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Ma quête de spiritualité

Aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours sentie différente. Enfant, j’aimais me promener pieds nus dans l’herbe, parler aux arbres et à la lune. Issue d’un milieu bourgeois empreint de rationalisme, j’aspirais au merveilleux. J’étais croyante, mais à ma manière: à mes 10 ans, j’ai dit au pasteur ne pas avoir besoin de lui, car je parlais directement au Bon Dieu. Avec l’adolescence, ça s’est calmé. Il a fallu mes 17 ans pour que ma quête de spiritualité revienne en force. Je me suis intéressée à l’Islam, au bouddhisme, à l’hindouisme et à d’autres religions, dans l’espoir de trouver des réponses au sens de la vie. Mais je n’ai jamais réussi à m’identifier à quoi que ce soit. Peut-être parce que la Bible ou les livres sacrés ont toujours été écrits par des hommes. Et puis, il y a un côté strict et moralisateur qui ne m’a jamais convenu.

A mes 23 ans, je me suis retrouvée seule, enceinte de huit mois. J’étais au plus mal. C’est là que je suis tombée sur l’auteur américain Scott Cunningham, l’un des grands spécialistes de la Wicca, une religion ancestrale aux origines celtes. Cela a été une révélation! Enfin une religion où la femme a toute sa place, où le dieu (le soleil) et la déesse (la lune) sont sur un pied d’égalité. Tout m’a parlé: le contact sacré avec la nature, le rythme des saisons, les fêtes et les rituels. Et cette confirmation que tout est relié dans le monde. J’ai pensé: voilà, je suis une sorcière, tout s’explique.

Bien sûr, je n’en ai parlé à personne

On m’aurait prise pour une folle. A l’époque, la Wicca était pour beaucoup synonyme de magie noire, de sorcellerie. Voire même de secte. Alors que c’est tout le contraire. Cela s’apparente plus à une hygiène de vie. Grâce à Cunningham, j’ai eu des outils pour me relier aux énergies de la terre. Pouvoir fêter le printemps, les pleines lunes, c’est très important pour moi. Il y a aussi un côté protecteur avec les pierres, les runes, le pentagramme… C’est comme si j’avais trouvé ma maison. J’aurais donné n’importe quoi pour trouver un coven, un groupe avec qui partager mes croyances. Malheureusement, en Suisse, ça n’existait alors pas.

Nos prières à la lune

Au début, j’ai pratiqué seule, puis au fil des ans avec mes enfants. Faire nos prières à la lune, c’est quelque chose de très naturel. Ils ont grandi avec ça. A mes 30 ans, alors que je vivais une nouvelle séparation, j’ai découvert le livre «Les Dames du lac», de Marion Zimmer Bradley, une vaste épopée qui revisite le mythe arthurien et dans laquelle on retrouve toutes les valeurs liées à la magie blanche. C’est comme si je renouais avec ma famille: la grande prêtresse Viviane, Merlin l’Enchanteur, le roi Arthur, la fée Morgane… A force de relire ces livres, je me suis dit un jour: et si on allait à Avalon?

C’était il y a six ans. Nous sommes partis, les enfants, ma meilleure amie et moi, à Bristol, pour nous rendre à Glastonbury, dans le Somerset, une jolie petite ville pleine de charme à l’anglaise, complètement décalée avec son côté New Age. Je m’y suis tout de suite sentie chez moi. J’y ai retrouvé les légendes et les histoires qui m’ont fait rêver durant toutes ces années. J’étais heureuse: je me trouvais à Avalon, l’île magique des prêtresses vouées à la Terre Mère.

Une soirée folle

La première fois, nous y avons fêté Samain (ndlr: Halloween), lors d’une soirée elfique. C’était complètement fou. Il faut dire qu’ils y vont à fond côté déguisements. Il y avait des monstres extraordinaires, des fées magnifiques, des «Dieux Cornus», coiffés de bois de cerf, se pavanant torses nus. Tous écoutaient chanter l’Américaine Doreen Virtue, auteure réputée dans le monde pour ses ouvrages sur les anges. J’avais lu les trois-quarts de ses livres: la rencontrer a été pour moi un moment exceptionnel. Le lendemain, nous sommes allés au Chalice Well, jardin où, selon la légende, Joseph d’Arimathie aurait enterré le Saint-Graal, cette coupe contenant le sang du Christ – c’est, dit-on, ce qui donne à la source du lieu son goût particulier.

Oui, parce que Glastonbury est aussi l’un des berceaux de la chrétienté en Angleterre! Entourés de vieilles femmes vêtues de capes violettes, nous avons participé à une cérémonie, sans rien en comprendre. Mais il y avait une telle simplicité, une telle bienveillance… Nous sommes repartis de Glastonbury comblés.

Sur la montagne magique

Depuis, nous y allons tous les ans, chaque fois à une saison différente. Une semaine, pour faire le plein d’énergie. C’est devenu une nécessité. Nous logeons à Hayden House, chez tonton Charlie, qui est devenu un ami, en face de l’abbaye où reposerait le roi Arthur. Samain, Beltane ou encore la lune bleue: tout au cours de l’année, les cycles de la vie y sont célébrés. Par des gens venus du monde entier – du Canada, d’Amérique latine, de Suède… Ce sont chaque fois des moments d’une grande intensité. Et puis il y a la tour de l’archange Saint Michel, sur le Tor, colline réputée magique: je pourrais y rester des heures, à méditer ou à contempler le coucher du soleil. Enfin, et plus que tout, c’est le côté bon enfant que j’aime là-bas. Pas besoin d’étiquette, d’être habillée d’une certaine manière. Toutes les croyances se côtoient le plus naturellement du monde.

Aujourd’hui, si je le pouvais, je vivrais à Glastonbury. C’est chez moi. Comme toutes ces personnes que j’y ai rencontrées, je crois aux anges et aux fées, j’aime la pluie, le vent, et si j’étais plus jeune j’irais danser nue dans les bois (rires). Je suis un mélange de tout. Je me considère d’ailleurs comme une prêtresse dévouée à la déesse. Cela peut paraître grandiloquent, pourtant ça ne signifie rien d’autre que de respecter la nature, aider les autres au quotidien. Et dans ce sens, toute femme est une prêtresse.

Etre reliée ainsi aux énergies m’a permis en outre de découvrir que j’avais des aptitudes de magnétiseuse et que, dans certaines circonstances, je pouvais voir les auras. C’est un long chemin. Qui me permettra un jour, peut-être, de changer de vie en me consacrant totalement aux autres. En attendant, j’essaie de faire du bien autour de moi, de donner de l’amour. J’aide les gens, à mon échelle. Et ça suffit à me rendre heureuse.

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