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Pourquoi aimons-nous tant les films de Noël?

Psycho pourquoi aimons nous tant les films de Noel

«Ce genre de contenu stimule l’activation cérébrale des zones de récompense, la même zone activée au contact de drogues ou de sucre. Elle est extrêmement sensible aux stimuli extérieurs pouvant nous apporter du bien-être. Par exemple, lorsqu’on a passé une journée difficile, on se dira peut-être qu’on va se "consoler" avec l’un de ces films.» - Adèle Zufferey, psychologue FSP

© Mika Cotellon / Netflix

Plus de quatorze ans après que Love Actually et ses panneaux se sont hissés parmi les mythes du cinéma anglo-saxon, les films de Noël sont devenus une institution. Chaque année, dès l’aube de décembre, de nouvelles productions se bousculent sur nos sites de streaming, épousant l’exemple de Netflix, nouvelle maîtresse du genre. Et les contenus saveur chocolat chaud se vendent comme des petits pains d’épices. La preuve: les nouvelles comédies telles qu’Un Château pour Noël (en photo ci-dessus) ou Que souffle la romance figurent actuellement parmi les plus grands succès de la plateforme.

Au grand bonheur des (nombreux) adeptes, les productions comptent presque toutes les mêmes ingrédients: une somptueuse décoration de Noël, des personnages attachants et excentriques, une histoire d’amour et un irréductible happy end, sans lequel les scénaristes écoperaient d’un procès en bonne et due forme. Le côté prévisible et répétitif des histoires ne semble pourtant pas nous décourager. Bien au contraire! Il semblerait même que notre attachement aux films de Noël s’explique de manière tout à fait rationnelle: «Ces contenus nous offrent une dose d’optimisme immédiate, explique la psychologue FSP Adèle Zufferey. Le cerveau est plus sensible aux émotions positives et aura tendance à nous donner envie de regarder ce genre de film, plutôt que des productions nous faisant vivre des émotions tristes, comme la colère ou la peur.» Voilà qui explique cette douce addiction, l’index gravitant irrésistiblement vers le bouton play, alors qu’on a déjà deviné l’issue du film.

En effet, notre experte compare ces productions à… un shot d’ecstasy: «Ce genre de contenu stimule l’activation cérébrale des zones de récompense, la même zone activée au contact de drogues ou de sucre. Elle est extrêmement sensible aux stimuli extérieurs pouvant nous apporter du bien-être. Par exemple, lorsqu’on a passé une journée difficile, on se dira peut-être qu’on va se «consoler» avec l’un de ces films.»

Love Actually © Working Title Films / Peter Mountain

Le revers de la magie

Or, pas de panique si vous avez souvent prononcé cette phrase: aimer les films de Noël n’est pas forcément négatif! Ils peuvent même nous aider, dans notre manière de relever les défis du quotidien: «Ce type de scénario peut nous donner une impression de contrôle sur la situation, en suggérant que de toute façon, tout va bien se passer, poursuit Adèle Zufferey. Nous sommes biberonnés à cela depuis l’enfance, notamment au travers des films Disney, qui soulignent que même si les héros traversent de grandes difficultés, ils s’en sortent toujours à la fin.

Nous gardons souvent cette vision à l’âge adulte et ce n’est pas mauvais: cela nous aide à traverser des épreuves, à garder le moral, à garder la tête haute.»

Cependant, d’après l’experte, le fait de suggérer que ce happy end se trouve à la portée de tout le monde est à double tranchant: «D’un côté, cela offre une forme d’optimisme et de bien-être, mais de l’autre, les schémas présentés peuvent contenir des éléments toxiques, balayés par le fait que tous les personnages sont heureux à la fin.» C’est notamment là qu’il devient important de garder l’un de nos chaussons fermement ancré dans le monde réel.

De même, les spécialistes soulignent le côté fortement romancé des scénarios, lesquels présentent quasiment toujours des histoires d’amour grandiloquentes et idéalisées: «Cela peut créer des attentes irréalistes, ajoute Adèle Zufferey. Ainsi, inspirés par les scénarios qui nous ont fait vibrer, on imaginera plus facilement que la personne nous retrouve sur un quai de train, sous la neige, pour nous empêcher de partir. Et lorsque les choses ne se déroulent pas ainsi dans la vraie vie, cela peut faire souffrir.»

Rêver par nous-mêmes

Aux yeux de la psychologue et psychothérapeute FSP Amandine Briand, ces films présentent également une forme d’idéal et de norme sociale, en rassemblant tous les ingrédients d’un Noël parfait: «La dinde aux marrons, la famille réunie, une décoration magnifique… Cela renvoie probablement à des repères rassurants, mais beaucoup de personnes disent aussi que leurs fêtes de famille ne ressemblent pas tout à fait à ce tableau.» Ainsi, les productions pailletées n’ont évidemment pas un effet feel good sur tout le monde.

Autre souci: elles tendent à s’apparenter aux fameuses calories vides, celles qu’on reproche souvent aux sucreries: «Ces films agissent comme des doudous ou des bonbons, mais ne nous font pas forcément grandir, ne nous nourrissent pas réellement, déplore Amandine Briand. À mon sens, leurs codes et schémas prévisibles appauvrissent parfois l’imaginaire, qui est pourtant le propre de Noël. Ils nous empêchent peut-être de rêver par nous-mêmes.»

© Samira Rahi / Unsplash

Face à une tendance à regarder en boucle nos films préférés, qu’ils soient ornés de houx ou non, la psychologue conseille de se poser une question simple: que cherche-t-on réellement, dans ces contenus? «Je pense que chacun et chacune d’entre nous répondrait différemment à cette question, affirme-t-elle. Le fait de regarder des productions dont on peut deviner la fin peut renforcer notre besoin de certitudes et de constance. Si les personnes sont embêtées avec ça, je leur conseillerais de se connecter à l’imaginaire ou à la rêverie. Ou alors, de se souvenir de leur enfance, de ce qui les faisait rêver à cette époque, de relire des contes, de dessiner ou de visualiser, toujours dans le but de découvrir ce que signifie réellement Noël pour nous.»

Alors, hors de question de se priver d’un contenu pouvant nous réconforter ou remplir nos yeux d’étoiles. Comme avec les bonbons, le mémo est simple: on en profite, mais avec (un tout petit peu de) modération!

Quelques pépites

Des classiques à voir et revoir

Les fans ultimes le savent: il existe plusieurs catégories de films de Noël, allant des mythes aux navets purs. Parmi ceux qui nourrissent tout de même notre âme, on citera notamment Le Grinch, allégorie de l’isolement et de l’espoir, ou encore Carol, avec Cate Blanchett et Rooney Mara, racontant une romance lesbienne tumultueuse. Impossible de ne pas nommer Love Actually, croquant la vie dans ce qu’elle a de plus beau et de plus dur, ou le plus récent Happiest Season avec Kristen Stewart. Le Miracle sur la 34e rue et Maman, j’ai raté l’avion restent de jolis classiques, sans oublier Le Père Noël est une ordure, que certains membres de la rédaction récitent quasiment par cœur. Voyons si Netflix parvient un jour à les détrôner!

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