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«Gezellig»: le secret du bonheur venu tout droit de Flandre

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«Qu'il vente ou qu'il grêle, les gens font toujours une promenade en début d'après-midi. De toute façon, à certaines périodes de l'année, on n'a pas le choix! Après s'être aéré la tête (les Flamands diraient «uitwaaien»), on a l'impression de mériter la tasse de chocolat chaud et la part de gâteau qui nous attendent à la maison.»

© Kirk Schwarz

La Belgique, plat pays des moules marinière, du waterzooi, des gaufres et des frites, s'est vu attribuer au fil des siècles un beau nombre de clichés. (Et non, les Belges ne sont pas idiots et ne se nourrissent pas uniquement de pommes de terre!) Mais s'il existe un stéréotype que personne ne pourra nier, il s'agit bien de la météo.

C'est vrai: la pluie s'est terriblement attachée à ce joli petit pays, auquel elle accorde de nombreuses et régulières visites. Mais plutôt que de se morfondre ou de devenir des collectionneurs attitrés de bottines en caoutchouc, les Belges s'en sont accommodés, apprenant à sauter dans les flaques plutôt que de se s'apitoyer sur les frisottis occasionnés. Comme les contrées scandinaves se sont merveilleusement armées contre le froid et la nuit, en concevant le désormais incontournable «Hygge», les régions pluvieuses ont, elles aussi, développé leur stratégie anti-blues. Et celle des Flamands est tellement simple que vous n'aurez aucun mal à l'appliquer, sans dépenser le moindre centime (au contraire!). Elle s'appelle «Gezellig», est impossible à traduire avec précision, et évoque vaguement tout ce qui est chaleureux, convivial, familier et... cosy.

(Pour éviter tout malentendu, sachant que le terme est également employé aux Pays-bas, nous précisions que cet article se focalisera uniquement sur la culture de la région néerlandaise de la Belgique communément appelée la Flandre.)

Anti-déprime hivernale: on se met au hygge


© Juliana

1. «Uitwaaien», le coup de froid qui renforce le confort

Evitons de caricaturer: il ne pleut pas tous les jours, en Belgique! Cependant, bien souvent, une sorte de grisaille humide se dépose sur le paysage, comme un filtre Instagram un tantinet mélancolique. Caroline*, originaire de la région d'Anvers, propose une solution toute simple: utiliser la météo frisquette pour augmenter le bonheur d'être bien au chaud à la maison.

«Qu'il pleuve ou qu'il vente, les gens partent se balader, explique-t-elle. De toute façon, à certaines périodes de l'année, on n'a pas le choix si l'on veut sortir! Après s'être aéré la tête (les Flamands diraient «uitwaaien»), on a l'impression de mériter la tasse de chocolat chaud et la part de gâteau qui nous attendent à la maison.» L'effort quintuple le plaisir du réconfort.

D'ailleurs, hors de question de passer une journée à l'intérieur. Vous verrez toujours des Belges en k-way, enfourcher bravement leurs vélos! Même lorsque la pluie menace, il est courant de voir des petits groupes de promeneurs s'abriter quelques minutes sous les auvents des boutiques. Ils ont l'habitude. Des rires, des petites blagues et des discussions sereines animent ces petites pauses «pluie». D'autres continuent carrément de marcher, à peine perturbés par les gouttes. Et une fois de retour chez eux, les joues rouges, les cheveux humides, les jambes toutes légères, ils se servent un café (ou une bière), et contemplent avec satisfaction la suite de l'averse par la fenêtre, en se racontant leurs vies. Ça c'est «gezellig!»


© Realmac Dan

2. «Frieten», la base de la base

Impossible de le nier: les pays froids ont toujours superbement compensé le manque de chaleur en faisant des aliments «réconfort» leur grande spécialité. Tout en haut de la liste? Les pommes de terre, évidemment! Comme en Ecosse, où le «mashed potato» est un grand favori anti-blues d'hiver, les Belges raffolent de leur meilleure invention: les frites (alias «frieten»!)

Lorsqu'ils n'ont pas envie de cuisiner, ils se ruent sur la «baraque à frites» la plus proche (et il y en a à chaque coin de rue). Traditionnellement servies dans une feuille de papier journal, elles se dégustent dans la rue ou dans le salon, mais toujours en bonne compagnie. Manger, c'est important: mais ce n'est «gezellig» que si on le fait ensemble! Et les frites sont si faciles à partager...

Les Flamands sont aussi très friands de soupe (surtout lorsqu'elle contient des boulettes!), qu'ils dégustent à midi (le déjeuner est souvent composé de sandwiches et/ou de soupe, tandis que le repas du soir sera chaud).

Après le hygge on se met au lagom

3. «Op Café», être ensemble sans se prendre la tête

Pour Matthias, trentenaire originaire d'Anvers, le «gezellig» est surtout synonyme de simplicité:

«Le sport national du pays, c'est de s'installer dans les cafés. Surtout les "bruine kroeg" [type de bar traditionnel très cosy, doté de lumières tamisées et d'un mobilier ancien en bois foncé, ndlr]! Ici en Suisse, j'ai l'impression que les gens sont toujours à l'affût de nouveaux bars chics, des derniers établissements trendy ou de spots alternatifs. En Belgique, on ne se pose pas la question, tout le monde va au café. Et l'ambiance est y très particulière, très chaleureuse, je ne la retrouve nulle part ailleurs!»

Pour résumer: on rassemble les copines, on s'installe dans le premier bar cosy qui croise notre route, et on profite tout simplement d'être ensemble. Ah, et une petite tasse de café (ou une bière), pendant que la tempête bat son plein à l'extérieur, est un plus non négligeable!

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4. «Aan zee», une bombe calorique au bord des vagues

Le lieu qui rassemble tous les points précédents n'est autre... que le bord de la mer (alias «aan zee»). Aussi les Belges s'y rendent-ils par tous les temps, les pieds dans le sable et le parapluie sous le bras. Lorsqu'on lui demande ce qui est «gezellig», Laura* n'hésite pas une seconde: «manger des moules-frites à la mer, après une balade dans le vent».

Finalement, le concept inclut presque toujours de la nourriture et du temps passé entre amis ou en famille:

«Nous sommes des bons vivants, résume la jeune Flamande. Dès qu'on a un moment de libre on n'hésite même pas, on rejoint directement nos proches, et on choisit de profiter pleinement des plaisirs les plus simples de la vie, comme une tranche de gâteau avec une tasse de café.»


© Tom Coussement

5. «Babbel», ou passer la journée à table

«Mais surtout, ajoute Laura, le paroxysme du "gezellig", c'est de rester des heures à table (mais vraiment des heures, si ce n'est la journée!) et de parler de tout et de rien.» Les Flamands, ces bavards, diraient «babbel» pour désigner ces conversations spontanées, parfois animées, qui peuvent durer des après-midis entières. Le dimanche, comme dans de nombreux autres pays, les familles se retrouvent pour discuter de leur semaine, manger (of course) et se raconter les derniers potins.

Et lorsqu'on se sent à sa place, entourés de voix familières, pendant que la grisaille est enfermée dehors... et bien on se dit que finalement, la pluie ce n'est pas si mal. C'est même plutôt «gezellig»!

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*nom connu de la rédaction

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