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Cinéma

Isabelle Carré, l'engagement à fleur de peau

Isabelle carre lengagement a fleur de peau GETTY IMAGES MARC PIASECKI

Dans La dérive des continents (au sud), Isabelle Carré incarne une personne chargée d'organiser une visite d'Emmanuel Macron et d'Angela Merkel dans un camp de migrants. Alors qu'elle est froid avec son activiste de fils, celui-ci débarque sur le site.

© GETTY IMAGES/MARC PIASECKI

Comédienne, chanteuse, auteure de romans, militante pour l’égalité des femmes et l’environnement, maman dévouée… Avec la même passion, le même engagement, Isabelle Carré cumule les rôles. Et ne s’arrête jamais, «même en vacances», rigole-t-elle. Ainsi, rien que cette année, cette quinquagénaire hyperactive dont on suit la carrière depuis 1987 a publié Le jeu des si (chez Grasset), tenu la vedette dans deux pièces de théâtre; et est à l’affiche de deux longs-métrages: La dégustation (en salle), d’Ivan Calbérac, et La dérive des continents (au sud) de Lionel Baier (sortie le 21 septembre 2022).

Cette dernière est une «comédie politique et sociale» qui lui tient particulièrement à cœur, insiste-t-elle. Car si elle aime le divertissement pur, elle a surtout besoin de s’engager, de porter une parole, un message: «En l’occurrence, le texte et le propos de Lionel sont d’une telle intelligence… La manière dont il traite le sujet des migrants du point de vue des instances européennes et de la communication politique est non seulement originale et brillante mais prête aussi au rire. Un rire cruel et grinçant, certes, mais un rire quand même!

Sort des réfugiés et homoparentalité

Avec une douceur infinie, de sa voix d’éternelle gamine qui assume très bien de vieillir – elle dit adorer ses rides parce qu’elles racontent son histoire –, Isabelle Carré explique alors avoir été particulièrement touchée par cette thématique pour y avoir été confrontée: «Pour me préparer à Maman est folle, de Jean-Pierre Améris, j’ai travaillé avec des associations dans ce qu’on appelle tristement la jungle de Calais.

Le sort des réfugiés me touchait terriblement avant, mais je n’en avais qu’une vision médiatique. Or, quand vous êtes en lien avec eux, que vous partagez leur vie et qu’ils vous offrent leur histoire, cela change complètement votre perspective!» Enthousiaste, elle reprend: «Par son écriture, Lionel Baier nous permet également de chausser d’autres lunettes. En plus, au milieu de tout ça, il aborde aussi l’homoparentalité.»

Là encore un sujet qui fait écho à son vécu, puisque cette artiste multirécompensée – dont un César en 2003 et le Grand Prix RTL-Lire en 2018 – a grandi avec un père homosexuel. Ce dont elle parle d’ailleurs dans Les rêveurs, son (très beau) premier roman, publié en 2018:

«J’ai longtemps bridé mon besoin d’écrire, je ne me sentais pas légitime.

Mais là, suite aux manifs anti-mariage gay et aux slogans «Un papa, une maman» qu’on lisait ou entendait ad nauseam, j’ai eu un besoin impérieux de raconter avec mes mots et ma musique à moi cette époque où on ne pouvait pas être différent, où c’était compliqué de l’être.»

Maman, autrice et comédienne

Vibrante d’émotion, toujours indignée, elle martèle: «Contrairement à ce qui est encore trop souvent répété, non, les enfants de familles homoparentales ne souffrent pas à cause de l’orientation sexuelle de leurs parents. Ce qui les rend malheureux, c’est la stigmatisation qu’ils subissent à l’école ou dans la société. Moi, c’est de cela dont j’ai souffert. Pas de l’homosexualité de mon père grâce à qui j’ai appris la générosité, l’altruisme ou l’écoute de l’Autre. Notamment. La seule option pour régler ce qui ne devrait pas être un problème, c’est un changement de regard. Et c’est Dieu merci le chemin qu’on prend, entre autres grâce à la jeunesse.»

Maman poule d’un garçon et de deux filles de 14, 12 et 10 ans qu’elle trouve «merveilleux» quoi qu’ils fassent, et à qui elle espère transmettre le goût de la liberté de choix, la confiance en eux dont elle a si longtemps manqué et les valeurs qu’elle a reçues, elle mise en effet sur les nouvelles générations:

«De très beaux mouvements sont amorcés et je vois énormément de jeunes en recherche de solutions. Qu’il s’agisse d’environnement ou de société, comme le patriarcat duquel ils font gentiment bouger les lignes, ils sont vraiment très précieux et ont beaucoup à nous apprendre. Il nous faut donc impérativement les écouter!»

Ce qui la comble

«Mes trois vies: maman, autrice pendant qu’ils sont à l’école et évidemment comédienne, que ce soit au théâtre ou pour le cinéma. Avec ça, j’ai tout!»

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