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À chacune son héroïne: Les personnages qui ont marqué les femmes

A chacune son heroine personnages qui ont marque les femmes

«Heureusement, on voit désormais arriver des modèles comme Elsa, de La Reine des Neiges, une jeune femme qui veut conduire sa vie comme elle l’entend, bien loin de la passivité tragique de la Belle au bois dormant, qui, elle, attendait l’homme pour être réveillée, autant dire un lourd symbole…» - Elsa Godart, philosophe et psychanalyste

© Disney

Un costume bleu électrique, un masque à oreilles pointues, une cape or, un regard conquérant… Batgirl, incarnée par l’actrice Leslie Grace, devrait débarquer sur nos écrans courant 2022, prête à prendre le relais d’une série de superhéroïnes s’étant succédé dans les fictions de ces dernières années. Superwoman, Carol Danvers (Captain Marvel), Black Widow, ou encore Jessica Jones, autant de personnages aux forces quasi illimitées, reflets d’une époque qui cherche à rééquilibrer les pouvoirs dans la société. Si l’engouement du cinéma pour les filles badass de la BD est assez récent, les spectatrices d’avant les années 2010 et 2020 n’étaient pas pour autant orphelines d’héroïnes puissantes et inspirantes. Leur nombre était juste considérablement plus limité. «On voyait relativement peu d’héroïnes existant pour elles-mêmes dans le passé, observe Delphine Jeanneret, responsable adjointe du Département Cinéma de la HEAD. Auparavant, les personnages mis en avant étaient presque systématiquement tous des hommes, et en tant que femme, on s’est souvent identifiées à ces figures masculines.»

Ellen Ripley dans la saga Alien. Sarah Connor qui tient tête aux robots des Terminator. Buffy décimant les vampires de son campus. Jusqu’aux tenaces Dana Scully des X-Files et Katniss Everdeen des Hunger Games. Dans un article publié en décembre 2021, le New York Times constatait de son côté que les films du Seigneur des Anneaux sont un peu devenus l’équivalent de Star Wars pour les jeunes femmes millenials. La raison? Ces spectatrices aujourd’hui âgées de 25 à 40 ans ont trouvé dans cette trilogie des personnages féminins courageux et inspirants, avec qui elles entretiennent une véritable relation affective. On l’aura noté: toutes ces fictions appartiennent aux domaines du fantastique et de la science-fiction.

Un hasard? Pas vraiment. «L’émergence de la femme forte sur les écrans s’est opérée plus rapidement via le cinéma de genre, car il était plus facile de jouer avec les codes pour les renverser, s’en affranchir, éclaire Delphine Jeanneret. On voyait arriver des personnages féminins avec une psychologie, une autonomie propre, qui n’étaient plus les faire-valoir d’un héros masculin central.» Et heureusement.

Révéler nos pouvoirs insoupçonnés

Car loin de n’être que des figures de divertissement, les personnages de fiction ont un rôle majeur dans notre développement psychique et dans la perception de notre place dans la société. Des chercheurs de l’Université de l’Ohio, aux États-Unis, ont notamment démontré que les figures fictionnelles pouvaient nous influencer au point de modifier notre comportement.

«Le processus d’imitation et d’observation est l’un des mécanismes de base de l’apprentissage chez les enfants», note Edouard Gentaz, professeur en psychologie du développement à l’Université de Genève.

C’est ainsi entre les âges de 7 et 17 ans que les individus sont les plus perméables à l’influence des personnages de fiction, fait remarquer la philosophe et psychanalyste Elsa Godart: «C’est une période où ils cherchent des figures symboliques auxquelles adhérer. La fonction cathartique des films ou des séries est puissante, elle permet, en voyant toutes ces actions et ces émotions jouées en dehors de soi, de prendre conscience de ses propres affects et de mieux les gérer.»

Ces héroïnes et héros de fiction aident par la même occasion à réaliser des choses dont on ne se croyait pas capable. Ils révèlent les pouvoirs parfois ignorés des spectateurs. En tant que femme, la fréquentation d’un personnage féminin pourra donc avoir de profondes répercussions sur son parcours d’adulte selon le comportement à l’écran de cette héroïne. «Sur ce point, je pense d’ailleurs qu’on sous-estime trop souvent l’influence des dessins animés, qui présentent des modèles différents très tôt dans la vie, pointe la philosophe et psychanalyste. Autrefois, les petites filles étaient majoritairement mises face à des princesses Disney qui n’agissaient que pour ou grâce à un personnage masculin. Heureusement, on voit désormais arriver des modèles comme Elsa, de La Reine des Neiges, une jeune femme qui veut conduire sa vie comme elle l’entend, bien loin de la passivité tragique de la Belle au bois dormant, qui, elle, attendait l’homme pour être réveillée, autant dire un lourd symbole…»

Mononoké, princesse révolutionnaire

Évidemment, pas besoin d’aller vers des héroïnes qui usent de la violence pour trouver des modèles féministes crédibles. La plupart des figures passant haut la main le test de Bechdel (qui consiste grosso modo à mesurer le degré d’action et d’autonomie d’un personnage féminin dans une histoire), ont le potentiel pour inspirer les jeunes spectatrices. «Pour ma part, Mary Poppins me fascinait enfant, parce qu’elle trouvait seule des solutions, elle tenait la baraque et avait quelque chose de fort et de magique, décrit Delphine Jeanneret. Je pense également à plusieurs figures féminines de Miyazaki, dont la princesse Mononoké, qui ont marqué toute une génération.»

Mais au fait, comment choisit-on ses modèles? Pourquoi telle héroïne nous marquera plus qu’une autre? «La manière avec laquelle on s’identifiera à un modèle dépend en grande partie de notre personnalité, qui est une composante découlant de notre tempérament et des interactions avec l’environnement, indique Edouard Gentaz. On élit des personnages de fiction comme ses modèles selon ce qu’on voudrait avoir ou ce qu’on pense avoir.»

Au point qu’à la fin, il soit légitime de se demander si c’est vraiment l’héroïne qui nous influence, ou si nous ne faisons qu’y trouver une image illustrant ce qui existe déjà en nous. «Je pense que ces puissants personnages féminins de fiction n’inventent rien, ils ne font que rendre visible une réalité de la société qui fait peur et qu’on a longtemps craint de montrer, avance Elsa Godart. Ces héroïnes s’autorisent à être ce qu’elles sont au plus profond d’elles-mêmes, et elles nous l’autorisent aussi, par la même occasion.»

Après notre appel sur les réseaux sociaux, des internautes de diverses générations nous parlent de 13 figures féminines qui les ont inspirées.

Vos héroïnes préférées

Thelma et Louise (Geena Davis et Susan Sarandon), 1991
«OK, il finit mal, mais le road trip de ces deux femmes est tellement libérateur! En découvrant ce film, je suis tout à coup entrée en résonance avec cette soif de tout lâcher et de partir loin de tous les hommes qui nous ont humiliées. Ces deux héroïnes refusent tout compromis pour devenir elles-mêmes.»
- Carole, 54 ans

Elsa, La Reine des Neiges, 2013-2019
«Je pense que c’est la première héroïne de dessins animés qui, loin des princesses Disney d’autrefois, envisage d’abord son avenir en tant que femme et pas juste comme épouse ou maman. Un peu avant, il y avait aussi eu Merida, déjà très rebelle face aux injonctions. Elles sont très inspirantes pour des petites filles.»
- Flavie, 18 ans

Erin Brockovich (Julia Roberts), 2000
«J’ai justement consacré mon travail de maturité sur cette fameuse affaire Brockovich et suis par la suite devenue ingénieur chimiste.»
- Laure, 40 ans

© Film Archive Alamy

Angela Bauer (Judith Light), Madame est servie, 1984-1992
«Elle est le personnage féminin qui a marqué mon enfance. Déjà parce que cette héroïne était publicitaire, et puis parce que cette série a bousculé les codes: une femme de pouvoir et un homme objet qui fait le ménage. J’aimais beaucoup son look, et aussi le fait qu’elle soit cérébrale, maladroite et rigolote! Encore une fois, les codes étaient différents de la réalité. Je l’ai compris plus tard.»
- Laurianne, 36 ans

Samantha Jones (Kim Cattrall), «Sex and the city», 1998-2004
«Mon meilleur cours d’éducation féminine (pas que sexuelle): grâce à elle j’ai appris à me respecter, être mon propre juge de mes actions, assumer qui je suis, ma sexualité, mon droit à jouir, à faire de mon bonheur mon job et ma responsabilité, pas celle d’un homme. Je suis reconnaissante d’avoir vu cette série lorsque j’étais ado, ça a sans aucun doute eu un grand impact sur ma vie de femme.»
- Wanda, 36 ans

Hermione Granger (Emma Watson), Harry Potter, 2001-2011
«Elle fait partie des héroïnes qui m’ont le plus marquée. Elle est intelligente, indépendante, et se bat pour l’égalité des droits sans se laisser déstabiliser par tous les commentaires qui tentent de l’en dissuader.»
- Cory, 27 ans

Joanna Kramer (Meryl Streep), Kramer contre Kramer, 1979
«Cette femme qui doit fuir sa vie de famille pour se reconnecter avec elle-même, c’était tellement audacieux et nouveau, et cela faisait (et fait toujours) écho à tant de situations dans les couples.»
- Zoé, 61 ans

© Film Archive Alamy

Bridget Jones (Renée Zellweger), 2001-2016
«Une héroïne du quotidien avec ses préoccupations que j’ai souvent partagées, de la sincérité, de l’humour et la capacité à continuer à avancer la tête haute malgré tout. J’ai relu le premier tome à chaque rupture, un rituel!»
- Christel, 38 ans

Elizabeth McCord (Tea Leoni), Madam Secretary, 2014-2019
«J’adore cette héroïne. Elle représente la femme moderne qui allie carrière et vie de famille. Elle incarne une femme politique engagée, une épouse, une mère, une femme. Elle prouve qu’on peut tout mener sans avoir à choisir.»
- Marie, 24 ans

Nikita (Anne Parillaud), 1990
«À l’époque, je me suis beaucoup retrouvée dans cette fille qui se cherche, à fleur de peau, mais qui a en elle une rage, un instinct de survie qui écrase tout. Elle se reconstruit tout en se jouant petit à petit de la domination des hommes. Comme James Cameron, Luc Besson admire ces héroïnes féminines indestructibles.»
- Catherine, 52 ans

Buffy Summers (Sarah Michelle Gellar), Buffy contre les vampires, 1997-2001
«Ce personnage nous a beaucoup marquées, ma sœur et moi. Une jeune fille qui a les mêmes tracas que nous mais qui tue du démon le soir après les cours. Nous avons, toutes les deux, encore beaucoup d’affection pour cette série et ce personnage.»
- Alison, 28 ans.

© AF Archive Alamy

Sailor Moon1991-1997
«Loin des personnages habituels des dessins animés, elle affichait ses imperfections et devait trouver le courage de se battre contre les monstres en devenant cette guerrière pour qui l’amitié est plus importante qu’un homme! Et j’aimais ce côté midinette rigolote chaque fois qu’apparaissait l’homme masqué.»
- Natacha, 40 ans

Ellen Ripley (Sigourney Weaver) Alien, 1979-1997
«C’est la première fois que je voyais une héroïne dans un rôle qu’on pourrait qualifier de masculin, genre, «grosse artillerie pour dégommer les monstres». J’ai aimé son côté résistante, déterminée, indépendante, et qui se dépasse face à l’adversité. Elle ne manque pas de sensibilité et d’empathie non plus puisqu’elle sauve une petite fille et aussi un chat dans l’un des films.»
- Sonia, 48 ans

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