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A un jet de macaron du célèbre chocolatier Sprüngli de la Paradeplatz, du quartier des banques et de la très mondaine Bahnhofstrasse, le Baur au Lac occupe un emplacement privilégié. Au bord du «Zürisee», il étire son parc privatif, véritable oasis de quiétude unique au cœur de la ville. Son décor Art nouveau, son mobilier empire français, ses gravures et tableaux d’époque, ses vitraux et son ascenseur ancien évoquent ses cent septante ans d’histoire. Depuis 1844, cet hôtel rayonne, fort de sa réputation d’appartenir au top des palaces de Suisse. Et donc du monde… Ses atouts? Un service soigné, une atmosphère «comme à la maison», une discrétion tout helvétique qu’apprécient les hôtes de renom. Preuve en est le nombre élevé de banquiers privés qui reçoivent leurs clients dans les salons tranquilles ou sur la Terrasse du Baur au Lac.

En passant le portail de ce petit palais néoclassique, on se sent immédiatement à l’abri de l’agitation citadine. Comme à la belle époque, un majordome en uniforme blanc à la prussienne salue les visiteurs. Parquée dans la cour, une Rolls-Royce Phantom attend. Instant d’envoûtement: on ferme les yeux et on imagine… Sissi, Louis II de Bavière, des grappes d’aristocrates, se croisant dans les couloirs, les femmes en robes longues, les hommes en jabots, tandis que dans les jardins la politique anime les orateurs. Oui, les bien nés affluaient au Baur au Lac, plus pour l’hôtel que pour Zurich elle-même, et surtout pour y être vu.

Quand, en 1844, l’Autrichien Johannes Baur inaugure son second établissement (le Baur en Ville existait déjà), juste en face du majestueux office des Postes, les journaux de l’époque écrivent en grosses lettres qu’il embellit Zurich. D’expérience, l’hôtelier sait attirer le gotha international et anticiper les désirs des hôtes. Précurseur, il fait installer un bureau de télégraphe, l’électricité, des salles de bains, un ascenseur… Ce véritable palace de légende est toujours resté dans les mains de la même famille. Il est aujourd’hui dirigé par Andrea Kracht, de la sixième génération et descendant d’Emmy, petite-fille de Johannes, et de son mari Carl Kracht. Les Kracht ont fait perdurer l’esprit et la philosophie du lieu. En 2009, ils ont investi des millions et mandaté les designers Pierre-Yves Rochon et Frédéric d’Haufayt pour revisiter toute la décoration.

Grands esprits et petits salons

Dès sa création, l’atmosphère de l’hôtel est celle d’un club privé où les intellectuels aiment se rencontrer. L’auteure pacifiste Bertha von Suttner, comtesse de son état, y croise le fer avec l’industriel suédois Alfred Nobel qu’elle convaincra en 1892 de créer le Prix International de la paix… Le Baur au lac est aussi un centre de gravité pour musiciens: Richard Wagner y donne la première de sa Walkyrie avec son beau-père Franz Liszt au piano. Quant à l’écrivain Thomas Mann, il apprécie tellement la vie sociale de ces salons qu’il en fait sa deuxième résidence. Sasha Guitry aussi, épris du lieu, y installe son bureau «officiel». Ah si les murs de l’hôtel pouvaient parler! Ils conteraient sans doute une multitude d’anecdotes – celles que les hôteliers taisent absolument – sur les êtres illustres qu’ils ont vu défiler: les artistes Marc Chagall ou Joan Miró; le shah d’Iran ou l’Aga Khan; les politiques tel que Henry Kissinger; les stars du 7e Art comme Alfred Hitchcock (qui aimait se faire passer pour un boucher), Audrey Hepburn ou Sofia Loren, Walt Disney… Aujourd’hui, l’établissement est le QG du Festival du film de Zurich. Il continue donc d’attirer les monstres sacrés du cinéma.

Reste que la force du palace est d’avoir su rester proche de la clientèle locale, notamment des gourmands, amateurs des plats de Laurent Eperon. Le chef (17 points GaultMillau) vient de voir son élégant Pavillon, situé dans la rotonde qui donne sur le parc et le canal Schanzengraben, récompensé d’une première étoile Michelin. La jeunesse dorée, les banquiers ou les bourgeoises se donnent aussi rendez-vous sur la chiquissime Terrasse pour siroter un cocktail à la rhubarbe à la tombée de la nuit. L’ambiance cosmopolite produit ses effets. Et tant pis pour les ratés comme le jour où Yves Saint Laurent est apparu sur la terrasse vêtu d’un veston blanc, et a été pris pour un serveur par un petit arrogant, qui lui a reproché la lenteur de son service… Au final, les Zurichois et les étrangers se sentent au Baur au Lac comme à la maison.

A lire

«Mémoire d’un palace; Baur au Lac», de Jean des Cars, Ed. Flammarion 2002.

Le «Bauer» en chiffres

  • 120 chambres.
  • 3800 fr. la nuit la plus chère (en Deluxe Corner Suite).
  • 1 million de bouteilles peuvent être conservées dans la cave à vins.
  • 221 employés.
  • 1000 fleurs décorent chaque jour le palace.
  • 1 Rolls-Royce Phantom est proposée à la location.

Portrait de Franz Xaver Winterhalter (1865).Elle y a posé ses valises

En 1867, l’impératrice Elisabeth d’Autriche – la belle Sissi – séjourna tout l’été au Baur au Lac accompagnée de deux princes et des 60 personnes de sa suite… Elle y reviendra régulièrement faisant de l’hôtel sa résidence royale. Elle y accueille notamment sa sœur, la reine de Naples, qui doit fuir le royaume de Naples tombé aux mains de Garibaldi.

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L’eau: si l’hôtel baigne dans le Schanzengraben (le fossé de la redoute) avec sa rotonde à la proue, le Zürisee borde son parc au sud, au-delà de la Bürkliplatz.

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La déco: du marbre, des teintes sobres, des lumières douces… les intérieurs rénovés par les designers Pierre-Yves Rochon et Frédéric d’Haufayt déclinent tous les composés de l’élégance.

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La terrasse: au cœur de la ville, elle offre une oasis de verdure et constitue l’un des rendez-vous les plus exclusifs de Zurich.

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