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«A 17 ans, je vis ma passion pour l’aventure»

Lou Ann Velo Aventure

«Guidée par une sorte d’intuition, j’ai un jour de mai eu l’idée de taper «compagnon de voyage» sur internet. Tout un monde inconnu s’est révélé à moi: celui des bourses de voyageurs. Je ne pensais pas découvrir autant de gens prêts à partir, n’attendant que de trouver la bonne personne pour se lancer.»

© Corinne Sporrer

En 2020, le vélo est devenu mon oxygène. Assez sportive à la base, je possédais déjà un VTT avec lequel j’aimais parcourir les sentiers de ma région. La survenue de la pandémie et ses restrictions m’ont encore plus donné goût aux virées sur deux roues. Ces parenthèses de liberté pure m’aidaient à décompresser pendant le semi-confinement. Evidemment, lorsque les conditions sanitaires se sont améliorées à la fin du printemps, moi j’avais attrapé pour de bon le virus de la bougeotte.

Je regardais vers les mois d’été et je m’imaginais foncer vers l’horizon, traverser des frontières, voyager d’une manière ou d’une autre. L’option Interrail me séduisait. Sauf que mes amis ne voyaient pas les choses de la même manière. Je ne sais pas si c’était la période de confinement qui les démotivait, mais personne ne montrait un grand enthousiasme pour aller barouder quelque part.

Moi qui n’entendais pas rester là tranquille, tant pis, j’allais trouver une solution pour partir durant les vacances d’été. Guidée par une sorte d’intuition, j’ai un jour de mai eu l’idée de taper «compagnon de voyage» sur internet. Tout un monde inconnu s’est révélé à moi: celui des bourses de voyageurs. Je ne pensais pas découvrir autant de gens prêts à partir, n’attendant que de trouver la bonne personne pour se lancer.

Esquisse d'un projet

Au fil des clics et des discussions, j’ai fini par bien accrocher avec Isa, une fille de 18 ans habitant Bordeaux, qui rêvait de rejoindre la maison de famille située à Luchon, dans les Pyrénées, par ses propres moyens. Un périple de 400 kilomètres à réaliser à pied, à vélo, voire en stop, qu’elle ne se voyait pas accomplir seule. En quelques jours le programme était sur pied: j’irai retrouver Isa à Bordeaux début juillet, avant de nous mettre en selle pour caracoler vers les montagnes plus au sud.

Le vélo nous avait semblé être le meilleur compromis entre autonomie et possibilité de porter des affaires personnelles. Mes parents, de leur côté, ont compris que ce projet me tenait à cœur, même s’ils étaient un peu inquiets en pensant que leur fille allait bientôt se retrouver plusieurs semaines sur la route au fin fond de la France. Quelques jours avant mon départ en train, histoire de tester ma détermination, ma mère m’a dit: «Si tu as un problème là-bas, ne dis rien car je ne pourrai rien faire.» Je savais que ce n’était pas tout à fait vrai.

Un duo d’enfer

Isa habitait dans un petit village près de Bordeaux. Bien que nous ne nous soyons jamais vues, le premier contact fut très sympa, sans aucun moment gênant. De nombreuses discussions en ligne et une visio avant de partir m’avaient déjà permis de la cerner un peu. Je ne la découvrais pas totalement. Elle ne semblait pas très calée sur la mécanique, mais je l’ai trouvée très créative et enthousiaste, de bons atouts pour une épopée.

Le débat fut cependant de déterminer la direction à prendre. Luchon pouvait être rejoint via Bayonne ou par Toulouse. Comme un canal longe la Garonne, on a choisi Toulouse. Un léger crochet par le sud s’est néanmoins invité sur la feuille de route, car on voulait voir Arcachon et la dune du Pilat. Soixante kilomètres furent avalés le premier jour. Le rythme était rapide mais agréable. Isa et moi faisions un bon duo, avec des conditions physiques assez similaires.

Le soir, nous avions décidé de miser sur le camping sauvage, pour des raisons financières mais aussi pour s’affranchir des contraintes. Nous n’avons passé que trois nuits dans un camping. Une fois, une gentille personne nous a même autorisées à camper dans son jardin. Le matin, nous nous levions assez tôt pour éviter les ennuis, sans parler du temps que nécessite l’empaquetage de tout le matériel.

Du courage et de la chance

Même si nous étions deux jeunes filles, on passait relativement inaperçues, tout s’est déroulé sans aucune mauvaise rencontre. Il y a juste eu ce matin où, au réveil, des policiers sont venus nous rendre visite alors que nous faisions du camping sauvage. Heureusement, tout s’est bien passé, nous avons pu reprendre la route sans reproches ou amende, contrairement à ce que nous craignions. En fait, ils se sont montrés plutôt cool, disant qu’ils nous trouvaient courageuses.

Moi, je trouvais plutôt qu’on était chanceuses: ce genre de périple vous permet de vous déconnecter des préoccupations du quotidien. On ne polluait pas notre esprit avec des choses futiles. Le mouvement permanent amène à un autre état d’esprit. A vélo, dans cet espace-temps parallèle, on se rend compte qu’il est plus facile d’aller vers les gens. On leur demande des renseignements, une aide, un peu d’eau. Ça vous ouvre davantage aux autres et souligne à quel point ils sont importants pour réussir. Le fait de n’être que deux favorise également le contact.

La bougeotte, encore…

Au fil des journées, on s’est aperçues que la destination se rapprochait plus vite que prévu. A raison d’une soixantaine de kilomètres quotidiens, ce qui n’est pas énorme, on a finalement mis moins de temps qu’on l’imaginait. Les kilomètres qui nous séparaient de Luchon ont été bouclés en une dizaine de jours. Seules les dernières étapes se sont révélées plus ardues, avec les routes de plus en plus pentues des Pyrénées.

On était très fières de finir le trajet, mais on ne s’est pas reposées sur nos lauriers. Après l’accueil très convivial de la famille d’Isa et plusieurs randonnées dans les environs, j’ai fini par rentrer, mais pas rassasiée du tout d’envie de voyages. Cette bougeotte, j’ai dû l’hériter de mes parents. Au début de leur relation, ils avaient fait un tour du monde en voilier pendant quatre ans. Mon frère est même né sur le bateau. Ce sont des récits que j’ai toujours entendus lors des discussions en famille, je crois que ça m’influence encore.

D’ailleurs, cet été, je compte repartir sac au dos, et cette fois je serai seule, misant sur le stop, ce qui me permettra d’être plus libre qu’à vélo. Après avoir travaillé quelques mois pour obtenir le budget nécessaire, je me vois bien mettre le cap sur la Scandinavie, au fil des campings et des auberges de jeunesse. Bref, improviser, se laisser porter. C’est ça qui fait toute la saveur du voyage.

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