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«Mon burn-out m’a sauvée»

Mon burn out ma sauvee

Mon corps, et plus particulièrement mon nerf sciatique, a commencé à me faire mal. Toujours très sportive et en mouvement, je me sentais coincée avec des douleurs inhabituelles. Des sautes d’humeur se sont également installées.

© Alessandra Leimer

Je suis quelqu’un qui ne m’avoue jamais vaincue. Je suis née à Nice, j’ai toujours habité entre le sud de la France et la Suisse. Après avoir été hôtesse de l’air pendant douze ans, j’ai raccroché mes galons à la naissance de mon second enfant. Après une pause maternité de cinq ans, je suis revenue en Suisse fin 2008, des tensions étant de plus en plus fréquentes dans mon couple. Début 2010, je me suis séparée de mon mari. Vivre seule et divorcée n’a pas toujours été facile financièrement. Je voulais offrir un bel avenir à mes enfants. J’ai alors commencé à travailler pour un grand cabinet d’avocats.

Suite à cette expérience, j’ai eu plusieurs emplois dans les départements administratifs d’entreprises internationales. En novembre 2013, j’ai débuté dans un nouveau poste d’assistante administrative d’une boutique de luxe. Dès mon arrivée, on m’a mis des bâtons dans les roues. Battante, j’ai travaillé énormément et j’ai fini par trouver ma place dans l’équipe. Je ressentais beaucoup de pression. Dans le même temps, les relations avec mon ex-mari, qui avait abandonné nos enfants, restaient très conflictuelles. De l’extérieur, j’étais une personne active et une super woman.

Pourtant, tout doucement s’est glissée dans ma vie une intense fatigue physique et psychologique.

Mon corps, et plus particulièrement mon nerf sciatique, a commencé à me faire mal. Toujours très sportive et en mouvement, je me sentais coincée avec des douleurs inhabituelles. Des sautes d’humeur se sont également installées. Je tombais malade et je faisais des grippes à répétition. Mon corps me lâchait, mais je ne pouvais pas me permettre de faire un break. Petit à petit, je me suis senti plonger. Au retour de vacances, à l’été 2015, je suis revenue encore plus fatiguée. Mon médecin m’a proposé de faire une pause d’un mois. J’ai accepté de travailler à 50%. Entre deux perfusions de fer pour mon anémie, je recevais des compliments sur mon travail…

J’ai eu le déclic quand je m’en suis prise à mes enfants. Pour leur chambre qui n’était pas rangée, j’ai explosé. Je me suis vue dans le miroir, mon regard était vide, la vie m’avait délaissée. Ce fameux 4 juillet 2016, à 48 ans, je me suis levée et j’ai dit «Stop». Face à mon médecin, je me suis écroulée. Elle m’a expliqué que je faisais un burn-out et m’a suggéré des médicaments. J’ai bien voulu en prendre, juste au début, je ne voulais pas me retrouver chez moi, anesthésiée. J’ai eu envie de comprendre, pourquoi ça m’arrivait à moi!

Les soins

J’ai suivi un programme dans une clinique de jour, à Zurich, pendant trois mois, deux fois par semaine. A la première visite, je me suis à nouveau écroulée, car il a fallu admettre que ça n’allait pas. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Le médecin en chef m’a dit qu’il fallait de la force et du courage pour demander de l’aide. Ces paroles m’ont fait du bien. J’ai participé à des ateliers d’ergothérapie, de moments présents, d’huiles essentielles ou encore de cuisine. Voir des personnes qui vivaient dans des situations précaires et qui souffraient de maladies graves, en plus du burn-out, m’a donné un regain de positivité. Malgré les différences sociales, des liens très forts se sont tissés entre nous. Nous nous sommes rendu compte que nous avions tous un peu le même profil, à savoir des difficultés à dire non, une recherche de perfection et cette sensation de se faire presser comme des citrons. Il y avait beaucoup d’entraide: quand une personne n’avait pas le moral un jour, une autre essayait de le lui remonter.

Toutefois, au travail, personne n’a pris au sérieux l’annonce de mon burn-out. A la place d’accepter mon arrêt, mon chef m’a proposé de prendre des vacances. J’ai reçu très peu de soutien de la part de mes collègues. J’ai ressenti également beaucoup de tabous autour du burn-out. En outre, durant toute cette période, j’ai été suivie par une psychologue que je connaissais déjà depuis mon divorce. Je lui ai envoyé un appel au secours et elle m’a tout de suite proposé des rendez-vous. Ses séances d’hypnose m’ont permis de comprendre que la séparation avait été l’élément déclencheur de ma dépression. Pardonner a été un élément clé de ma guérison.

L’origine du mal

Pour ma psychologue, nous sommes programmés depuis notre conception. Mon papa était directeur de l’opéra de Nice et professeur au conservatoire national de région de Nice. Ma maman était sa troisième épouse. J’ai été l’enfant tant désiré. Très tôt, il a mis ses espoirs musicaux en moi. J’ai aussi une sœur, mais inconsciemment, mon père m’a toujours considérée comme sa préférée. J’ai grandi dans une cage dorée. Je me suis tournée vers la flûte traversière sans pouvoir vraiment dire si c’était moi qui l’avais choisie. Douée, j’ai pourtant tout arrêté à l’âge de 12 ans.

Ce jour-là, c’est comme si j’avais tué mon père.

A partir de là, nos relations ont été très compliquées. Lors de ma thérapie, j’ai compris que je m’étais battue très jeune pour mes idéaux. Tout n’a jamais été tout rose avec ma famille, j’ai beaucoup appris lors de mes sessions thérapeutiques. Je m’en veux d’avoir causé autant de peur chez ma maman et mes enfants. Ils ne pensaient pas que je puisse aller si mal. La faute à toujours prétendre que tout va bien?

Après six mois de soins et de travail à temps partiel, j’ai repris mon poste à 100%. Une personne de mon équipe m’a accablée en me disant qu’elle avait tout fait pour ne pas me faire licencier. Retomber malade à cause de cette ambiance malsaine n’était pas une option. Le jour de mes 50 ans, un an après mon retour, j’ai démissionné. L’idée d’écrire un livre a alors germé dans ma tête. Si 2020 a été éprouvante pour beaucoup de monde, je ne peux pas en dire autant. Mon livre, Sauvée par mon burn-out (Ed. Baudelaire), est paru et j’ai retrouvé un travail dans la pharma. La lumière est toujours au bout du tunnel!

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