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Des activités à tester en famille

Enfants: le plaisir de créer et de philosopher

Enfants: le plaisir de créer et de philosopher

«La création vient prendre le relais après la partie réflexion. Elle complète la discussion ou illustre ce que les enfants n’ont peut-être pas osé dire», selon Fanny Bourrillon, enseignante en philosophie.

© GettyImages

Pourquoi on meurt? C’est quoi l’amour? Comment est né le monde? A peine savent-ils parler que les bambins révèlent leur propension naturelle à poser des questions profondes et métaphysiques qui peuvent désarçonner les parents. «Ces questionnements sont parfois déroutants pour les adultes et peuvent faire un peu peur, mais si le sujet vient de l’enfant, c’est qu’il est prêt à entendre la réponse», rassure Laura Iuliano, enseignante à l’école La Découverte, à Genève, un établissement qui propose dans ses classes des discussions philosophiques aux élèves dès 4 ans.

Histoire de donner quelques pistes concrètes aux adultes et de les accompagner au mieux vis-à-vis de ces interrogations enfantines, Fanny Bourrillon, enseignante de philosophie à l’école des Gobelins, à Paris, et Angie Gadea, diplômée en design d’intérieur et artiste, ont concocté un livre pratique intitulé 50 activités pour philosopher avec ses enfants (Ed. First). Reflet des ateliers de philosophie et de création Philomoos, destinés aux enfants et créés par le duo, le concept est simple et efficace: associer la philosophie à la création pour ouvrir et prolonger la discussion avec les enfants.

Une bonne manière de développer l’esprit critique et d’aiguiser la réflexion commune entre parents et enfants, aussi bien qu’entre professeurs et élèves.

«Chaque activité philosophique proposée est complétée par une partie créative pour mettre en mouvement une idée, favoriser la trace et la mémorisation de l’échange qui se traduit dans un objet concret, comme un mandala ou un capteur de rêve par exemple, explique Fanny Bourrillon. La période que nous vivons est assez compliquée en termes de projection, c’est donc un moment opportun pour se poser, se parler, aborder des sujets difficiles.»

En d’autres termes, passer par le faire pour mieux laisser libre cours à la pensée. «La création vient prendre le relais après la partie réflexion. Elle complète la discussion ou illustre ce que les enfants n’ont peut-être pas osé dire», ajoute l’enseignante en philosophie.

Garder une trace de nos pensées

Cette démarche, qui lie philosophie et création, s’adresse aussi bien aux parents qu’aux enseignants et aux animateurs d’ateliers spécifiques, comme ceux proposés en Suisse romande par l’association Prophilo. Même si jusqu’ici, comme l’explique la présidente de ladite association, Maria-Julia Stonborough Eisinger, la phase créative n’est pas encore explorée pour inviter les enfants à philosopher:

«Dans nos ateliers, nous essayons de pratiquer le dialogue philosophique comme dans la Grèce ancienne, c’est-à-dire par une pratique orale et collective. On part de quelque chose qui les intéresse, cela peut-être un thème, un livre ou encore une chanson, le support importe peu finalement. Ensuite, l’animateur est là pour questionner. C’est à travers le questionnement et la réflexion collective qu’on crée du sens.»

Toutefois, si c’est bien l’émulation du groupe qui fait la force de l’argumentation, et peu importe l’âge, comment fait-on, en tant que parents, quand on est à la maison pour élever le débat et sortir de sa posture de transmission lorsque junior nous demandera: «Est-on plus libre à mesure qu’on est plus tolérant?» alors qu’on est en train de préparer le dîner?

«L’idée est vraiment de prendre le temps de la réflexion, de la pensée en-dehors de toute sollicitation extérieure, continue Fanny Bourrillon, Philosopher c’est accepter les incertitudes, utiliser le doute comme un moteur pour penser. Créer, c’est savoir inventer à partir de ces incertitudes.» Et garder une trace de ce qu’on a créé pour encore mieux philosopher.

Deux exemples d'activités philo-art

Pourquoi rêvons-nous?

Le fil conducteur philosophique: On comprend l’importance du rêve quand on imagine une seconde qu’on pourrait nous interdire de rêver. «Le but est d’inviter le lecteur à observer que le rêve est une partie importante de nos vies. On passe énormément de temps à rêver, et pas seulement en dormant. On entre dans une partie de notre esprit qui est celle de l’imaginaire, une partie mise à mal aujourd’hui, car on est sollicité de toute part, explique Fanny Bourrillon, Les enfants sont demandeurs de réfléchir à leurs rêves, vers quoi ça les mène, quel sens ça a. Le rêve n’est pas du temps perdu, il fait partie d’un temps qu’on doit se donner, un temps très créatif.»

L’objet créatif: Un attrape-rêves, qui permet de développer ses capacités visionnaires. Poétique, l’objet permet de former symboliquement ses rêves pour l’avenir. Ou comment matérialiser un souhait par les formes les couleurs ou les mots. «C’est un porte-bonheur pour le futur, explique Angie Gadea, En utilisant les formes, les couleurs, on n’a pas besoin d’exprimer une idée très claire. Rien à voir avec l’écriture d’un essai sur le rêve par exemple!»

Est-ce que la mort fait partie de la vie?

Le fil conducteur philosophique: L’acceptation de la mort permet de mieux vivre. «Quand on ouvre la discussion en atelier ou à la maison, on réalise qu’on a beaucoup de pudeur et de limitations à ce sujet. Des inquiétudes se sont installées, qui ne sont pas entièrement et pas toujours partagées par les enfants. Ils sont souvent disposés à parler de la mort, décode Fanny Bourrillon, Ce thème est très éludé dans nos sociétés contemporaines qui tendent à prolonger et à sacraliser la vie. Pourtant, la mort est inéluctable et accepter cette idée nous permet de mieux apprécier chaque instant de la vie.»

L’objet créatif: Un mandala nature. L’idée est de partir se balader en nature, de ramasser des fleurs, des feuilles, des baies… puis de créer une composition circulaire et symétrique qui symbolisera un ordre naturel, celui des rythmes et des cycles: les saisons, les phases de la lune, la vie et la mort. «Le côté éphémère est très important dans cette activité créative. C’est un objet qu’on doit laisser partir, qu’on doit laisser là où il est sans l’emporter avec soi», termine Angie Gadea.

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