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Un regard sur l’amitié en 53 portraits et 5 photographes
Mercedes Riedy, 50 ans
Mon option: «J’ai choisi de photographier les femmes épaules nues avec un fond neutre et de manière simple. Pour moi, il s’agissait d’exprimer l’intimité, la sincérité, la vérité sans fard qui existe dans l'amitié. Il n’a d’ailleurs pas toujours été facile de convaincre les femmes de montrer leurs épaules, et je les remercie de m’avoir fait confiance. Je sais que cela a choqué certaines lectrices qui devant mes portraits voyaient des femmes nues. Cela m’a étonnée car on ne voyait que des épaules, bien moins de peau qu’à la plage! Certaines réactions m’ont touchée, mais finalement, un an après, je suis contente d’avoir un peu bousculé les sensibilités car il fallait un impact fort pour débuter la chaîne.»
Ce qui m’a le plus touchée: «J’ai adoré rencontrer ces 11 femmes! A chaque fois ce fut émouvant. Quelles belles rencontres! Demander à des inconnues de s’inclure dans cette chaîne, c’est cela, finalement, que je voulais atteindre. Et j’ai eu un pincement de cœur quand j’ai dû passer le flambeau à Loan (ndlr: Nguyen).»
Le portait pour moi: «C’est une photographie que l’on fait à deux.»
Un beau portrait, c’est: «Une conjonction de plusieurs paramètres, entre la lumière, le regard, le cadrage et le désir de la rencontre.»
Loan Nguyen, 35 ans
Mon option: «Ce sont des femmes dans des arbres! Pour moi la féminité n'est pas qu'une question de poésie, ou de beauté, ou de fragilité. J'aime la part forte des femmes, et je voulais la faire ressortir en les photographiant en forêt, comme si elles étaient, elles aussi, ancrées au sol. J'aime la force de la forêt et des arbres, j'aime aussi la forêt pour sa beauté photographique. Je trouve difficile de rater une photo lorsqu'on peut la faire au milieu des arbres!»
Ma motivation dans ce projet: «Comme souvent quand je dois faire des portraits, le défi de réussir à faire une bonne image de quelqu'un que je n'ai jamais rencontré.»
Ce qui m’a le plus touchée: «Certaines rencontres où j'ai senti que le courant passait très bien. Et comme le courant passait, les images étaient plus faciles à faire, et la femme se sentait très à l'aise!»
Le portrait, pour moi: «J'ai toujours aimé faire des portraits en situation, et non pas en studio. Je trouve que dans un portrait, le fond raconte presque autant d'histoires sur la personne que le visage lui-même. Les enjeux du portrait sont pour moi les mêmes que les enjeux de la photographie en général: la photographie n'est pas une reproduction de la réalité, alors un portrait ne peut être qu'une représentation subjective. Par contre le portrait a ceci de particulier qu'il engage une rencontre entre le photographe et une personne.»
Pour qu’un portrait soit réussi… «Il faut que la rencontre, même si elle dure cinq minutes, se fasse. Que les deux protagonistes soient d'accord d'entrer en relation. Relation qui peut parfois être douce, ou houleuse, ou stressante, mais relation tout de même.»
Magali Girardin, 37 ans
Mon option: «Plutôt que de garder le même fond, le même cadrage ou la même lumière, sachant que chacune de ces femmes est différente - et pose différemment -, que le décor qui l’entoure, son univers, lui est propre, j’ai choisi u objet qui la suivrait. Une fleur. Toutes les femmes ont donc leur fleur. Et pose avec. C’est intéressant de voir la fleur qu’elles choisissent. Pour moi, c’est aussi un peu de leur personnalité.»
Mon rapport à la démarche: «Cela m’a plu tout de suite. Aller à la rencontre d’autres femmes, prendre le temps de les photographier chez elles, discuter, partager du temps, ce sont des moments rares dans notre métier. Et là, c’était du partage en continu. Et ces femmes ne me connaissaient pas non plus, ne savaient pas comment j’allais les photographier, qui j’étais. Il faut une confiance des deux côtés.»
Le portrait, pour moi: «Un portrait ne se fait pas seul, mais à deux. On peut être le meilleur des photographes portraitistes, si, en face, la personne ne vous donne rien, le portrait ne sera pas bon. Cette confiance ne vient pas tout de suite. Il faut parfois beaucoup de temps et de patience.»
Un portrait réussi, c’est: «Un portrait qui dégage quelque chose, une émotion. C’est quand la personne se reconnaît aussi. Il n’est pas toujours simple de faire ressortir la personnalité des gens sur une photo. Si, en plus, elle se trouve belle, c’est le Jackpot.»
Francesca Palazzi, 33 ans
Mon option: «Travailler dans le sensible, l'invisible et le spontané. J'ai demandé à chacune des femmes de m'emmener en promenade autour de chez elle à la tombée du jour. Le soleil se couchait lentement, tandis que nous faisions connaissance en marchant et en nous arrêtant de temps en temps pour prendre des photos. Entre chien et loup, c'est le moment où les choses changent, où on se rapproche de soi. On est plus calme et on va plus rapidement à l'essentiel.»
Ma motivation dans ce projet: «La rencontre, sans hésitation. Ce projet raconte un des aspects que je trouve essentiels dans la vie: le lien d'amitié. Souvent pendant que je conduisais d’une femme à l’autre à travers la Suisse romande, je me suis demandé qui j'aurais choisi si j'avais dû me plier à l'exercice. J'ai la chance de pouvoir penser à beaucoup de personnes, amies ou amis, qui toutes et tous occupent une place importante dans mon cœur.»
Ce qui m’a le plus touchée: «Au fil des rencontres, j'ai découvert des histoires de vie étonnantes, rarement simples, toujours émouvantes. Pour me raconter les liens d'amitié tissés entre elles, ces femmes m'ont ouvert une partie de leur cœur. Je ne peux y penser sans une grande émotion. Merci.»
Le portrait, pour moi: «C'est une rencontre. J'aime pouvoir travailler dans l'empathie avec la personne que je photographie. Lors de la prise de vue, j'essaie de trouver ce qui va la mettre en confiance. L'enjeu est double: d’un côté, la personne doit être mise en valeur et pouvoir se reconnaître; de l’autre, l'image finale doit raconter une histoire, toucher une corde chez celui qui le regarde et qui n'était pas là.»
Un portrait réussi, c’est: «Celui qui me fait dire "j'aimerais la rencontrer".»
Sarah Carp, 30 ans
Mon option: «Je me suis inspirée du portrait de Johannes Vermeer «La Jeune Fille à la perle». J'aime bien la lumière douce qui se pose sur le visage de la femme. J'ai choisi de photographier les femmes chez elles afin que le fond participe au portrait.»
Ma motivation dans ce projet: «La possibilité de réaliser une série de portraits avec le challenge de garder une ligne artistique sur toute la longueur.»
Ce qui m’a touchée: «La dimension d'amour qui relie toutes ses femmes. Chacune m'a raconté ce qui la liait aux deux autres, celle qui l’avait présentée et celle qu'elle allait présenter à leur tour.»
Le portrait, pour moi: «Il est la représentation d'une personne. Il se base sur une rencontre entre le photographe et le modèle. Les difficultés sont de créer le lien avec le modèle dans un laps de temps court, de le mettre à l'aise et d'obtenir une expression naturelle tout en gardant une ligne photographique. Les enjeux sont d'arriver à faire ressortir la beauté de la personne photographiée. L'interprétation du photographe, en lien avec l'instant partagé, peut dévoiler une facette que le modèle ne souhaite pas révéler.
Un portrait réussi, c’est: «Quand le modèle arrive à perdre la maîtrise de son image. La qualité d'un portrait dépend de l'alchimie de la rencontre.»
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