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«Ski slopestyle»: Sarah Hoefflin et Mathilde Gremaud, pour l’amour du risque

Skieuses Credit Alexandra Wey Keystone 1

L'or pour Sarah Hoefflin, l'argent pour Mathilde Gremaud, les deux Romandes offrent son premier doublé olympique à la Suisse.

Le 17 février dernier, leur jour de gloire est arrivé. Aux JO de Pyeongchang, sur les deux plus hautes marches du podium du slopestyle, une discipline de ski acrobatique, deux jeunes femmes arborant les mêmes doudounes rouges et le même bonnet vermillon barré d’une croix blanche, rayonnaient. Les Romandes Sarah Hoefflin et Mathilde Gremaud entraient dans l’histoire le sourire aux lèvres et les yeux pétillants, offrant à la Suisse son premier doublé olympique. Après cinq runs, c’est Sarah qui décrochait l’or et remportait une compétition plus que serrée et amèrement disputée. Mais c’est bras dessus bras dessous, et toute aussi joyeuse l’une que l’autre, que les deux brunettes aux cheveux longs, difficiles à distinguer sous leurs vêtements d’hiver, ont accueilli les clameurs de la foule.

Respect et complicité

Même talent et même fair-play. Même reconnaissance du niveau de l’autre. Pas de coup bas ni de jalousie sournoise. Pour la petite histoire, c’est même Mathilde qui a incité Sarah à tenter le switch double cork, la figure qui lui a assuré la première place. Interrogée en bas de piste sur ce qui avait fait la différence, Sarah répondait au journaliste, avec un naturel déconcertant, qu’elle avait gagné aujourd’hui, mais qu’il y avait fort à parier que si la compétition s’était tenue la veille ou le lendemain, Mathilde aurait raflé la victoire. Du côté de la cadette, même son de cloche: «Je suis très contente pour elle. On peut bien se partager un peu les médailles. On a toutes les deux prouvé qu’on les méritait.» Les deux sportives partagent de belles valeurs communes malgré leurs différences.

Dix ans d’écart

D’âge d’abord. A 27 ans, Sarah Hofflin affiche près de dix ans de plus que Mathilde qui, à 18 ans, fait office de talent précoce. Si pour la benjamine, enchaîner les compètes de ski pour accéder au plus haut niveau est une évidence depuis son enfance fribourgeoise, son aînée genevoise n’a intégré l’équipe nationale qu’il y a quatre ans:

«J’ai toujours fait du ski pour le plaisir avec mes deux frères mais je n’ai commencé le freestyle qu’à vingt ans, lorsque j’étais à l’uni», s’excuse presque Sarah.

Quant à la bondissante Mathilde, dans le team suisse depuis deux ans, gagner a toujours été son objectif: «Je pratique ce sport depuis que j’ai deux ans, et c’est ma préoccupation première.» De père suisse et de mère néo-zélandaise d’origine néerlandaise, Sarah n’était pas spécialement destinée à pratiquer ce sport extrême dont les sauts, par leur hauteur et leur complexité, font souvent frémir: «Je n’étais pas casse-cou, j’avais peur de tout. Mon rêve de petite fille n’était pas du tout le ski. Je voulais devenir médecin.» Quant à Mathilde, difficile pour ses parents de canaliser son énergie: «J’étais toujours dehors à faire des sauts sur le trampoline, du roller au skatepark.»

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Au sujet de la dangerosité de leur discipline, les deux championnes, qui ont toutes deux connu chutes, blessures et autres commotions, avancent les mêmes arguments: l’entraînement et le mental. Sarah, titulaire d’un bachelor en neurosciences, justifie: «Le danger, je sais qu’il existe, mais si je sens qu’il est trop présent, qu’il y a par exemple trop de vent, si ça n’est pas un bon jour, je m’adapte. Je sais qu’à moins d’une grosse erreur, je vais toujours à peu près atterrir sur mes pieds.» Mathilde, elle aussi, fait confiance à ses sensations:

«En général, je ne pense pas au danger. Mais il peut arriver que je n’aie pas un bon feeling.»

Lors d’une Coupe du monde, mes parents sont venus me voir et mon papa a été impressionné par la hauteur inhabituelle d’un saut. Ça m’a fait réfléchir, mais la prise de risque est calculée.»

La médaille dans les chaussettes

Leur fierté commune? Faire briller le ski freestyle et le slopestyle, discipline olympique pour la deuxième fois seulement. Les deux championnes insistent sur le sérieux de leur sport: «J’espère vraiment que les gens vont s’intéresser davantage au ski acrobatique, car j’ai souvent l’impression que nous sommes un peu moins respectés que les skieurs alpins. Même si on parait plus relax, il faut beaucoup de discipline, beaucoup de mental pour arriver à ce niveau», argumente Sarah. Mathilde, elle, ajoute: «C’est beaucoup de travail. Parfois, on peut passer cinq heures d’affilée sur un trampoline pour réussir une seule figure.» Leurs médailles, obtenues un jour de grand froid de l’autre côté du globe, elles en sont tout aussi fières l’une que l’autre. Sarah, qui vit à Chamonix où elle a posé ses valises avec son compagnon, aspirant guide dans la Mecque de l’alpinisme, réfléchit lorsqu’on lui demande ce qu’elle a fait de sa précieuse récompense: «Je crois qu’elle est encore cachée dans une paire de chaussettes, au milieu de mes affaires de ski. Plus tard, quand j’aurai un appart à moi, j’aimerais la faire encadrer avec mon dossard.» Mathilde, quant à elle, fait une pause sportive pour laisser reposer son genou et suivre son gymnase en sport étude à Engelberg, dans le demi-canton d’Obwald. Elle a confié le trophée à ses parents, espérant pouvoir compléter encore sa prestigieuse collection.

Leur actu

Sarah participera aux X games qui se tiendront du 16 au 20 mai à Oslo. Mathilde, elle, fait une pause pour se consacrer à ses études à Engelberg (OW).

Ce qui les dope

Sarah se ressource à la montagne en pratiquant l’escalade l’été et la peau de phoque en hiver.

Leur dernier fou rire

Mathilde, à table avec ses parents, alors que son papa faisait des associations de mots absurdes.

Leur don inattendu

Sarah, dont le papa est luthier, a joué du violon toute son enfance.

Sur leur shamelist

Mathilde adore écouter ce qu’elle appelle «de vieilles musiques», comme Tina Turner.

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