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Interview

L'autrice belge Sophie Wouters cartonne avec son roman «Célestine»

Interview Sophie Wouters autrice Celestine roman

«L’idée d’écrire un livre m’avait toujours paru trop laborieuse pour passer à l’acte, mais bizarrement j’ai été portée, comme si cette histoire m’avait choisie. Et puis, c’est sans doute dû à ma nature très empathique: les personnages m’ont aussi fortement guidée.» - Sophie Wouters

© Éric de Ville

La voix de Sophie Wouters est enthousiaste et enjouée, lorsqu'elle évoque son roman ou ses personnages. Depuis le printemps 2021, la vie de l'artiste peintre belge a changé. De ses tableaux intrigants, dominés par les teintes sombres, elle est passée à la plume, créant un univers empreint de mélancolie, parfois brutal et terriblement poignant. À l'entendre parler de son texte, accueilli par une salve de compliments, on dirait que Célestine l'a choisie, qu'elle l'a tenue par la main tout au long du processus d'écriture. Une chose est sûre: Sophie Wouters avait une histoire à raconter.

L'intrigue du roman nous emmène dans la France des années 60 et nous présente une jeune orpheline, bonne élève, d'une très grande beauté, dont la vie bascule brusquement. À dix-sept ans, Célestine se retrouve à la Cour d'assises des mineurs, accusée d'un crime terrible dont elle semble être coupable. Il y a de quoi frissonner, sans parler de la surprise que nous réserve le dénouement orchestré par Sophie Wouters, qui opère une plongée dans la faiblesse humaine et les répercussions parfois dramatiques de nos actes. Malgré tout, on se surprend à sourire au fil des pages. La plume est à la fois acérée et spontanée. Les dialogues sont naturels, si bien qu'on croirait entendre les voix des protagonistes, leurs intonations.

En quatrième de couverture, on découvre le message envoyé par la célèbre écrivaine Amélie Nothomb, après sa lecture du manuscrit: «Cette nuit, j’ai lu Célestine. Ton texte m’a bouleversée, je n’ai pas pu m’arrêter. Je te dois une nuit blanche!» Un tel éloge est rare. Mais après tout, les livres qui nous arrachent aux bras de Morphée le sont aussi.

Interview

FEMINA Vous attendiez-vous à un accueil aussi enthousiaste, notamment de la part d’Amélie Nothomb, qui s’est dit «bouleversée» par votre texte?
Sophie Wouters
Absolument pas, et j’ai même encore bien souvent du mal à le réaliser! Je vis un tourbillon de choses incroyables, totalement impensables il y a encore quelques mois. Quant au retour d’Amélie Nothomb, j’en suis restée sans voix, comme lorsqu’elle m’a autorisée à faire usage de son courrier. Elle a été formidable et je lui serai éternellement reconnaissante pour le merveilleux cadeau qu’elle m’a fait.

Vous êtes artiste peintre depuis plus de vingt ans: comment passe-t-on du pinceau à la plume?
C’est venu très naturellement. Je parlais déjà de l’âme humaine dans mes tableaux, mais j’ai voulu continuer à l’explorer en profondeur, au travers des mots. Certes, l’idée d’écrire un livre m’avait toujours paru trop laborieuse pour passer à l’acte, mais bizarrement j’ai été portée, comme si cette histoire m’avait choisie. (Dix minutes auparavant, je ne savais même pas que j’allais la commencer!) Après avoir écrit deux pages spontanément, je me suis rendu compte que je voulais et devais continuer Célestine de cette façon. Et puis, c’est sans doute dû à ma nature très empathique: les personnages m’ont aussi fortement guidée. Quant aux dialogues, ceux-ci ne m’ont posé aucun souci: c'est comme si les personnages étaient avec moi dans la pièce et que je n'avais plus qu'à les écouter! (rires)

Avez-vous toujours été aussi empathique, intéressée par l'âme humaine?
Ma mère m'a dit un jour: «Quand tu étais bébé, tu regardais le monde comme si tu avais tout compris et qu’on ne te la faisait pas». Tout compris certainement pas! (rires à nouveau). Mais je crois en effet que je possède une certaine capacité à percevoir l'âme des autres. Je n'ai pas la sensation de tout observer, mais je le fais inconsciemment. Je suis très sensible, je ressens facilement ce que les autres traversent.

Que vouliez-vous exprimer au travers de l’histoire déchirante de Célestine?
Parler des faiblesses de l’être humain qui peuvent parfois participer à un drame et, à travers la pureté de Célestine, des valeurs et de l’intégrité. Mais aussi mettre en exergue par la chute brutale de l’histoire le fait qu’une vie peut basculer en une fraction de seconde et entraîner plusieurs existences dans le naufrage. Je reçois de nombreux et beaux messages de lecteurs et lectrices disant qu’ils n’oublieront jamais Célestine, comme s’ils l’avaient rencontrée dans la vraie vie. C’est juste fantastique de lire de tels mots! J'ai l'impression que mon personnage n'a jamais été aussi réel.

Dans quel état émotionnel étiez-vous, en achevant l'écriture du roman?
J'accorde une très grande importance à l'idée d’agir plutôt que de passer son temps à «penser». Je ne suis pas du genre à rêver, je me contente de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que les choses se déroulent bien et de vivre l'instant présent. Ce serait impensable pour moi d’arriver sur mon lit de mort en me disant que je n'ai rien accompli, lors de mon passage sur Terre.

On peut dire que vous avez largement accompli votre objectif! D'ailleurs, l'écriture de ce livre vous a-t-elle donné envie de poursuivre dans cette voie?
Oui, complètement! D'ailleurs, un manuscrit quasiment terminé patiente actuellement dans mon tiroir...

Informations pratiques

Célestine, de Sophie Wouters, 180° Editions, 23 fr.

© 180° Editions

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