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Notre avis sur le film «Les Animaux fantastiques 3: Les secrets de Dumbledore»

Notre avis sur le film Les Animaux fantastiques 3 les secrets de dumbledore

Dans ce troisième opus, le célèbre Albus Dumbledore (incarné par Jude Law) affirme enfin ses sentiments pour le sombre Gellert Grindelwald. Une première pour l'univers potteresque!

© WARNER BROS

Admettons-le tout de suite, sans tourner autour du chaudron: rien n'égalera jamais la saga originale, celle des premiers vols en Nimbus 2000 et des pérégrinations extatiques le long du Chemin de Traverse. En ce sens, Les Animaux Fantastiques, basés sur un guide signé en 2001 par J.K. Rowling, ne constituent qu'un petit extra, la praline de fin de repas, enveloppée dans le souvenir nostalgique du festin passé. Les deux premiers volets, plus sombres et sérieux que les films originaux, nous avaient transplanés jusqu'aux Etats-Unis, plusieurs décennies avant la naissance d'un certain Harry. En bon spin-off, le scénario s'était immédiatement plongé dans les arcanes de la mythologie potteresque, explorant le passé de personnages érigés au rang de stars. Or, bien que le scénario ait été rédigé par Madame Rowling elle-même, on n'y avait pas retrouvé le même réconfort, ni la même magie. Peut-être Norbert Dragonneau symbolisait-il le héros des potterheads devenus adultes, alors que de bon nombre d'entre nous aurait préféré que le monde des sorciers reste à jamais ce refuge de l'enfance, peuplé d'elfes et de chocogrenouilles...

Bref, au moment de découvrir le troisième opus, Les Secrets de Dumbledore, autant vous dire que nos espoirs ne volaient pas plus haut qu'un crapaud: ils bondissaient de temps en temps, encouragés par un sursaut d'optimisme, avant de retomber platement. Et pourtant, quelle ne fut pas notre surprise quand, une fois les dix premières minutes passées (on va en reparler, d'ailleurs, de ces dix premières minutes...), on s'est trouvées plutôt charmées par le déroulé de l'histoire. Sans parler de certaines créatures magiques inédites qu'on adopterait en un battement de cils.

Mais avant de détailler notre impression du film, notons que sa sortie avait presque été reléguée aux oubliettes, tant les scandales entourant la franchise sont nombreux: alors que l'année 2021 marquait le 20e anniversaire de Harry Potter à l'école des sorciers, la créatrice de Poudlard, J.K. Rowling, s'était vue exclure des célébrations, après plusieurs tweets problématiques, jugés transphobes. L'affaire lui avait même valu un commentaire de la part de Vladimir Poutine, lequel affirmait, en mars 2022, que la culture russe avait subi le même sort que J.K. Rowling, «annulée» du jour au lendemain...

Par ailleurs, d'autres bavures ont directement entaché l'univers des Animaux Fantastiques: comment oublier les accusations de violences conjugales portées par Amber Heard à l'encontre de Johnny Depp, simplement ostracisé suite à la perte de son procès initial. Celui qui tenait le rôle du machiavélique Grindelwald dans le deuxième opus a donc été contraint de laisser son costume à Mads Mikkelsen (alias Hannibal) dans le troisième film. L'affaire n'est toujours pas résolue, sachant qu'un second procès vient de s'ouvrir, le 11 avril 2022. Et pour terminer, un autre scandale entoure désormais l'acteur Ezra Miller (l'interprète du tourmenté Croyance), filmé à son insu alors qu'il tenait une femme à la gorge, dans un bar islandais.

Voilà un contexte bien houleux, menant certains critiques à prédire le flop imminent du film (l'audience des Crimes de Grindelwald, le second volet, s'était effectivement avérée décevante). Toutefois, quand on laisse les polémiques de côté pour considérer le contenu en lui-même, plusieurs qualités cinématographiques semblent indéniables.

On a aimé

Dumbledore: vulnérabilité et affirmation de l'amour gay

Incarné par Jude Law, dépouillé de sa barbe, de ses lunettes en demi-lune (et, accessoirement, du fameux «nez aquilin» que les lecteurs des romans connaissent très bien), Albus Dumbledore possède déjà son charisme et son habileté de grand magicien. Attendu au tournant par une armée de fans extrêmement sévères, le comédien britannique de 49 ans se glisse avec brio dans un rôle compliqué, avec pour seul modèle celui que le protagoniste sera soixante ans plus tard. Puissant et vulnérable à la fois, Dumbledore dévoile ses blessures passées et s'avère aussi crédible qu'il aurait pu l'être, face à l'image solide qu'avaient déjà construite de lui des millions de Potterheads. On y croit - presque - bien qu'il faille tout de même déployer un certain effort d'imagination pour se remémorer, tout au long du film, que ce jeune Dumbledore est bien le Dumbledore.

N'oublions pas non plus que l'intérêt majeur du personnage réside ici dans l'histoire d'amour tragique qui l'unit au dangereux Grindelwald, décidé à détruire le monde des Moldus. Dans l'une des premières scènes, Albus Dumbledore déclare ses sentiments de manière directe, une grande première pour la franchise Harry Potter! «Je l'ai fait, car j'étais amoureux de toi», avoue-t-il, donnant lieu à la première affirmation directe de cet amour gay, suggéré depuis longtemps dans les films. On ressent alors pourquoi l'issue de leur duel (maintes fois raconté dans la saga originale) sera si difficile pour le jeune Albus, et le marquera jusqu'au crépuscule de ses jours.

La remarquable professeure Hicks

Enseignante de magie new-yorkaise, élevée dans l'univers des Moldus (que les sorciers américains appellent les No-Mags), cette sorcière complètement badass aurait pu être l'idole d'Hermione Granger. Incarnée par Jessica Williams, 32 ans, elle maîtrise la répartie avec autant de grâce que la baguette magique et donne lieu à des scènes grandioses, offrant une leçon de féminisme aux sorciers des années 1930 (l'époque à laquelle se déroulent les événements du spin-off). Une présence féminine qui sauve, au milieu de tous ces personnages masculins.

Les animaux fantastiques

Après avoir prévenu nos proches qu'on serait en mesure d'épiloguer sans interruption à propos des créatures de ce film, on promet d'être concises. Ils sont... attachants. Les animaux déjà bien connus des habitué-e-s, comme le Niffleur et le Botruc, sont toujours aussi mémorables (bien qu'on les voit un peu moins) tandis que le petit nouveau, le Qilin, sorte de biche magique, fait fondre tous les cœurs. Après tout, la moitié du charme de cette saga réside dans ses créatures, dont l'élaboration est aussi originale que remplie d'humour (on pense notamment aux petits scorpions voraces que Norbert parvient à amadouer en les imitant). Si l'ambiance des Animaux Fantastiques se distingue parfois un peu trop de celle d'Harry Potter, tous ces êtres surprenants auraient parfaitement trouvé leur place dans films originaux, tant ils sont fidèles à l'univers de J.K. Rowling. Sans eux, on aurait d'ailleurs plus de mal à se associer les univers de ces deux sagas.

Le nouveau Gellert Grindelwald

Laissons de côté le scandale pour nous focaliser uniquement sur la performance de Mads Mikkelsen, ayant remplacé Johnny Depp dans le rôle de Grindelwald: l'acteur danois est impressionnant, gommant l'éventuel embarras qu'aurait pu occasionner ce changement soudain de comédien. Les yeux perçants et glaçants, son jeu allie douceur et violence avec une aise effrayante. Si le personnage s'attire immédiatement notre haine (ses actes au début du film sont révoltants), on ne peut s'empêcher de le trouver fascinant, doté d'un charisme meurtrier.

On a moins aimé

Les montagnes russes émotionnelles «faciles»

Oui, car laisser l'audience s'attacher à une incroyable créature (très mignonne, qui plus est) avant de lui infliger une scène horrible - tout ça dans les premières dix minutes! - c'est un peu too much. Ami-e-s des animaux, soyez prévenu-e-s: il va falloir vous répéter mentalement qu'il ne s'agit que d'un film. On ne nous avait pas fait ça depuis Bambi et, dans mon âme de Millenial traumatisée par certains Disney qui me font encore pleurer, je n'aurais pu rester stoïque au péril de ma vie... Plus sérieusement, si le scénario est très solide et intelligemment mené, certains moments larmoyants paraissent un peu «classiques». Mais cela ne réduit en rien leur efficacité... Larmes de Phénix, bonjour!

Le passage trop rapide à Poudlard

Comme le promet l'affiche des Secrets de Dumbledore, le film présente bel et un bien un passage à l'école des sorciers, dont Albus est déjà directeur. On aperçoit le château, la grande salle, les élèves, une professeure McGonagall jeune (jouée par Fiona Glascott), le tout accompagné de la bande-son originale des premiers films Harry Potter. Mon cœur de Poufsoufflea failli exploser, tant l'effet est réussi... et puis les portes de Poudlard se sont refermées d'un coup, sur une frustrante impression de «pas assez». Dix minutes, ce n'est pas suffisant quand on attend depuis vingt ans de recevoir sa lettre d'inscription. Avouons donc que l'affiche officielle du long-métrage s'est permis de survendre quelque peu les scènes filmées dans le château: on passe plus de temps à Pré-au-Lard que dans la grande salle!

L'absence de magie telle qu'on la connaissait

Difficile d'expliquer précisément pourquoi l'ambiance des deux sagas diffère autant. Sans doute l'absence de l'effet cosy, l'éloignement du pur cottagecore anglais et l'absence du regard curieux d'Harry, au travers duquel nous découvrions le monde magique. Dans les Animaux Fantastiques, la figure de l'initié est assurée par Jacob, un courageux Moldu auquel les sorciers expliquent les mécanismes de leur monde. Or, il ne possède ni l'innocence, ni la curiosité d'Harry, pour lequel Poudlard constituait un foyer. De son côté, Jacob s'accommode de l'univers magique comme d'un voisin intéressant mais un peu bizarre. Et d'un coup de baguette, tout semble un peu moins attachant, au point où même l'apparition subite du vif d'or nous évoque un métachronisme.

En bref, le film est bon, le caractère grandiose est largement réussi, Albus est touchant et les créatures sont effectivement fantastiques... mais il convient de le découvrir sans s'attendre à retourner à Poudlard. Dorénavant, le moyen le plus sûr de retrouver ce lieu magique, c'est en suivant les miettes de nostalgie parsemées par les enfants que nous étions.

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