Chaudes nuits
Réveiller l’autre pour faire l’amour?
La nuit d’été, son atmosphère moite, ses heures insouciantes, ses dormeurs à moitié (ou entièrement) nus… autant de paramètres qui favorisent une envie soudaine de faire l’amour. Toutefois, quand notre voisin(e) de matelas est en mode dodo, passer aux choses sérieuses implique de le ou la réveiller. «Mon mari se couche un peu plus tard que moi et, en arrivant au lit, il a parfois une folle envie de sexe, confie Barbara, début quarantaine. Il me caresse alors sous ma nuisette, m’embrasse les épaules pour me sortir de mon sommeil et puis, petit à petit, on glisse dans un corps-à-corps brûlant. Ce sont des moments très excitants que j’apprécie souvent.»
Sauf que pour d’autres, ces lèvres et ces mains baladeuses en guise de radio-réveil n’ont rien d’émoustillant. «De temps à autre, en plein milieu de la nuit, ma copine me réveille en me caressant et en me disant des trucs coquins, décrit Cédric, la trentaine. Ce n’est pas vraiment désagréable, mais en général je ne rentre pas dans son jeu, car je me sens vidé par la fatigue. Répondre à ses avances n’est tout simplement pas possible par manque d’énergie et de feu intérieur sur l’instant.»
Des hommes plus entreprenants
Dans un sketch, Muriel Robin affirme d’ailleurs que ce n’est pas la peine de la réveiller la nuit pour des mamours, car «à 4 h du matin, je n’aime personne, je dors.» Il suffit par ailleurs de lire les nombreux fils Twitter consacrés à la question pour s’apercevoir qu’avec la sensibilité accrue de l’ère post-MeToo, arracher sa moitié ou son coup d’un soir des bras de Morphée pour une galipette peut plus que jamais être vu comme un manque de respect, voire une agression. Parfois, certes, c’en est techniquement une.
Sensualité exacerbée
En fait, relève la sexologue et psychothérapeute Marie-Hélène Stauffacher, pour ce qui est de la proposition indécente nocturne, tout est dans la nuance. «Avoir envie de l’autre et le réveiller n’est pas un faux pas en soi, mais il vaut mieux en discuter avant dans le couple pour savoir si ce type de tentative peut être excitant pour les deux. Si le ou la partenaire est ouvert(e) à la chose, et si le réveil est mené avec respect et douceur, ça peut être génial, cassant la routine, mettant dans un état extatique qui atténue la fatigue. Toutefois, il ne faut pas insister. Si on sent qu’on dérange l’autre ou qu’il se tourne de l’autre côté, on le laisse.»
Les amants qui apprécient de se jeter à corps perdu dans une étreinte en pleine nuit le savent: l’expérience du sexe nocturne peut s’avérer grisante, notamment dans la continuité d’un rêve érotique qui nous a laissés en transe, ou grâce aux résidus des excitations sexuelles spontanées (érection pénienne et clitoridienne, lubrification) des phases de sommeil paradoxal.
«La nuit, la réceptivité corporelle est différente, constate Romy Siegrist. On est globalement plus sensibles à la sensualité. Celles et ceux qui aiment faire l’amour dans ces instants parlent souvent d’un côté presque mystique, à mi-chemin entre le rêve et la conscience, avec un lâcher-prise facilité.» Si tout cela ne vous donne pas envie de batifoler sous les étoiles…
Quand le partenaire a envie sans le savoir: la sexomnie
Phénomène de plus en plus médiatisé, le somnambulisme sexuel, ou sexomnie, consiste à entreprendre la bagatelle avec quelqu’un tout en étant dans un état de sommeil. Au réveil, la personne ne se souvient en général de rien. Si la plupart stoppent d’eux-mêmes leur tentative ou reviennent à eux durant l’étreinte, certains seraient capables de faire l’amour sans même s’en rendre compte. Les chroniques judiciaires récentes font ainsi état d’individus impliqués dans des affaires de viol et finalement acquittés, car diagnostiqués sexomniaques par un médecin.