culture
Exposition: L’Oréal et le Musée du Louvre célèbrent la beauté
Qu’est-ce que la beauté révèle de nous, de nos valeurs et de nos perceptions du monde? Bien plus qu’un simple idéal esthétique, elle se fait le miroir des aspirations, des croyances et des transformations d’une société. C'est en tout cas cette réflexion que propose «De toutes beautés!», un parcours né d'une collaboration entre le Louvre et le groupe L'Oréal. Depuis le 13 novembre 2024 et jusqu'à mars 2027, les visiteurs sont invités à explorer 10’000 ans d'histoire de la beauté à travers une sélection de 108 œuvres, toutes signalées par des cartels spécialement dédiés.
L’idéal classique et le culte du corps parfait
Parmi les œuvres d’art sélectionnées, certaines viennent tout droit de la Grèce antique, époque durant laquelle la beauté incarnait la perfection physique et morale. En effet, elle est un modèle à atteindre et véhiculait ainsi des valeurs philosophiques et politiques fortes. La statue d’Hermès Richelieu reflète cet idéal grec: des proportions parfaites, un corps sculpté, une attitude de calme et de maîtrise de soi. Le canon de beauté grec ne cherche pas simplement à séduire, mais plutôt à exprimer une harmonie entre le corps et l’esprit.
Aujourd’hui encore, cette influence persiste. Dans notre société, obsédée par les standards véhiculés par les médias et les réseaux sociaux, l’idée de perfection physique demeure une aspiration. Ce modèle continue de modeler notre perception du corps, le tout dans une époque où l’on est constamment confronté à sa propre image. Le parcours du Louvre souhaite donc nous faire réfléchir sur cette obsession moderne pour le corps idéal, en montrant ses racines et ses significations bien plus profondes qu’un simple effet de mode.
L’importance des cosmétiques
La beauté a en fait toujours occupé une place de choix dans l’histoire de l’humanité. Que ce soit par la représentation du corps idéal ou par les rituels de soin. Au sein du parcours, certaines œuvres offrent une plongée fascinante dans ces coutumes d’antan.
Prenons le portrait de Néfertiabet, noble égyptienne de la IVe dynastie. Ses produits, soigneusement préparés, sont représentés avec elle dans sa tombe. Pour les Égyptiens, ils ne servaient pas qu’à embellir le corps, ils accompagnaient l’âme dans l’au-delà. Cet exemple souligne l’importance du soin dans une société pour laquelle la l’esthétique et la spiritualité étaient indissociables. Ainsi, ce rituel de beauté va bien au-delà de la coquetterie: il devient un élément essentiel de la quête d’immortalité. «Si le projet met en avant les corps, il présente également l’importance des cosmétiques d’hier et d'aujourd'hui», explique Delphine Urbach, directrice «Art, culture et Patrimoine» de L'Oréal, qui a également porté le projet au Louvre.
Genre et inclusion: les nouvelles voix de la beauté
«De toutes beautés!» interroge également la question de la frontière du genre à travers des œuvres symboliques, dont L’Hermaphrodite endormi, une sculpture qui incite la spectatrice et le spectateur à reconsidérer la binarité traditionnelle des genres. Cette représentation audacieuse d'un corps à la fois masculin et féminin remet en cause les définitions rigides du beau. Elle suggère une vision fluide, inclusive, loin des catégories fixes.
Ce thème est d’ailleurs particulièrement pertinent à l’heure où les représentations de genre et de diversité se redéfinissent dans les médias et les mouvements sociaux. Pour Delphine Urbach: «La beauté devient alors un vecteur de tolérance et d’acceptation, une force unificatrice qui transcende les frontières traditionnelles du genre et de la culture».
Alors qu’elle était autrefois un idéal religieux ou philosophique, la beauté est aujourd’hui un champ d’expression sociale et politique. Les enjeux modernes de l’inclusion, de l’identité et de la diversité redéfinissent notre conception de l’esthétique et en font un terrain de réflexion sur notre société.
Des œuvres qui se racontent
Notons que ce dialogue si particulier entre passé et présent est notamment rendu possible grâce à une médiation inédite, portée par l’application numérique développée par le Louvre et L’Oréal. «Par des récits à la première personne accessibles via un QR code imprimé sur les cartels, chaque œuvre devient un témoin vivant des idéaux et des questionnements de son époque», précise Delphine Urbach. Ce parcours pousse ainsi à une introspection pour questionner les valeurs que nous projetons encore aujourd’hui sur la beauté.
Enfin, l’initiative nous propose un voyage bien au-delà de l’esthétique. Elle nous montre combien elle est riche de significations, traversant les cultures et les siècles pour devenir un langage universel qui parle des valeurs et des transformations de chaque civilisation. Que nous explorions le culte grec de la perfection, le raffinement des rituels égyptiens ou l’ouverture à la diversité moderne, cette exposition nous rappelle que la beauté n’est jamais superficielle: elle est un miroir de l’humanité et un espace de dialogue pour penser notre époque.