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Une norme ISO pour les sex-toys, qu’est-ce que ça change?

Une norme iso pour les sex toys quest ce que ca change

«Il est important d’avoir des normes dignes de ce nom pour encadrer la fabrication des sex-toys, note Romy Siegrist, sexologue au cabinet SexopraxiS, car ces objets sont au contact de muqueuses, qui sont par définition perméables et peuvent donc facilement laisser diffuser des substances toxiques dans le corps.»

© Getty Images

Jadis confinés aux rayons tamisés des boutiques un peu olé olé, ils ont désormais conquis les sites de e-shopping, les pages lifestyle des magazines, les comptes Instagram des influenceurs et même… les calendriers de l’Avent. Mais cette émancipation spectaculaire des sex-toys, qui a parfois, dans l’euphorie, laissé de côté les aspects de prévention et d’information, ne s’est pas faite sans mauvaises surprises.

On recense ainsi chaque année des centaines d’accidents liés à leur utilisation. Réactions allergiques. Douleurs après l’utilisation. Moteurs électriques qui surchauffent, voire explosent. Et surtout cas d’objets restant coincés dans un orifice ou étranglant le pénis. Des situations graves pouvant donner lieu à un aller direct aux urgences. Les consultations pour cause d’accident de sex-toy ont carrément doublé entre 2007 et 2015, selon des statistiques américaines citées par le Washington Post.

Séances qui tournent mal

Les chiffres se seraient même particulièrement emballés en 2011, avec le premier opus de la saga Cinquante nuances de Grey, qui a contribué à démocratiser l’usage d’objets liés au BDSM. Jusqu’à inquiéter certains professionnels de la santé, alertés par le nombre croissant de patients venant se faire retirer ici un plug, là des boules de Geisha, devenus impossible à enlever.

À l’instar de Martin Dahlberg. Ce chirurgien suédois a fini par constater que 40% des cas de rétention de corps étranger traités à l’hôpital Stockholm South Central, où il travaille, sont dus à une séance avec un sex-toy qui a mal tourné. En 2018, il contacte alors le Swedish Institute for Standards (SIS), un organisme travaillant sur l’élaboration de normes pour des secteurs variés, dans l’idée d’établir des cadres plus sécurisants pour la création de ces objets de plus en plus utilisés. Une collaboration qui a manifestement porté ses fruits, puisque cet automne a été officialisée la norme 3533, la première norme ISO exclusivement dédiée aux jouets sexuels.

Plus sûrs que certains jouets

Intitulé Sex toys – Exigences relatives à la conception et à la sécurité des produits destinés à être mis en contact direct avec les organes génitaux, l’anus ou les deux, le document d’une vingtaine de pages entend offrir aux fabricants des lignes directrices sur plusieurs niveaux afin de garantir une utilisation avec les plus hauts standards de sécurité. Premier des trois axes de travail? La composition des matériaux. Celle-ci doit pouvoir minimiser les risques de réactions allergiques et de blessure au contact de la peau et des muqueuses de ces régions du corps.

«Il y avait déjà eu beaucoup d’évolutions positives ces dernières années en ce qui concerne les matières, note Romy Siegrist, sexologue au cabinet SexopraxiS. On trouve désormais nombre de matières d’assez bonne qualité, mais cette norme ISO ne sera pas de trop, car elle permettra d’identifier plus clairement les produits les plus sûrs.

Il est d’ailleurs important d’avoir des normes dignes de ce nom pour encadrer la fabrication des sex-toys, car ces objets sont au contact de muqueuses, qui sont par définition perméables et peuvent donc facilement laisser diffuser des substances toxiques dans le corps.»

Une évolution dans le bon sens déjà soulignée en 2017 par l’autorité d’inspection des produits chimiques suédoise, qui constatait même que les matériaux des sex-toys contenaient moins de composés chimiques problématiques que les jouets pour enfants.

Dessin approprié

La forme des objets est également un point majeur abordé par le document. Un chapitre non moins important, puisque ce facteur est souvent à l’origine des cas de rétention dans un orifice finissant par une consultation aux urgences.

«Tous les produits peuvent rester coincés, mais le risque le plus important concerne ceux qui sont utilisés pour le sexe anal, souligne Romy Siegrist.

Le rectum peut créer une aspiration et c’est pourquoi le sex-toy explicitement dédié au sexe anal doit disposer d’une base qui soit plus large. Bien que les personnes expérimentées peuvent réussir à retirer l’objet toutes seules, les choses peuvent vite devenir compliquées dès lors qu’il est introduit au-delà du deuxième sphincter, sans parler du stress pouvant générer des contractions musculaires.»

D’où la nécessité de mieux informer les personnes sur l’usage qui peut être fait de leurs sex-toys. C’est d’ailleurs le troisième volet abordé par le document de la norme ISO 3533. Celui-ci propose ainsi de mettre à disposition des acheteurs un mode d’emploi suffisamment détaillé, notamment pour faire de la prévention et informer sur les situations dans lesquelles le sex-toy peut être utilisé sans risques.

Privilégier la qualité

Romy Siegrist rappelle d’ailleurs que les dangers peuvent découler d’un contexte spécifique et non de l’objet en lui-même: «Certains rosebuds (bijoux anaux unisexes), malgré une base plus large, peuvent quand même rester coincés dans le rectum si la personne a auparavant joué avec un sex-toy plus gros.»

Il est bien sûr difficile de dire comment l’arrivée de cette norme ISO va affecter le marché, même si un écart de prix plus important pourrait se creuser entre les produits conçus avec les exigences 3533 et ceux appartenant à des catégories plus bas de gamme. «Dans tous les cas, mieux vaut mettre le prix pour un objet de qualité», recommande la sexologue.

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