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Vie d'expat: Elle a lancé ses créations en macramé au Brésil

Vie d'expat: Elle a lancé ses créations en macramé au Brésil

Cet été 2024 nous donnons la parole à des Suissesses qui vivent hors de la frontière. Ici, Sabrina, qui a fondé sa famille après être partie au Brésil.

© DR

Juillet 2019, mon avion s’envole pour le Brésil. À ce moment-là, j’envisage de voyager quelques mois, peut-être une année. Une chose est sûre: je n’imagine pas que cinq ans plus tard, j’y habiterais encore, entourée de mon compagnon et de notre fils.

Mon histoire avec le Brésil ne date pas d’hier. Je m’y suis rendue pour la première fois enfant, guidée par mes parents et leur amour de la découverte. Nous avons séjourné dans la maison de vacances d’une amie d’enfance, à Santa Cruz Cabralia, dans l’État de Bahia. À cette première expérience s’ajoute une deuxième, quelques années plus tard.

Entre deux contrats de travail, je suis partie rendre visite à cette fameuse amie, qui étudiait alors à Rio de Janeiro. Elle m’a fait visiter la ville et découvrir la culture brésilienne, les danses et musiques traditionnelles, les spécialités culinaires et autres coutumes, mais aussi les inégalités sociales, présentes dans tout le pays. Nous sommes ensuite retournées dans sa maison de vacances à Bahia, où elle m’a présenté son groupe d’amis de la région. C’est là que j’ai rencontré pour la première fois Rafael, sans savoir que, dix ans plus tard, il deviendrait le père de mon enfant.

Retour en terres brésiliennes

Un mois s’est écoulé et il a fallu que je rentre en Suisse. J’ai repris le fil de ma vie quotidienne. Les années ont passé, et une sensation grandissait en moi: j’avais le profond sentiment que quelque chose m’attendait à l’autre bout du monde. Une sensation tellement forte qu’un jour, j’ai pris la décision de tout quitter. Il fallait que je parte voyager. J’étais si sûre de moi! Rien ne pouvait me faire changer d’avis.

En quelques mois, j’ai vendu ma voiture, quitté mon appartement et mon poste de travail. Je suis partie sac au dos, avec l’intention de découvrir l’Amérique latine, en me laissant guider par les événements.

Pour commencer mon périple, je me suis naturellement dirigée vers le Brésil, bercée par ces deux expériences qui m’avaient laissé un souvenir si positif. En juillet 2019, j’ai atterri à Alto Paraiso, dans la région centre ouest du pays, avec une amie de Suisse.

Après deux mois d’excursion, je suis retournée à Bahia, puis à Santa Cruz Cabralia. C’est là que mon chemin a croisé à nouveau celui de Rafael, rencontré dix ans plus tôt, avec qui j’avais toujours gardé contact. À partir de là, on ne s’est plus quittés. Après quelques mois de voyage au Pérou, nous avons rénové une petite cabane de plage et monté une boutique de glaces Açai. Je suis tombée enceinte quelques mois plus tard et ai donné naissance à notre fils Kai en août 2020.

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Sabrina avec son fils Kai. © DR

Une grossesse au milieu d’une pandémie

J’ai passé ma grossesse dans la maison familiale des parents de Rafael. La pandémie de Covid-19 venait de commencer, et toutes les frontières étaient fermées. À ce moment-là, j’étais totalement en immersion dans la vie quotidienne brésilienne. Je n’avais aucun contact avec des touristes ou d’autres personnes qui parlaient français. Il fallait donc que je me débrouille pour parler le portugais. Et grâce à mon entourage, j’ai vite appris!

Quand mon fils a eu trois mois, nous avons repris la route et visité le Brésil pendant une année et demie. Mais tout nous ramenait à Santa Cruz Cabralia, où nous habitons aujourd’hui. Ce petit village de pêcheurs est très chargé en histoire. Un peuple indigène, nommé Pataxo, vit à proximité. Nous résidons dans un appartement à quelques pas de la nature et de l’océan. Ici, on pratique le surf et le canoë. La végétation est dense et le climat humide. On y trouve des forêts de mangroves et énormément de fruits tropicaux. Une rivière longe une partie de notre village. Nous devons la traverser en bateau pour accéder aux localités voisines.

Les Brésiliens et Brésiliennes sont tellement accueillant-e-s! Les ami-e-s que je me suis faits ici m’ont toujours soutenue dans mon processus d’insertion. Ils et elles ne m’ont jamais jugée pour mes erreurs de langage ou ma mauvaise prononciation. Après notre emménagement, j’ai commencé à travailler dans une boutique de seconde main et un café, ce qui m’a permis de m’intégrer davantage dans le village. Mais cela n’était pas suffisant financièrement, il fallait donc que je trouve une autre solution.

Vie d'expat: Elle a lancé ses créations en macramé au Brésil
© DR

Le rêve d’être artiste

Je ne savais pas du tout où me diriger professionnellement. Je me suis dit: «Sabrina, qu’est-ce que tu sais faire de tes mains?» J’ai toujours été une personne très manuelle et créative. L’art a toujours eu une place centrale dans ma vie. Je me suis donc lancée dans la création de macramé. J’ai réalisé un premier modèle décoratif. J’ai essayé de le vendre et ça a marché.

Aujourd’hui, je vis de mes créations. Je confectionne des accessoires, des décorations ou encore des vêtements en macramé. Je travaille depuis chez moi. Il y a des fils qui s’emmêlent un peu partout! Je reçois autant de commandes pour la Suisse que pour le Brésil. J’ai toujours rêvé d’être une artiste indépendante. Aujourd’hui, cela se réalise.

Chez moi, la culture suisse a aussi sa place. Je cuisine parfois des plats européens et parle en français à mon fils. Je lui montre des photos de moi étant enfant, dans les paysages montagneux et enneigés.

Cela me tenait à cœur de trouver un joli équilibre entre les traditions suisses et brésiliennes. J’ai d’ailleurs comme objectif de venir en Europe tous les ans, pour que mon fils puisse voir mes parents, mon frère et découvrir mon village d’origine.

En cinq ans, ma vie a radicalement changé. En Suisse, j’étais une toute jeune femme, employée de commerce dans une commune. Aujourd’hui, je suis maman et artiste. Si c’était à refaire, je prendrais exactement le même chemin, car chaque expérience, qu’elle soit positive ou négative, m’a amenée là où je suis actuellement. J’ai quitté la Suisse, car je sentais au plus profond de moi que mon destin était autre part, que «quelque chose» m’attendait. Ce «quelque chose», je l’ai trouvé ici au Brésil, avec mon fils, mon compagnon et ma nouvelle vie d’artiste.

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