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L'influence Netflix

Pourquoi la mode dans les séries nous fascine-t-elle autant?

Pourquoi on adore la mode dans les séries TV?

Daphne Bridgerton, Rachel Green, Beth Harmon et Emily Cooper, ces influenceuses du petit écran qui ont du style.

© Liam Daniel/Netflix

Un corset, une robe empire et des bijoux de perles: les pièces désirables du moment. Non pas pour cette soirée déguisée repoussée maintes fois, mais si l’on veut s’inspirer du vestiaire de Daphne Bridgerton, protagoniste de la série à succès La Chronique des Bridgerton. La tendance Regencycore (du nom de la Régence anglaise) s’affirme, si l’on en croit les colonnes de la presse féminine. Pourquoi ces codes stylistiques tout droit sortis des années 1800 - et difficilement portables - affolent le web? Les séries TV ont plus que jamais infiltré nos vies depuis le début de la pandémie. Emily in Paris, Le Jeu de la dame, Euphoria, Sex and the City ou Friends, contemporains ou non, ces shows populaires inspirent le public avec leurs looks caractéristiques.

«La série existe sur le long terme. Contrairement au film, elle pose une esthétique et travaille une véritable identité mode», commente Alexandra Jubé, fondatrice du bureau de tendances éponyme.
© Netflix

Accros aux séries TV

Tandis que les habituelles sphères de l’influence se tarissent, comme les événements auxquels se bousculent les stars ou les images de street style après les défilés, les séries sont au contraire une source inépuisable d’inspiration. Les programmes affluent sans discontinuité sur les plateformes de streaming, et puisque nos loisirs sont limités, on binge-watche allègrement les catalogues de Netflix et compagnie.

Le spectateur a le temps de s’attacher aux personnages d’une série, et cela génère une volonté de leur ressembler. «Lorsque les héros s’inscrivent dans une société similaire à la nôtre, il est facile de se projeter. Notre relation au protagoniste devient personnelle, presque intime», explique Dinah Sultan, styliste au bureau de tendances Peclers Paris.

Cela n’explique pas pour autant l’engouement spectaculaire pour la tendance Regencycore. «Ce retour à une mode contraignante, avec ses corsets, est surprenant. Un contre-pied total à ce que l’on vit actuellement», s’étonne Dinah Sultan. La styliste analyse cet intérêt comme un besoin de réenchanter le quotidien. «Ce côté historisant nous transporte dans une période où la société et la bienséance étaient différentes, et au niveau du style, on assiste à l’émergence d’un nouveau marché.»

Sur les défilés de mode, Aude Fellay remarque également «un écho au vêtement historique, notamment chez Loewe ou Erdem». La maîtresse d’enseignement de la filière Design mode à la HEAD de Genève complète: «Les créateurs répondent au contexte actuel. Ils regardent comme nous les séries à la maison.» On vous l’avoue, le total look Régence pour fouler le carrelage de la Migros, on hésite. En revanche, une jolie robe empire encanaillée par une veste en cuir et des baskets, au printemps, pourquoi pas.

Vintage mania

Par ailleurs, les séries ancrées dans les années 80 ou 90 inspirent particulièrement, puisque les tenues résonnent avec les tendances d’aujourd’hui. Le personnage de Rachel Green incarné par Jennifer Aniston dans Friends est considéré comme une icône. «C’est la it-girl, mais aussi la girl next door dont on peut facilement recréer le look», reconnaît Aude Fellay.

Pour Dinah Sultan, «le personnage de Rachel permet de se projeter dans l’émancipation, car elle est d’abord serveuse et finit gérante de pôle chez Ralph Lauren. Elle a contribué à l'empowerment des femmes et son style dénote cette évolution. Cela explique la fascination que lui porte le public.»

Débusquer les pièces portées par nos héros

Toutefois, si les séries sont depuis longtemps une source d’inspiration, «il est plus facile aujourd’hui de recréer les looks des personnages, notamment grâce à l'explosion du e-commerce», poursuit la styliste. Trouver la minijupe de Jules d'Euphoria est possible grâce aux communautés digitales qui traquent ces pièces, comme Spotern. Instagram est également l’allié de quiconque a flashé sur une tenue, puisqu’il existe bon nombre de pages qui décortiquent les looks des personnages.

© Netflix

L’influence des séries sur nos envies stylistiques est quantifiable. Les sites Lyst et Stylight publient régulièrement des analyses comparatives sur les recherches des internautes, avant la sortie d’une série et après son lancement. C’est ainsi que le bob Kangol engendre +342% d’intérêt après avoir été porté par Lily Collins dans Emily in Paris, tandis que les baskets Nike Air Jordan chaussées par Omar Sy dans Lupin font monter les stats jusqu’à +460% de clics. Autre exemple, dès la sortie du Jeu de la dame, les recherches pour les manteaux à carreaux revêtus par Anya Taylor-Joy explosent à +383%.

© Netflix

«Si l’on estime que la personne qui porte cette pièce a bon goût, on achètera la même», explique la spécialiste des tendances Alexandra Jubé. «Le spectateur retient l’élément marqueur de style, la signature du look», complète la styliste Dinah Sultan.

Le marketing n’est jamais loin

«Les marques savent que les séries sont un vecteur d'influence puissant grâce à leur visibilité», renchérit Alexandra Jubé. Que ce soit en plaçant des produits ou en lançant des collections a posteriori, les marketeurs ciblent les jeunes. Stranger Things, par exemple, a frappé fort en collaborant notamment avec H&M, Levi’s, Nike, Pull & Bear et Louis Vuitton. Dinah Sultan prévient toutefois: «la série doit-être culte et surtout ne pas survendre sa licence pour éviter de tuer son image.»

Trois questions à Elodie Vionnet, costumière de cinéma

FEMINA Comment la costumière choisit-elle la garde-robe d’un personnage?
Elodie Vionnet «C’est une collaboration avec le metteur en scène. Le point de départ est la personnalité du protagoniste, puisque le but du costume est d’accentuer ses traits de caractère. L’acteur doit être à l’aise dans le vêtement, mais n’est pas obligé de l’apprécier: il doit se dissocier du rôle. Pour la websérie Bâtards, nous avons changé les costumes trois jours avant le début du tournage, un challenge! Les habits des enfants devaient paraître hors du temps, mais aussi tenir bien chaud, car nous filmions en février.»

D'où proviennent les costumes?
«Dans l’industrie du cinéma, nous favorisons la location de vêtements. Si rien ne convient, nous confectionnons les pièces ou nous les achetons dans le commerce. Entre costumières, on échange aussi nos stocks personnels. J’évite d’acheter du neuf, par conscience écologique, mais aussi parce qu’un vêtement usé est plus réaliste. En Suisse, il n’y a pas de grosses productions: les séries locales ont peu d’influence, donc les partenariats avec les marques fonctionnent rarement.»

Où trouvez-vous l’inspiration?
«Absolument partout! Les photos de mode, les sculptures, les jeunes. J’aime me balader dans les rues. Chaque ville a sa propre mode, que ce soit Paris, Bruxelles ou Neuchâtel. Pinterest est également un outil formidable. La costumière peut aussi se référer à d’autres œuvres cinématographiques. Pour un film comme Le milieu de l’horizon, dont l’histoire se déroule dans les années 70, nous nous documentons sur la mode de l’époque grâce à des livres, des films et, bien sûr, internet.»

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