Musique
Montreux Jazz 2024: Notre critique du concert de Mahalia
C’est un début de mois de juillet intense pour elle. Mahalia vient d’enchaîner trois concerts différents, dont une date au Montreux Jazz Festival ce lundi 8 juillet 2024. La chanteuse et compositrice britannique de 26 ans s'est produite avant le concert de son compatriote le batteur Yussef Dayes.
Après une première date ici en 2018, la jeune artiste de 26 ans était donc à nouveau présente lors de cet iconique rendez-vous musical sur l’une des deux scènes payantes de cette 58e édition. Mahalia a profité de son heure passée avec le public montreusien pour présenter son nouvel album, IRL, sorti en juillet 2023, mais aussi pour nous régaler avec d’anciens titres.
Dès les premières notes de Simmer, titre phare de son album de 2019 Love and Compromise en duo avec Burna Boy, Mahalia capte l’attention du public. Sa voix résonne magnifiquement bien et s'adapte parfaitement à l'ambiance intimiste de cette salle jadis mythique et réinvestie pour l’édition 2024 du festival. Sous une lumière rouge tamisée et des spots discrets, nous sommes instantanément plongés dans l’univers de Mahalia, figure emblématique de la nouvelle scène britannique néo-soul et R&B.
Durant sa prestation, la jeune femme n’hésite pas à prendre le micro pour présenter ses musiques qui parlent avant tout d’amour et qu’elle a écrites pour certaines lorsqu’elle n’avait que 12 ans. Il faut dire qu’elle baigne dans la musique depuis toute petite, grandissant au cœur d’une famille de musicien-ne-s. Elle signe d’ailleurs avec le label Asylum Records d'Atlantic à 13 ans. Depuis, elle a sorti plusieurs singles et EPs ainsi que trois albums.
Amour de jeunesse
Sur scène, Mahalia nous parle ainsi de ses crushs de l’époque et de ses mauvaises rencontres, sujets qui l’ont notamment inspirée pour écrire Whatever Simon Says, de son EP Letter To Ur Ex, sorti en 2022. Elle partagera également He’s Mine, de son dernier album, une musique écrite durant son adolescence quand elle et une amie aimaient le même garçon. En interprétant ces titres des années plus tard, Mahalia se confie sur la distance qu’elle a désormais avec ses mauvais souvenirs, remplacés par «tout l’amour qu’elle porte pour sa famille, ses ami-e-s et son public».
Durant son concert, la Britannique nous présente aussi plusieurs morceaux de son nouvel album, dont IRL, titre éponyme du disque. Avant de l'interpréter, elle évoque la difficile période du Covid qui s’est déroulée entre ses deux dates au Montreux Jazz.
Elle n’hésite pas à demander la participation du public qui chantonne avec plaisir et prend la place des chœurs. Ce titre, dont l’acronyme signifie In Real Life, nous rappelle ce besoin de vivre les choses en vrai et revient sur le parcours de la chanteuse. Elle évoque notamment ses rêves à 13 ans de se hisser un jour sur de grandes scènes, elle qui y rayonne désormais.
Musique et émotions
Quand, quelques titres plus tard, arrive Sober, qui lui a permis de se révéler à plus grande échelle en 2017 lors d’un Colors Show, la voix et la présence de Mahalia sur scène continuent d’être assurées sans aucune fausse note. Et les frissons sont bel et bien présents. Une partie des festivaliers-ères chantent alors ses paroles avec assurance alors que l’artiste reprend le morceau dans une version plus groovy, continuant d'entraîner le public.
On regrette tout de même la composition de la scène et ses nombreuses places assises au premier plan, où le public semble moins dans l’ambiance que ceux et celles qui se trouvent debout sur les côtés de la salle. La qualité sonore n’est pas toujours optimale malheureusement, et les deux musiciens (guitare et basse) sur scène sont doublés par une bande-son. Dommage, on s’imagine la réussite si tous les instruments étaient directement joués sur place.
Mais il n’y a pas de doute que durant ce show minimaliste et touchant, Mahalia réaffirme à quel point la scène est faite pour elle. Son aisance et sa proximité avec le public seront très appréciables tout au long du concert. Pétillante et chaleureuse, de sa voix à sa prestance sur scène, Mahalia laisse entrevoir une honnêteté, toute en simplicité, que l’on vit encore trop rarement en concert.
Un trait de caractère plaisant, présent sur ses réseaux sociaux, où elle cumule les discours body positive. En opposition aux injonctions que vivent encore les femmes au quotidien, voir cette belle et inspirante féminité en live nous séduit.
Avant de laisser la scène désormais bouillonnante aux prochains artistes, Mahalia entraîne encore la foule avec des sonorités plus dansantes. Dans la salle, on entend taper du pied dans une énergie contagieuse. Pour terminer, on sera ravi d’entendre comme final son titre iconique I Wish I Missed My Ex qui nous fera vivre encore un dernier frisson envoûtant.