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L’édito de Géraldine Savary: «La «première fois» n’est pas toujours la bonne»

Geraldine savary edito poésie ode aux alexandrins

«Parce qu’il existe une mythologie de la première fois, qui traîne dans l’inconscient collectif et dont on n’arrive pas à se débarrasser.» - Géraldine Savary

© ANOUSH ABRAR

Si je vous dis «C’était comment la première fois?» il y a peu de chance qu’on se mette à discuter de bicyclette, de travail ou de vacances au Costa Rica. La «première fois» évoque presque sans hésiter le premier rapport sexuel. Ce dernier se définit par la pénétration d’un sexe par un autre (en général, baisers, caresses et autres amuse-bouche ne sont pas considérés comme des «premières fois»). On s’en souvient comme d’un moment traversé à la hâte, notre corps garde en mémoire des sensations furtives, parfois douloureuses. Pas forcément le Nirvana, donc.

Car seules 5% des femmes ont un orgasme au moment où elles découvrent l’amour sexuel, contre 70% des hommes. Et nombreuses restent freinées dans leur sexualité future, en raison d’une expérience au mieux décevante, au pire traumatisante.

Entre peur et désir

Personne n’en est responsable, bien sûr. Pas facile de s’épanouir sexuellement quand, à quinze ans, on vit sa «première fois» dans un parc public, dans une forêt avec plein de petites bestioles qui s’invitent à la fête, contre un mur, sur un siège de voiture, ou dans une chambre d’adolescents qui jouxte celle des parents.

La peur domine: d’être surpris, d’avoir un poil, une odeur, un pli disgracieux, de ne pas être à la hauteur, d’en faire trop, ou pas assez. D’avoir bu de l’alcool pour se donner du courage et de le vomir ensuite, de ne pas arriver à jouir, de faire semblant et que ça sonne faux ou d’y arriver trop vite.

Des injonctions contradictoires

Parce qu’il existe une mythologie de la première fois, qui traîne dans l’inconscient collectif et dont on n’arrive pas à se débarrasser. Pour les filles, il s’agit d’être prêtes (à passer à la casserole pour les plus cuisiniers). Ce qu’elles ne sont pas en général: les femmes déclarent souvent avoir eu une première expérience sexuelle alors qu’elles auraient souhaité prendre un peu plus de temps.

Pour les garçons, l’injonction consiste à se montrer à la hauteur, comme si faire l’amour équivalait à franchir un col de montagne ou à traverser un lac à la nage. Quelle pression, quel stress, quel besoin de performance! Le narratif qui entoure ce rite initiatique raconte peu la montée du désir, la rencontre magique, la grâce de se découvrir soi-même en découvrant l’autre et le lien qui se noue quand on sait partager les râteaux. 

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