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Se créer des (jolis) souvenirs: mode d’emploi

Se faire des souvenirs mode demploi

Pour se faire un joli souvenir qui nous restera bien en tête, on peut par exemple s'offrir une première fois, comme pour Meik Wiking, une balade en canoë sur un lac au Canada.

© Getty Images

Se souvenir des belles choses, c’est facile. Ou du moins pas trop difficile, si l’on en croit le Danois Meik Wiking. Auteur des best-sellers «Le livre du Hygge» et «Le livre du Lykke», le président de l’Institut de recherche sur le bonheur de Copenhague revient aujourd’hui avec «L’art de se créer de beaux souvenirs» (First Editions), un nouveau guide basé sur des études scientifiques, qui nous explique comment stimuler positivement sa mémoire épisodique - celle qui concerne nos expériences personnelles.

But de l’opération: s’entraîner à graver en soi des moments heureux afin de pouvoir les invoquer pour se faire du bien.

De fait, comme le souligne notamment le psychologue clinicien à l’Université de Cambridge Tim Dalgleish, qui mène des recherches sur la question, pouvoir se rappeler de jolies choses - et des émotions sympas qui les accompagnent - a «des effets utiles, notamment en cas de dépression».

Un aspect que relève également Sabrina Carlier. Neuropsychologue au Centre Leenaards de la mémoire au CHUV, à Lausanne, elle explique que lorsqu’on broie du noir, on peine à évoquer de bons souvenirs et qu’il peut effectivement être intéressant de travailler là-dessus:

«Tous les soirs, on peut par exemple essayer de se remémorer les trois moments les plus chouettes de sa journée, ce qui est une manière de se forcer à se focaliser sur le positif!»

Les ingrédients de base

Comme le résument Sabrina Carlier ou Meik Wiking, huit ingrédients de base vous aideront à stimuler la mémoire épisodique et à «stocker» sur le long terme. Ce sont:

Les premières fois

Quand on vit des expériences nouvelles, inattendues, extraordinaires (dans le premier sens du terme) et riches en émotions, elles nous marquent. Et se gravent plus facilement dans un coin de la tête. «Ce peut être le premier baiser mais aussi ses premiers jours dans un nouvel emploi», relève la neuropsychologue.

    L’astuce: «Une fois par année, débrouillez-vous pour visiter un endroit où vous n’êtes jamais allé, que ce soit une contrée lointaine ou un parc à deux pas de chez vous», propose Meik Wiking. Dans le même ordre d’idées, de temps en temps, changez vos habitudes: au lieu du traditionnel «spag' bolo» familial du dimanche soir, testez des recettes venues d’ailleurs.

    L’attention

    Comme le confirme Sabrina Carlier, pour se remémorer une conversation, une conférence ou n'importe quel événement, il faut être «dans l’instant», écouter vraiment ce qu'il se dit, se concentrer… et non se mettre à consulter son portable, à rêvasser, bref, à penser à autre chose.

    A ce propos, l’étude publiée en 2018 par Melina Uncapher, professeure au Département de neurologie de l’Université de Californie à San Francisco, est édifiante. Elle montre en effet que «les personnes en situation de multitâche obtiennent des scores nettement médiocres en termes de mémorisation.»

      L’astuce: Pour Meik Wiking, rien de tel que les nouvelles technologies pour détourner son attention.

      Du coup, il suggère de désactiver les notifications, passer en mode silence (sans vibreur!), baisser la luminosité ou modifier les paramètres «couleurs» de votre smartphone, afin d’avoir l’œil moins attiré par l’écran.

      Le sens

      Si vous passez un moment qui a du sens pour vous («C’est-à-dire que si ce que vous vivez s'inscrit logiquement dans un système de valeurs ou de croyances, correspond à des objectifs personnels ou vient renforcer un aspect de la personnalité», ainsi que le précise la spécialiste), il y a de fortes probabilités pour que votre mémoire ne vous lâche pas.

        L’astuce: «Demandez-vous quel cap ou quel événement marquant vous avez envie de commémorer: tenir le pari de marcher 10 000 par jour pendant un mois, rénover votre cuisine, changer de travail… et notez la façon dont vous le fêterez» une fois que votre «mission» sera accomplie, qu’il s’agisse d’ouvrir une bonne bouteille, d’une sortie resto, recommande Meik Wiking.

        Les émotions

        Vous avez senti votre cœur battre? La beauté d’un lieu vous a coupé le souffle? Grâce à ces émotions, vous n’oublierez pas!

          L’astuce: «Sortez de votre zone de confort!!» souffle Meik Wiking En clair, affrontez quelque chose qui vous fait un peu peur, comme vous baigner dans le lac en hiver ou prendre un cours de tango!

            Les pics et les victoires

            Le chemin qui conduit à une réussite est généralement intense et donc inoubliable.

            L’astuce:

            «Dans une ère d’impatience et de gratification immédiate, une façon de rendre les choses mémorables est de traîner en route. Une randonnée de 5 heures pour arriver au sommet d’une montagne est toujours plus marquante qu’un trajet de 15 minutes en funiculaire.»

            «De la même façon, il peut être intéressant de prendre le train plutôt que l’avion…», précise Meik Wiking.

            Raconter pour lutter contre l’oubli

            Les anecdotes que l’on partage s’effacent moins que celles que l’on garde pour soi, confirme Sabrina Carlier. Elle nuance, toutefois:

            «Un souvenir trop souvent répété finit par perdre ses caractéristiques épisodiques et donc potentiellement sa richesse émotionnelle.»

            Elle ajoute: «Par ailleurs, plus on raconte un épisode de notre vie, plus on risque de lui ajouter des données qui n’existent pas et d’inventer des détails et, donc, à terme, d’en faire un souvenir déformé voire un faux souvenir!»

            L’astuce: Pour Meik Wiking, il ne faut pas hésiter à raconter les bons moments... tout en prenant garde de ne pas les enjoliver!

            Externaliser les souvenirs

            Tels les cailloux du Petit Poucet, photos ou objets permettent de retrouver le chemin de la mémoire: «Ils sont de bons indices de récupération, précise Sabrina Carlier. Parfois, quand on ne se rappelle pas d'un événement, il suffit d’en voir une image pour que plein de sensations et d’émotions reviennent!»

              L’astuce: «Créez-vous un compte informatique privé, sur lequel vous devenez le commissaire de votre expo perso», recommande Meik Wiking. De même, collectionnez les babioles qui racontent votre histoire à un moment T, comme un galet ou un coquillage trouvés sur une plage sublime.

                Utiliser tous ses sens

                Tout le monde le sait intuitivement et la recherche l’a démontré: un souvenir se compose de ce qu’on a vu, mais aussi de ce qu'on a senti, entendu, touché, goûté…

                L’astuce: «La prochaine fois que vous êtes vraiment heureux et que vous voulez garder ce moment, mettez-vous à l’écoute de tous vos sens, note l’auteur danois: y’a-t-il quelque chose d’unique dans les odeurs, les sons, les textures, les goûts? Intégrez-les!»

                La mémoire épisodique, c’est quoi?

                Comme l’explique Sabrina Carlier, la mémoire épisodique concerne le souvenir d’événements personnellement vécus, à un moment précis et dans un lieu donné. Elle spécifie:

                «Ces épisodes peuvent être des événements importants de notre vie (le jour de notre mariage, la naissance de notre enfant…) ou particulièrement marquants (un saut en parachute), mais peuvent aussi être des choses de moindre importance ("Hier, j’ai mangé une raclette au restaurant avec une amie d’enfance").»

                Par ailleurs, certains faits auront un contenu émotionnel, alors que d’autres n'en auront pas, mais le souvenir épisodique est riche en détails, si bien que le simple fait de l'évoquer pourra parfois nous faire revivre l’instant passé.

                Un souvenir épisodique est, selon la spécialiste, constitué de plusieurs éléments: le contexte spatio-temporel (quand et où cela s’est-il passé?), les détails factuels (que s’est-il passé? Qui était présent?) et les détails phénoménologiques (quels étaient les perceptions telles que couleurs, bruits, éléments tactiles/sensations, odeurs mais aussi quels étaient les émotions, les pensées et cet événement a-t-il eu une répercussion dans notre vie?).

                «Au fil du temps, certains de ces souvenirs épisodiques se ternissent, ajoute Sabrina Carlier. Ils perdent leur caractère épisodique (on ne les revit plus comme si on y était) et deviennent «plus abstraits» et moins détaillés.»

                Parfois, il arrive aussi que plusieurs souvenirs similaires se «mixent» et donnent lieu à un souvenir moins spécifique et plus «générique». A vous de jouer maintenant!

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