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Mode d’emploi: comment se libérer enfin du regard de l’autre?

Comment se liberer regard autres

Pour la psychologue Muriel Mazet, «moins on a de confiance en soi, plus on se compare aux autres et on finit par se perdre de vue».

© Getty Images

FEMINA Souffrir du regard de l’autre renvoie-t-il à notre enfance et aux premiers regards qui ont été posés sur nous?
Muriel Mazet:
Effectivement. Et ce n’est pas forcément un regard exempt d’amour qui peut causer des dégâts, mais un regard d’exigence par exemple. Des parents très aimants peuvent être très exigeants de par leur propre éducation et mettre la barre très haut. On a alors l’impression de ne jamais en faire assez. On porte souvent de nombreux masques pour satisfaire les besoins, les aspirations des parents. Tout cela a effectivement des répercussions futures.

En tant que futur ou jeune parent, comment s’assurer que l’on porte un bon regard sur notre enfant?
Simplement de se dire que lorsque l’on fait du mieux qu’on peut, c’est déjà pas mal. Il y a des parents qui se remettent beaucoup en question, ce qui est très positif. Lorsque l’on se demande: «Qu’est-ce que je dois faire pour être un bon parent», c’est qu’au fond de soi, on a envie de bien faire. Il faut aussi accepter ses erreurs. Avoir un regard bienveillant envers son enfant, c’est l’aimer pour ce qu’il est. Non pas le laisser tout faire, loin de là. Mais s’il a envie de pratiquer une activité, le soutenir. Même si, par exemple, le papa rêvait d’un garçon sportif et que l’enfant en question préfère dessiner. Il faut accepter que l’enfant ne soit pas comme on l’attendait et qu’il soit différent de nous.

Le regard des proches pèse-t-il davantage que celui de la société?
Le regard de la société est certes énorme. Mais effectivement, plus on a des bases solides, plus on a confiance en soi et on se regarde soi-même avec bienveillance, moins le regard de la société est lourd à porter.

Pour autant, se dégager des injonctions qui pèsent sur chacun d’entre nous, par exemple l’ode à l’efficacité, à la performance, à la jeunesse et à la perfection, est dans tous les cas difficile.

Comment arrêter de vouloir «briller en société» et «ôter les masques du théâtre social»?
Le plus important, c’est de ne pas avoir une trop haute opinion de soi-même, de ne pas vouloir jouer un rôle. Cela permet de ne pas se mettre trop de pression sur les épaules. J’adore le proverbe qui dit «Ceux qui savent rire d’eux-mêmes ont l’occasion de rire toute leur vie». Quand on se prend moins au sérieux, on se prend moins la tête. Être spontané amène une certaine forme de compassion extérieure, le lien aux autres est alors bien plus facile à tisser. Avec l’âge, on acquiert encore davantage cela. Plus le temps passe, moins on accorde d’importance au regard de l’autre.

Quelles stratégies adopter lorsque l’on a peur du regard de l’autre, que l’on fait tout pour être le plus transparent possible et l’éviter?
C’est une question de confiance en soi. Moins on en a, plus on se compare aux autres et on finit par se perdre de vue. Je conseille à mes patients de tenir un petit carnet pour faire à nouveau fonctionner le muscle de la confiance en soi, un peu comme les abdos. Tous les jours, on note les choses que l’on a bien faites, dont on est fier, aussi minimes soient-elles. En les relisant, on s’aperçoit alors que l’on n’est pas si mal que ça. On s’efface alors moins devant les autres, on en a moins peur car on sait que l’on vaut quelque chose.

Comment reconnaître un regard destructeur?
Il y a des gens très forts qui arrivent à le dissimuler, à l’instar des pervers. En dehors de ces cas extrêmes, il faudrait toujours se donner un temps d’attente pour voir à qui est-ce que l’on a affaire.

Certaines personnes sont malheureusement trop naïves, se précipitent et ouvrent trop rapidement leur cœur. Or, tout le monde n’est pas bien attentionné.

Comment porter un meilleur regard sur les autres?
On a effectivement parfois un mauvais regard sur l’autre. Pour être plus tolérant, il faut avoir appris à avoir un regard plus bienveillant envers soi-même. C’est comme un jeu de miroirs. Plus on reconnaît ses fragilités, plus on les reconnaît chez les autres aussi. On devient ainsi plus empathique. Si l’on parvient à se voir de façon plus douce, moins méchante, cela change beaucoup de choses. Vous aurez l’impression que les gens aussi vous regardent autrement.

Avec les réseaux sociaux, est-il encore plus difficile aujourd’hui de se détacher du regard de l’autre?
Oui, j’en suis convaincue. C’est effrayant, tout est lié à l’image, au paraître. C’est un poison violent, on en arrive à se présenter tel qu’on ne l’est pas du tout, à se fausser. Se déconnecter peut être une excellente idée. On est concentré vers le dehors constamment, on n’a plus la place de se tourner vers son intériorité. Je pense que c’est cela, le plus gros danger. On cherche au-dehors ce que l’on devrait chercher au-dedans.

Muriel Mazet, «Se libérer enfin du regard de l’autre», éditions Eyrolles, 172 pages.

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