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Yann Arthus-Bertrand: «Il est trop tard pour être pessimiste»
En avant-première, l'écologiste convaincu présente le projet et réaffirme son combat pour la protection de l'environnement, mais aussi des peuples. Pour lui, il est temps que les hommes cessent de rejeter la faute sur les autres et agissent à leur échelle.
Vous êtes en pleine finalisation du montage de votre prochain film "Planet Ocean". Parlez-nous de ce nouveau projet.
Planet Ocean sera présenté au Sommet de la Terre, Rio+20 [20-22 juin 2012, (ndlr). Il a pour ambition de rappeler l'importance des océans pour l'homme et la nécessité d'une gouvernance mondiale sur toutes les problématiques liées à l'environnement. Le film pourra être diffusé gratuitement dans les écoles et par les associations. (...) Ce film a été réalisé en aérien, comme pour le documentaire Home, mais aussi en sous-marin, en différents endroits de la planète.
Quelles ont été vos découvertes les plus terrifiantes?
On vide nos mers, les lois ne sont pas respectées. Selon les prévisions, en 2050, il n'y aura plus de poissons réservés au commerce. Mais ce documentaire vise surtout à montrer la beauté des fonds sous-marins, des espèces qui les peuplent, du fonctionnement de cet écosystème.
Quels impacts ont vos documentaires sur la prise de conscience du public?
J'ai des amis qui regardent mes films, puis dépriment. Ce n'est jamais évident de regarder la vérité en face. Si j'arrive, à mon niveau, à déclencher un déclic chez chaque personne, ce sera déjà une belle victoire. Chacun d'entre nous, à son échelle, peut aider à enrayer la destruction de la nature, des espèces. Il faut arrêter de rejeter la faute, d'accuser les dirigeants. Par exemple, quand je mets de l'essence dans ma bagnole [sic], il est de ma responsabilité de savoir d'où vient le carburant, d'où il a été extrait, qui l'a raffiné, pour quel prix, etc. On veut consommer toujours plus, plus vite, sans savoir s'il en restera pour les générations suivantes. Nous sommes tous responsables, chacun à son échelle. Certaines situations sont irréversibles, il faut donc cesser cette fuite en avant.
Selon vous, les images sont plus fortes que les longs discours?
Non, pas forcément, cela va de pair. La beauté du monde, tout le monde y est sensible, c'est certain. Les images peuvent rappeler cette beauté. L'écologie politique est morte, les résultats à la dernière présidentielle [française, ndlr] en témoignent. Et pour moi, c'est parce qu'elle manque de générosité. Vous savez, être écolo, c'est aimer la nature, mais aussi les Hommes...
Peut-on faire de l'écologie en période de crise?
Bien-sûr! L'un et l'autre ne sont pas liés. Mais selon moi, ce qu'il manque vraiment, c'est une vraie révolution, de vrais grands hommes, comme Gandhi, Martin Luther King... On n'en trouve plus, des comme ça, qui portent un vrai projet pour une nouvelle société.
A-t-on encore des raisons d'espérer que les comportements vont changer?
Voltaire a dit: "J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé"... Voilà un adage que j'applique au quotidien. Très franchement, il est trop tard pour être pessimiste. Il faut être heureux pour y croire et avoir la volonté de changer les choses ! Autrement, je perds mon temps.
Quels sont vos prochains projets?
A la rentrée, je pars en tournage-montage, pendant trois ans, pour le projet Human, 6 milliards d'autres, avec ma fondation, Goodplanet. C'est compliqué d'expliquer ce nouveau projet, mais disons qu'il s'agit d'humanité, de ce que c'est que d'être un homme responsable, d'écoute mutuelle, chez les uns comme les autres.
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