si j’ai des choses à exprimer, je pèse quand même le pour et le contre et, le cas échéant, je les retiens… mais c’est très frustrant. Alors ce que je tais, eh bien je le lui fais dire: elle est un peu le fantasme de celle que je voudrais me permettre d’être!»
C’est plus fort qu’elle, ce désir «d’être occupée». Écrire, préparer un rôle, jouer de la guitare et du piano «même si je ne suis vraiment pas bonne», boire un café avec une amie, cuisiner, bricoler… «J’ai été serveuse et j’aimais bien ça: quand je suis dans le concret, je ne suis pas en train de penser à des choses existentielles», rigole-t-elle. Avant de préciser: «En même temps, je suis hyperflemmarde et je peux très bien me vautrer dans un fauteuil sans rien faire!» À suivre son actualité branchée sur «soleil beau fixe», on en doute. Mais si elle le dit, il faut croire que parfois, paresser… c’est plus fort qu’elle!
Bio express
1986: Naissance le 27 mars, à Paris.
2008 – 2010: Formation au Laboratoire de l’acteur – Hélène Zidi.
2012: Devient la Miss Météo du Grand Journal de Canal+.
2017: Monsieur et Madame Adelman, coscénarisé avec Nicolas Bedos. Enchaîne les tournages.
2021: Maîtresse de cérémonies à Cannes.
2024: Sortie d’Iris en novembre, qu’elle a écrit, réalisé et interprète.