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«Haute couture»: Sylvie Ohayon, des HLM aux quartiers chics

Haute couture sylvie ohayon des hlm aux quartiers chics

Haute Couture permet à Sylvie Ohayon d’aborder aussi ce qui lui est important: la transmission des savoirs. La solidarité féminine. La difficulté d’être mère… et fille. Mais aussi la possibilité d’échapper au déterminisme social.

© Roger Do Minh / Les Films du 24

Il ne faut pas se fier aux apparences. Venue en Suisse présenter Haute couture, porté par l’impeccable Nathalie Baye et la remarquable Lyna Khoudri, l’auteure et réalisatrice Sylvie Ohayon en donne une nouvelle preuve. Car malgré son air de petite fille fluette et fragile, cette quinquagénaire d’origine juive tunisienne et kabyle dégage une force peu commune. Un trait qu’elle dit devoir à son enfance: «Née de père inconnu, j’ai grandi aux 4000 (une cité HLM de La Courneuve, au nord de Paris, ndlr), dressée plutôt qu’élevée par un beau-père violent et une mère tarée. Mais pour peu qu’on ait une nature solide, ça vous apprend à vous battre, à vous fabriquer de l’espoir et à vous fixer des objectifs. Le mien, c’était d’avoir une autre vie. Alors j’ai lu (la littérature m’a sauvé la vie!), j’ai travaillé dur et j’y suis parvenue!»

«Le Jacques Séguéla de La Courneuve»

De fait, raconte-t-elle, malgré les galères de toute sorte qu’elle digère en dansant et grâce à ses amies, elle s’acharne. Et, boursière, suit les hautes études qui lui permettent de réaliser son premier rêve: devenir «le Jacques Séguéla de La Courneuve».

Seize ans durant, elle prête ainsi son talent à de grandes agences de pub et signe des campagnes et slogans restés dans les mémoires pour Wonderbra (Regardez-moi dans les yeux… j’ai dit les yeux!), Air France (Faire du ciel le plus bel endroit de la Terre) ou encore Blédina (C’est compliqué d’être mère), Nespresso, Orange, Citroën, etc. Nom reconnu dans ce monde, elle jongle entre son métier, ses deux enfants qu’elle adore «même si ce n’est pas simple tous les jours» et son époux… dont elle découvre brutalement les infidélités. Le coup est rude, elle divorce. Mais rencontre peu après le publicitaire Elie Ohayon, avec qui elle se marie.

En 2009, nouveau choc: elle perd son emploi. C’est alors que son compagnon, conscient que sa plume ne se limite pas à des formules fortes, la pousse à écrire son histoire. En 2011, elle publie donc Papa was not a Rolling Stone chez Laffont. Un succès qui lui vaut d’être courtisée par l’industrie du cinéma.

«Née de père inconnu, j’ai grandi aux 4000 (une cité HLM de La Courneuve, au nord de Paris, ndlr), dressée plutôt qu’élevée par un beau-père violent et une mère tarée. Mais pour peu qu’on ait une nature solide, ça vous apprend à vous battre, à vous fabriquer de l’espoir et à vous fixer des objectifs. Le mien, c’était d’avoir une autre vie. Alors j’ai lu (la littérature m’a sauvé la vie!), j’ai travaillé dur et j’y suis parvenue!»

Sylvie Ohayon

Réalisatrice de «Haute Couture»

Transmission et solidarité féminine

Méfiante, elle décide de faire les choses elle-même. Tout en travaillant à de nouveaux romans, forte de son expérience dans la pub, où elle a notamment collaboré avec Michel Gondry, elle réalise alors la version filmique de son récit en 2014: «C’est plein de maladresses mais… c’est mon histoire et je garde une tendresse infinie pour ce film», glisse-t-elle en souriant. Le temps passe, elle poursuit sa carrière littéraire et s’occupe de sa famille recomposée – ce qui lui fait quatre enfants à pouponner.

Et voilà qu’un hasard de la vie la met en contact avec une couturière de chez Chanel: «D’un côté, il y avait sa gouaille extraordinaire, de l’autre la finesse et la délicatesse de ses gestes… je me suis tout de suite dit que j’aimerais transmettre ça dans un film, rendre hommage à la beauté de ces petites mains, de ces femmes de l’ombre si précieuses mais qu’on ne voit jamais!»

L’idée lui trotte dans la tête, rien ne se concrétise. Jusqu’à ce qu’elle rencontre des problèmes relationnels avec sa fille aînée, Jade, qui ne cesse de la repousser: «Elle ne voulait pas de moi, soit. Mais j’avais tellement envie qu’elle trouve une autre figure féminine qui puisse l’aider à devenir ce qu’elle voulait être, à apprendre un métier… Un jour, j’y réfléchissais et j’ai visualisé cette couturière. C’est comme ça que j’ai commencé à écrire Haute couture!» Soit une histoire qu’elle situe dans les ateliers Dior – qu’elle révère! – et qui, de fil en aiguille, lui permet d’aborder aussi ce qui lui est important: la transmission des savoirs. La solidarité féminine. La difficulté d’être mère… et fille. Mais aussi la possibilité d’échapper au déterminisme social. Un scénario brodé sur mesure, en somme…


Haute couture, de Sylvie Ohayon, avec Nathalie Baye et Lyna Khoudri, en salle dès le 17 novembre 2021.

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