Société
Taxes, cérémonies, démarches... Combien ça coûte de mourir?
Si la mort reste un sujet tabou dans notre société, la question financière liée aux funérailles l’est tout autant. Et c’est donc bien souvent lors d’un décès dans son entourage proche qu’on comprend que mourir a un prix. Potentiellement élevé, comme en témoigne Tania, qui a déboursé quelque 6000 francs pour les obsèques de son oncle.
La quinquagénaire Vaudoise raconte: «J’étais sa seule famille et très proche de lui, il était donc normal que je m’occupe de tout. Enfin quand je dis «je»… Comme j’étais super triste, complètement dépassée par les démarches à faire et pressée par le temps (ndlr: dans la majorité des cantons, les obsèques doivent se dérouler entre deux et cinq jours après le décès), j’ai tout délégué à une entreprise de pompes funèbres. Sans m’intéresser à l’aspect «chiffres». Mais j’aurais dû. Parce qu’avec le recul, je pense que certains frais de transport auraient pu être évités et d’autres diminués: il me semble que mon oncle aurait pu être directement emmené au centre funéraire sans transiter par la chambre mortuaire de ce salon funéraire. De même, je ne suis pas certaine que le cercueil à 1800 francs était indispensable – ce d’autant qu’il a été incinéré! Bon… j’étais en vrac et quand le conseiller m’a laissé entendre que je ne pouvais «quand même pas aller dans le bas de gamme pour un être aimé», je me suis laissée convaincre. Il n’empêche que je ne suis pas Crésus et quand je repense à la facture finale, je me dis qu’il faut avoir de sacrés moyens!» soupire-t-elle.
Six mille francs, ce n’est pas rien – mais pas rare: selon une estimation du site de prévoyance funéraire Everlife, le prix des funérailles en Suisse oscille «entre 3800 et 8100 francs» et le site enterrement.ch, lui, parle de 7800 francs en moyenne. De quoi se demander s’il faut être riche pour dire au revoir…
Une fourchette de prix très large
Évidemment, rien n’est aussi simple. Parce que, comme le relève l’Association suisse des services funéraires, l’addition peut passer de 2000-2500 francs pour du très «basique» à des sommes dépassant les 10’000 francs si l’on a des demandes spéciales. En cause: nos choix et l’implication plus ou moins importante d’une entreprise de pompes funèbres – chaque salon appliquant ses propres tarifs. Mais ce n’est pas tout. Car les frais d’obsèques changent d’un canton et même d’une commune à l’autre et l’on ne paiera pas les mêmes sommes selon qu’on meure à Lausanne, Bienne, Delémont, Sion ou Fribourg.
À Genève, par exemple, on peut n’avoir à débourser que pour les charges «annexes» telles que cérémonie, collation, publication d’un avis de décès dans la presse, fleurs, etc., la Ville prenant en charge les prestations minimales pour ses résidents. Formalités administratives, fourniture d’un cercueil en peuplier, mise en bière (ou mise dans le cercueil et préparation de la personne décédée), dépôt éventuel dans une chambre mortuaire, transfert jusqu’au lieu de cérémonie, inhumation ou incinération sont ainsi gratuits.
Quelques points à savoir…
Concrètement, à quoi correspondent les dépenses funéraires incontournables? Petit survol non exhaustif.
L’acte de décès: Ce document, généralement facturé 30 francs, est à demander à l’Office d’état civil de la commune de décès – une démarche qui peut être assurée par l’entreprise de pompes funèbres. Moyennant finances, bien sûr. À noter que cet acte est indispensable pour les différentes formalités post mortem – comme la résiliation d’un bail ou de contrats d’assurance et la clôture des comptes en banque.
Le cercueil: L’humusation, qui consiste à déposer le corps sur un lit végétal puis à le recouvrir de biomasse, changera-t-elle les coutumes? Peut-être. En attendant, le cercueil reste obligatoire, que ce soit pour une crémation ou une inhumation. On en trouve en bois tout simple et sans fioritures dès environ 1000 francs. Mais aussi de nettement plus chers – qui peuvent atteindre les 8000 francs selon les essences et options choisies. Quant aux versions «carton», elles sont certes plus économiques mais pas encore acceptées pour l’inhumation, les crématoriums n’y étant pas adaptés techniquement. Ce qui pourrait bientôt changer, à Genève notamment.
L’urne: Elle n’est pas obligatoire: un contenant de votre choix peut être utilisé pour autant qu’il puisse recueillir environ 2 litres de cendres. Lesquelles peuvent alors être emportées. Puis conservées ou répandues où on le souhaite.
La mise en bière: Une fois la personne défunte soigneusement toilettée et mise dans son cercueil, ce qui coûte entre 0 et 200 francs env., veut-on lui offrir une mise en beauté complète? Là encore, nos choix se paient – mais rarement au-delà des 500 à 550 francs.
L’accompagnement: Organisée par l’entreprise de pompes funèbres, cette rencontre importante permet de savoir ce qu’aurait souhaité la personne décédée. Ou, si elle n’en a pas parlé, d’aller au plus près de ce qu’on suppose être ses volontés. En termes de tarif, cette mise au point coûte de 0 à 350 francs selon le salon.
Les transports: Il est ici question du déplacement du corps entre l’endroit du décès et les lieux de crémation, de cérémonie ou d’ensevelissement, avec ou sans étape par le salon funéraire. Là encore, pas de tarif fixe, tout dépend de l’entreprise. Et de la commune, qui peut taxer ou non un convoi funèbre sur son territoire.
Les taxes de crémation/inhumation: Elles varient d’une commune à l’autre: tout comme Genève, Lausanne pratique la gratuité pour ses résidents mais fait payer les non-Lausannois: 830 francs pour une crémation, 280 francs pour une inhumation et 720 francs pour une tombe à la ligne.
La cérémonie: On peut passer de pratiquement zéro à plusieurs centaines ou même milliers de francs selon que l’on décide de rendre les honneurs chez soi, en petit comité, ou d’organiser une collation «en grand» dans une salle extérieure: outre la location, le personnel et le traiteur, on doit aussi compter les décorations, éventuellement de la musique…
Mais encore… Cela n’a rien d’obligatoire, mais on peut encore avoir à payer un avis dans la presse (à un prix dépendant des titres et des millimètres achetés), des fleurs, des cartes de remerciements d’après-cérémonie, une pierre tombale…
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