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Club mythique: Studio 54, la genèse de la culture club

Club mythique studio 54 la genese de la culture club

Andy Warhol, Calvin Klein, Brooke Shields avaient leurs habitudes au Studio 54. Quant à Steve Rubell, il ne se lassait pas d’être pris en photo aux côtés des stars qui faisaient la notoriété de son club, où la débauche était élevée au rang d’art.

© Getty Images

Son logo trône au panthéon des sigles les plus célèbres de tous les temps, sa légende est documentée par des centaines d’archives photographiques de stars qui s’y retrouvaient tous les soirs. S’il ne fallait en garder qu’un pour illustrer la culture du clubbing, ce serait lui: le Studio 54. Localisé à Broadway, New York, très exactement au 254 ouest de la 54e rue, l’ancien théâtre reconverti en discothèque a vu la jet-set internationale s’étourdir jusqu’à en perdre la tête sur des rythmes survoltés entre ses murs dès la fin des années 70.

Quelques noms de célèbres noctambules pour se mettre en piste? Grace Jones, Diana Ross, Donna Summer, Liza Minnelli, Bianca Jagger, Paloma Picasso, la styliste Diane von Fürstenberg, le couturier italien Valentino, Richard Gere, Jack Nicholson et Sylvester Stallone, le trublion pop Elton John, Frank Sinatra, Dolly Parton, Michael Jackson, Warren Beatty, Jerry Hall, David Bowie, Debbie Harry, Margaux Hemingway, la liste est loin d’être exhaustive. Surtout, scannant inlassablement les faits et gestes des fêtards autour de lui, le faux albinos fabuleux et roi incontesté du pop art Andy Warhol y passait ses soirées en compagnie de son ami Truman Capote et de sa clique de superstars. Fasciné par le faste et la décadence de la nuit, l’artiste s’empressait de dicter chaque détail de la veille dès son réveil à sa collaboratrice Pat Hackett.

Dans The Andy Warhol Diaries, son journal intime paru à titre posthume en 1989, Warhol ne se gênait pas d’étaler au grand jour les frasques fleurant bon le combo croustillant sex, drugs & disco music, propres au Studio 54. Au moment de la sortie du livre, le cofondateur du club, Steve Rubell, déclarait à la télévision:

«Andy nous a tous rendus fous avec les anecdotes qu’il révèle dans son journal, mais on ne peut rien faire puisque… tout est vrai!»

Pour qu’elle ait pleinement lieu, l’alchimie a besoin du bon timing. L’histoire du club en est l’illustre exemple. Dans un entretien accordé à L’Express en octobre 2018, le photographe Allan Tannenbaum se souvenait: «Le Studio 54 ouvrait ses portes en avril 1977, une époque de liberté après la guerre du Vietnam et juste avant les années Reagan, après la pilule et avant le sida.» L’ouverture coïncide avec l’apogée du disco, un phénomène musical né à l’intersection des communautés afro, latino et italo-américaines aussitôt érigé en riposte au rock, la culture dominante du début des années 70. Le disco et ses rythmes endiablés est non seulement libérateur, il est aussi un moyen pour les minorités telles que les communautés LGBTQIA+ et les populations racisées d’exorciser les démons de leurs oppressions en dansant.

Un safe space pour les minorités

Flanqué de son complice Steve Rubell, jeune avocat de 33 ans à l’époque, l’entrepreneur Ian Schrager a eu le bon flair au milieu des années 70. Aujourd’hui âgé de 75 ans et reconverti entretemps en promoteur immobilier, Schrager ne se remet pas du succès phénoménal et instantané du club.

«Lors de la soirée d’ouverture, Rubell m’a appelé à cinq heures du matin pour m’informer que le New York Post avait mis une énorme photo de nous avec la diva pop Cher sur sa couverture. Nous avions l’impression d’être les rois du monde», se remémore-t-il dans une interview accordée à la Deutsche Presse-Agentur en juillet 2021.

Au-delà des stars, si on parle aujourd’hui de safe spaces, soit de lieux sûrs pour les minorités, le Studio 54 était pionnier en la matière. «La diversité a apporté cette énergie sauvage avec elle. Comme moi, beaucoup d’homosexuels avaient l’habitude de cacher leur orientation sexuelle. Pour la première fois, ils se sentaient suffisamment en sécurité dans le club pour se défouler», poursuit l’ancien patron.

33 mois de liberté et d’hédonisme absolus

De nombreux films de fiction et documentaires ont tenté de capturer ou reproduire la magie de l’instant, comme récemment dans la série Halston sur Netflix, où l’on voit le styliste américain aux lunettes noires orchestrer ses arrivées en limousine, entouré de sa bande sous les flashes des paparazzi, esquissant un signe de la main royal en direction du commun des mortels dans la file d’attente. Toute une époque. Les meilleures histoires sont souvent les plus courtes. Celle du Studio 54 n’aura duré que 33 mois.

Premier coup dur pour Rubell et Schrager, ils se font arrêter et sont contraints de fermer le club suite à une perquisition dans la nuit du 31 décembre 1979. A l’intérieur, la police avait découvert l’équivalent de… 2,5 millions de dollars de drogue. A leur sortie de prison, treize mois plus tard, rien ne sera plus pareil. Le vent a tourné à New York au tournant des années 80. Le club fermera définitivement ses portes en 1986, trois ans avant que Steve Rubell ne soit emporté à 45 ans par une hépatite et un choc septique des suites de complications dues au sida. Emportant avec lui une des sagas les plus fabuleuses des nuits new-yorkaises.

Bianca au pays des merveilles

Pour célébrer les 30 ans de Bianca Jagger, alors mariée à Mick Jagger, le leader des Rolling Stones, Halston avait organisé une fête mémorable au Studio 54 le 2 mai 1977. Arrivée sur un cheval blanc, vêtue d’une robe du designer et de Manolo Blahniks aux pieds, Bianca se faisait entraîner dans la salle par un homme nu couvert de paillettes d’or.

© Getty Images

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