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Quelles leçons de vie tirons-nous de 2020?

Lecons de vie annee 2020

«Dans le futur, nous pourrions essayer de garder en mémoire ce qui nous a le plus manqué, en 2020, afin de savourer pleinement ce qui sera de nouveau possible, lorsque la crise se dissipera. Cela nous permettra sans doute de vivre ces beaux moments plus consciemment, de passer moins de temps en mode pilote automatique.» - Chloé Décosterd, psychologue et psychothérapeute FSP

© Getty Images

Le Nouvel-An, c'est le décompte, le champagne, les bonnes résolutions, les agendas flambants neufs qui ne demandent qu'à être remplis. C'est le sentiment qu'un chapitre se clôt sur la promesse d'un autre, un vent de renouveau, balayant les erreurs passées. Généralement, c'est ainsi qu'on l'imagine... mais pas en 2020, car le coronavirus se fiche royalement de notre calendrier et le marathon de la pandémie n'est pas encore terminé. Ainsi, la page blanche annuelle semble déjà un peu froissée.

«La fatigue habituelle de la fin de l'année s'accumule aujourd'hui à celle des deux vagues de la pandémie que nous avons vécues, confirme Marjorie Faivre, psychologue et psychothérapeute FSP. Nous réalisons qu'il ne sera pas possible de réellement clore le chapitre de l'année écoulée. Toutefois, nous pouvons nous demander ce que qu'elle nous a appris sur nous-mêmes, au niveau personnel, familial et professionnel.» Ainsi, l'experte conseille de valoriser ce que nous avons traversé, en soulignant quelques éléments ou apprentissages dont on peut se sentir satisfaits.

Sur notre compte Instagram feminasuisse, mi-décembre 2020, nous vous avions demandé ce que l'année écoulée vous avait appris et vos réponses se sont largement croisées: la résilience, la patience et le bonheur des choses simples. Nous avons donc repris ces trois thèmes, grâce à l'éclairage de deux expertes.

1. Gérer la soudaine imprévisibilité de la vie

Propulsés hors de nos habitudes, nous avons été contraints de sentir certains fondements de notre existence vaciller sous nos pieds. C'est également ce qu'a noté la psychologue et psychothérapeute FSP Chloé Décosterd:

«Cette année nous a beaucoup appris sur la notion d'imprévisibilité de l'existence, explique-t-elle. Cela nous a renvoyés au caractère fragile de la vie, alors que les êtres humains aiment prévoir au maximum les événements de leur futur.» Par conséquent, ainsi que le souligne la spécialiste, la pandémie nous a obligés de vivre davantage dans le présent, en interrompant nos anticipations habituelles.

2. Patience et résilience

Or, afin d'y parvenir, tout au long de l'année, nous avons été contraints de dégainer des armes que nous n'étions pas forcément habitués à utiliser: «Chacun d'entre nous s'est vu obligé de puiser dans ses ressources, poursuit Chloé Décosterd.

Par exemple ceux et celles qui avaient l'habitude de mener une vie très remplie ont été contraints de faire l’expérience du vide, ce qui a été l’occasion d’apprendre la patience, de s'obliger à ralentir le rythme et peut-être aussi de mettre en lumière l'importance du lien social.»

En effet, la crise a également mis en évidence quelque chose de très positif: le fait que nous soyons toutes et tous reliés les uns aux autres. «Nous vivons des événements à large échelle et il est rare que tout le monde doive s’adapter simultanément aux mêmes changements, constate la psychologue. Cela nous a rappelé que nous n'étions pas des entités séparées. Il en résulte une expérience commune plutôt forte.» On se souvient avec mélancolie de certaines vidéos diffusées lors de la première vague, témoignant d'une solidarité touchante entre de parfaits inconnus.

© Kate Hliznitsova / Unsplash

3. Un ré-ancrage dans nos valeurs profondes

Alors qu'elles étaient confrontées à cette nouvelle forme de vide, l'introspection est devenue presque inévitable pour certaines personnes. Nous nous sommes subitement retrouvés en tête-à-tête avec nous-mêmes, comme lorsqu'on arrache ses écouteurs de façon brutale pour retrouver le silence total.

Ainsi, Marjorie Faivre remarque que de nombreuses personnes, notamment des parents, ont vu leur qualité de vie s'améliorer grâce au télétravail, qui leur a permis de mieux concilier vie privée et profession: «Cela a pu susciter un sentiment d'apaisement chez certains individus, qui ont vécu une sorte de réancrage dans leurs valeurs de base et leurs priorités», résume-t-elle. Ainsi, nous sommes nombreux à nous être refocalisés sur ce qui comptait réellement à nos yeux.

4. Relations passées sous la loupe

En augmentant drastiquement le temps que nous passons auprès de notre moitié ou de nos enfants, le télétravail a également joué un rôle de révélateur de soucis, et cela bien malgré nous: «Au niveau relationnel, cette année particulière a rendu certains phénomènes impossibles à ignorer, qu'ils soient négatifs ou positifs, explique Marjorie Faivre. Des réflexions se sont mises en route et certains dysfonctionnements déjà existants ont été amplifiés. D'un autre côté, le fonctionnement suffisamment sain d'un couple ou d'une famille a aussi pu être révélé!» En effet, la psychologue remarque que certaines familles se sont trouvées renforcées par la crise.

5. Ne pas oublier d'être fières et fiers de nous

Il reste une question essentielle à poser: et si cette année ne nous a rien appris du tout, ou n'a mené à aucune grande réalisation? À cela, Chloé Décosterd répond... pas de panique! «Si vous avez l’impression de ne pas avoir vécu d'épiphanie en 2020, ce n’est absolument pas grave, nous rassure-t-elle. Cela montre certainement que votre vie pré-pandémie était stable et satisfaisante, qu’aucun de vos besoins ou de vos aspirations secrètes n’était réprimé.

D’ailleurs, on n’est pas obligé de vivre une crise pour se réinventer, tout comme le développement personnel n’est pas une nécessité pour tout le monde!»

De plus, le fait de simplement se réjouir de retrouver nos conditions de vie habituelles et non-restrictives est entièrement normal: «C’est aussi une qualité personnelle d’être capable d’attendre le retour de jours meilleurs sans se laisser contaminer par le climat anxiogène ambiant», ajoute la psychologue. En effet, Chloé Décosterd nous conseille avant tout d'être fiers de nous, de considérer les douze mois passés d'un œil clément: «Rien que le fait de s’être adapté, d’avoir tenu bon et d’avoir renoncé momentanément à certaines satisfactions, cela demande du courage et de la ténacité», applaudit-elle.

Marjorie Faivre tient également à rappeler la posture compliquée qu'ont vécu les parents, cette année, que ce soit en raison de la réorganisation totale de leur quotidien ou par la mission de protéger leurs enfants, tout en les aidant à comprendre les enjeux de la pandémie, selon leur âge de développement. «Je pense aussi aux adolescents, auxquels on a demandé de faire tout l'inverse de leur mouvement naturel, qui tend vers l'émancipation, et qui se sont, pour la plupart, montrés exemplaires», conclut-elle.

Si le marathon continuera encore quelque temps, en 2021, nous avons déjà survécu à une année historiquement turbulente: et cela vaut bien une coupe de champagne. On vous souhaite une année heureuse et sereine!

3 choses à retenir, pour 2021

Rattraper le temps perdu
Pour Chloé Décosterd, une belle leçon à garder de cette année est le souvenir des événements et personnes qui nous ont manqué: «Dans le futur, nous pourrions essayer de les garder en mémoire, afin de savourer pleinement ce qui sera de nouveau possible, lorsque la crise se dissipera. Nous allons revivre les saisons, nous repenserons à ce que nous faisions au même moment, en 2020, et à tout ce que nous n’avions pas pu faire». La psychologue prédit en effet que cela nous permettra de revivre ces beaux moments plus consciemment, de passer moins de temps en mode pilote automatique.

Solidarité et tolérance
Pour Marjorie Faivre, ces deux mots sont absolument indispensables face à une crise: «Un système se doit d'être tolérant au positionnement de chacun pour éviter le clivage. Cela commence avec notre cercle proche, puis s'étend aux autres cercles et systèmes d'appartenance: ce sentiment était très présent durant la première vague, mais il ne faudrait pas que l'épuisement dissipe le phénomène et produise l'effet contraire.»

Un changement difficile à prédire
Pour l'heure, il est encore impossible de déterminer les effets permanents de la pandémie. Notre experte reste toutefois convaincue que nous n'en ressortirons pas exactement les mêmes qu'avant: «Dans un premier temps, certains d'entre nous tenterons de retrouver exactement le même rythme, les mêmes habitudes qu'avant la crise, devine-t-elle. Mais la pandémie, comme n'importe quelle crise, nous aura changés.» À nous de découvrir de quelle manière.

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