durabilité
Une ONG suisse dénonce le manque de transparence des géants de la mode en ligne
En Suisse, un vêtement sur trois est acheté en ligne. Et la moitié des habits commandés sont retournés à l’expéditeur. Une surconsommation ubuesque qui s’incarne dans le bal des facteurs jonglant tant bien que mal avec les multiples colis au quotidien. Certes, la pandémie a modifié nos habitudes de consommation en ligne, accélérant notre frénésie d’achats de fringues, mais alors que le gros de la crise sanitaire est derrière nous, acheter ses maillots de bain, en plusieurs tailles, couleurs et formes, d’un clic de souris n’est plus une tentation, mais un pli de pris. Un pli qui a fâcheusement tendance à éclipser le fait que ces clics effrénés alimentent le cycle infernal de la surconsommation.
Après tout, si les plateformes qui nous proposent pléthore de vêtements prennent aussi leur part de responsabilités question durabilité, comme elles aiment le clamer, pas de quoi culpabiliser, non?
Un peu d’infos, mais pas trop
Le problème, c’est que la majorité ne le fait pas. C’est en tout cas ce que révèle Public Eye, ONG helvétique indépendante sur les plans politiques et financiers, soucieuse de garder un œil sur l’impact de la Suisse et de ses entreprises sur les pays pauvres, dans une optique responsable et solidaire. Dans son dernier rapport donc, intitulé «Business de la mode en ligne: la responsabilité et la transparence selon Zalando, Shein et consorts», l’ONG questionne la durabilité desdites entreprises. Et sans grande surprise, les résultats sont décevants.
«Six des dix leaders de la mode en ligne évalués donnent des informations sur leur chaîne d’approvisionnement, explique Géraldine Viret, responsable médias chez Public Eye, Elles publient par exemple la liste de leurs fournisseurs pour leurs propres marques, ce qui est une petite amélioration au niveau de la transparence. Mais aujourd’hui, ces entreprises ont surtout un discours sur la durabilité ou un filtre avec des vêtements soi-disant écoresponsables pour faire croire aux consommateurs qu’on peut acheter sans culpabiliser.»
Revendre au lieu de détruire
Parmi les revendications de l’ONG, l’interdiction de destruction des produits renvoyés vient tout particulièrement questionner notre soif de clics. De fait, si 50% des achats sont renvoyés, bon nombre sont tout simplement détruits au lieu d’être reconditionnés pour la revente.
Certes, quatre entreprises sur dix déclarent dans le rapport éviter de détruire les produits retournés. Mais en Suisse, il n’y a pas d’engagement contraignant en la matière. «En Allemagne par exemple, il existe une loi qui interdit la destruction des vêtements neufs qu’on peut revendre. En France, il y a en plus une obligation de faire don de ces vêtements si on ne peut pas les revendre», selon Géraldine Viret.
Des mesures qui devraient être prises en Suisse aussi pour limiter les dérives de la fast fashion et des clics frénétiques. Public Eye y travaille, puisque l’ONG prévoit d’interpeller le Parlement pour la mise en place d’un cadre légal en Suisse afin d’instaurer plus de transparence et de responsabilité dans la mode en ligne. Un engagement à suivre au bout d’un clic sur publiceye.ch