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«Je co-gère un atelier d’artisanat numérique»

Je co gere un atelier dartisanat numerique

Mon travail actuel est bien loin de celui que j’avais à l’ESA, l’Agence spatiale européenne, mais je continue de communiquer le goût de la technologie et de la science au grand public. Dans cette nouvelle routine, chaque jour est différent, c’est un apprentissage en continu; l’idéal pour une physicienne comme moi, qui se passionne pour le bricolage.

© Sandra Pointet

La science a toujours fait partie de ma vie. J’ai passé mon enfance dans un petit village en Italie où tout le monde se connaissait. Petite, j’allais souvent au musée de la science et j’observais mon père qui bricolait absolument tout, de la voiture à la maison. Il m’a beaucoup appris et m’a transmis sa passion.

Je me suis lancée dans la physique pour deux raisons. D’abord, j’ai toujours aimé expérimenter des choses. Ensuite, c’était comme un défi; je ressentais le besoin de me dépasser personnellement pour tester mes capacités dans un domaine que je trouvais difficile. J’ai étudié la physique à Milan. Après avoir obtenu mon master, j’ai réalisé que l’histoire de la physique me passionnait davantage que la physique elle-même. Ainsi, pendant mon doctorat, j’ai travaillé sur la relation entre la science, la technologie et la société. J’ai toujours considéré la science comme un langage universel.

Mission espace

Une fois mon doctorat en poche, j’ai eu envie de m’engager dans un environnement multiculturel et de quitter l’Italie. A 27 ans, j’ai eu l’opportunité de travailler à l’ESA, l’Agence spatiale européenne, en tant que physicienne spécialisée dans la communication et l’éducation. Ma mission était de simplifier les informations scientifiques des missions spatiales pour le grand public et les écoles. J’aime dire que j’étais une sorte de traductrice! Dans cet univers de travail international, j’ai beaucoup aimé rencontrer des personnes aux cultures très différentes.

Toutefois, après avoir passé cinq ans à l’ESA, j’avais envie de m’éloigner de son organisation structurée et de travailler à mon propre rythme. Toujours installée aux Pays-Bas, j’ai lancé avec une amie une entreprise d’ateliers et de camps scientifiques dédiés aux enfants.

Quelques années plus tard, j’ai suivi mon mari en Suisse, car il a commencé à travailler au CERN. J’étais contente d’avoir déménagé, mais l’adaptation a été difficile. J’ai poursuivi mon travail ici et ai dû recréer une équipe en Suisse. Je voyageais quatre à cinq fois par mois aux Pays-Bas et les relations à distance n’étaient vraiment pas faciles pour mes trois enfants. Je me sentais seule. J’aimais beaucoup mon job, mais j’étais fatiguée psychologiquement. Tout reposait sur mes épaules.

Nouveau départ

Puis j’ai eu la chance de rencontrer mes collègues actuels, des Genevois. Cette rencontre fut un total hasard mais elle a changé ma vie. En 2017, nous avons eu l’idée de réunir nos compétences et d’ouvrir un espace pour l’artisanat numérique, inspiré du concept du Fab Lab, apparu aux Etats-Unis en 2001.

En résumé, c’est un lieu de création ouvert à tous où sont mis à disposition de nombreuses machines, comme des imprimantes 3D. Ce que j’aime dans ce travail, c’est que je peux accueillir des enfants, des retraités, des scientifiques ou encore des entreprises. Pour moi, c’est vraiment unique de voir cohabiter toutes ces personnes aux profils si différents.

Au quotidien, je travaille avec quatre personnes en gouvernance partagée. Mon travail actuel est bien loin de celui que j’avais à l’ESA, mais je continue de communiquer le goût de la technologie et de la science au grand public. Dans cette nouvelle routine, chaque jour est différent, c’est un apprentissage en continu; l’idéal pour une physicienne comme moi, qui se passionne pour le bricolage.

Au Fab Lab, comme le potentiel de création est infini, j’observe vraiment beaucoup de projets différents, qui mêlent parfois l’électronique au textile ou sont réalisés à base de vieux matériaux ou encore de champignons! En ce moment, on suit un garçon de 10 ans – il est génial, je l’adore – qui est en train de motoriser… un tracteur à pédales en plastique! Une autre personne a réalisé récemment un appareil capable de nourrir son chat quand elle est en vacances! Dans un tout autre genre, les Services industriels de Genève sont venus prototyper des pièces grâce aux imprimantes 3D. Je dis toujours que, dans la science et la technologie, il est rare que quelque chose fonctionne du premier coup, mais sur ce projet, les pièces ont été directement approuvées!

Economie circulaire

Personnellement, j’ai comme projet de numériser une machine à tricoter des années 80. Sinon, je tiens un carnet où figure la liste de mes envies. Mon rêve serait d’avoir un endroit à moi pour bricoler… car j’ai une famille et elle n’apprécie pas quand je m’étale dans tout le salon (rires)!

D’ailleurs, quand je vois mes enfants à l’œuvre (ma fille se sert de la découpe laser, mon fils commence à assembler un ordinateur et mon cadet construit un hôtel pour les insectes), j’espère leur avoir transmis, comme mes parents jadis, le plaisir de construire et le goût de réparer les objets au lieu de les condamner à leur obsolescence programmée.

Depuis la crise du Covid, enfin, je ressens un fort engouement pour l’économie circulaire et la durabilité, une tendance qui me réjouit face à ce qui m’attend cet automne: avec le soutien de la Ville de Genève, nous allons déménager dans un espace de 1200 m2. Ce sera une manufacture collaborative qui réunira le Fab Lab On et quatre associations, le Grand Atelier, La Manivelle, Matériuum et Sipy. Une nouvelle aventure va débuter!

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