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«Victoria Challenge»

«Atteinte de diabète, je vais courir le marathon de New York»

22 Vecu Diabete Marathon 2
© Corinne Sporrer

On m’a découvert un diabète de type 1 lorsque j’avais 4 ans. Alertés par ma soif intense, mes parents m’ont emmenée chez le pédiatre, qui a rapidement identifié la maladie. J’ai eu de la chance, il arrive souvent que des enfants non diagnostiqués tombent dans le coma diabétique induit par une hyperglycémie. Tout de suite, il a fallu s’habituer aux piqûres quotidiennes et à la surveillance minutieuse de l’horaire de mes repas. Lorsque nous nous rendions au restaurant en famille, il nous fallait impérativement emmener une petite balance, afin de pouvoir peser les aliments que j’allais consommer. Je ne dirais pas que la vie était facile tous les jours, mais j’ai vécu une enfance très heureuse. J’ai toujours pu faire quasiment tout ce que je voulais!

Après l’école obligatoire, j’ai suivi mes études à l’Université de Genève et décroché mon diplôme en HEC, avant de déménager à Londres pour étudier la gemmologie. De retour en Suisse, j’ai créé ma propre marque de bijoux. Le diabète ne m’a donc pas empêchée de voyager, ni d’atteindre mes objectifs professionnels, bien au contraire!

Objectif: New York

Par contre, ce qui m’a toujours dérangée, ce sont les stéréotypes, dont je faisais parfois les frais. Petite, j’entendais régulièrement: «Tu es diabétique parce que tu as mangé trop de sucre!» La majorité des personnes ne saisit pas la différence entre le type 1 et le type 2. En effet, mon diabète n’a strictement rien à voir avec mon hygiène de vie. La maladie m’a choisie par un malheureux hasard. Les cellules de mon corps ne produisent simplement plus d’insuline, ce qui m’oblige à m’en injecter, afin de réguler le taux de sucre présent dans le sang. Le diabète de type 2, en revanche, est provoqué par l’épuisement progressif des cellules pancréatiques dû, notamment, à une mauvaise hygiène de vie.

Les premières années, mes parents se chargeaient de m’injecter l’insuline, mais j’ai souhaité prendre le relais le plus tôt possible. Pour cela, je m’entraînais sur mon père avec une seringue vide. Le pauvre, j’ai dû lui faire tellement mal!

Heureusement, depuis mon enfance, les traitements médicaux ont énormément progressé. Je vis désormais avec un capteur discret, qui communique en direct mon taux de sucre à mon téléphone et mon iWatch via Bluetooth. Sans cet outil, je ne pourrais pas gérer et vérifier la stabilité de ma glycémie aussi facilement. Il me serait impossible de courir un marathon, par exemple.

Et ça tombe bien, car au mois de septembre, avec mon amie Alix, nous nous sommes motivées à nous mettre au sport, en commençant à nous préparer pour la course de l’Escalade, à Genève. Ça nous a beaucoup plu et de là est né un défi bien plus grand: passer de la petite course à la grande avec le Marathon de New York. Nous avons donc décidé de continuer notre aventure, suivies par notre un coach spécialisé dans la préparation des marathons.

Il a accepté de nous entraîner, à condition que nous suivions son programme à la lettre. Et quel programme! Depuis le 1er janvier, c’est renforcement musculaire le lundi, vitesse maximale aérobie, le mercredi soir et une sortie longue tous les week-ends.

Il faut dire que je reviens de loin! Au moment de me lancer dans cette aventure, je n’avais encore jamais fait de course à pied et détestais passionnément le sport. Autant vous dire que j’ai des courbatures depuis le mois de janvier et que je vis en baskets!

Ce n’était pas facile au début. En plus de la rudesse des premiers entraînements, je dois composer avec la contrainte supplémentaire que représente le diabète. Sachant que l’effort physique pompe le sucre, surtout par temps froid, je suis obligée de partir avec une réserve suffisante, tout en veillant constamment à ce que ma glycémie ne baisse ou ne monte pas trop durant la course.

Etre diabétique, c’est savoir jouer les équilibristes!

Même 24 heures après l’effort, j’en ressens encore les effets et souffre parfois de malaises dus à l’hypoglycémie. Il faut donc que je prévoie tout, que je teste mon corps, afin de pouvoir anticiper ses réactions. Par exemple, avant chaque entraînement, j’essaie un petit déjeuner type, histoire de vérifier son efficacité. Et je n'ai jamais autant mangé de pâtes, depuis que j'ai commencé les entraînements!

En route vers la réussite

En plus du préparateur physique, je suis également suivie par Cyril Hedbaut, que je surnomme coach diabète, car il est aussi diabétique de type 1. C’est lui qui m’a appris à gérer les fluctuations de la glycémie. J’ai également beaucoup de chance d’avoir Alix à mes côtés. C’est mon ange gardien lorsque nous courons. Même quand je dois m’arrêter pour prendre du sucre, elle est solidaire et reste avec moi. Elle a même téléchargé l’application pour suivre ma glycémie en direct et la vérifie presque plus souvent que moi!

Aujourd’hui, je suis aussi directrice de la Fondation pour la recherche sur le diabète. Moi qui n’osais jamais parler de ma maladie lorsque j’étais plus jeune, je mets à présent tout en œuvre pour informer et sensibiliser la population.

J’ai envie de briser les clichés, de rappeler qu’il est tout à fait possible de mener une vie normale, passionnante, épanouissante, en faisant du sport, en savourant une vie sociale bien remplie et en réalisant ses rêves. Je veux prouver que rien n’est impossible grâce aux incroyables progrès de la recherche.

Après avoir réussi mon premier semi-marathon, celui de Genève, j’ai gagné en confiance pour le marathon de New York. Peu importe que nous le terminions sur les genoux ou en rampant, tant que j’aurai franchi la ligne d’arrivée en ayant bien géré ma glycémie, le challenge sera réussi!

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