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Selon une enquête, les Suissesses se détournent de la pilule

Selon une enquete les Suissesses se detournent de la pilule

«Chez nous, après la naissance de notre enfant, on a décidé que ce serait Monsieur qui allait dorénavant "faire le boulot", j’ai assez donné. Alors ce sera vasectomie» explique Catia.

© Unsplash / Reproductive Health Supplies Coalition

En moins de 20 ans, une grande part des femmes suisses se sont détournées de la pilule contraceptive. C’est ce qu’a révélé l’enquête suisse sur la santé 2017, publiée ce 22 février 2021 par l'Office fédéral de la statistique. Si elles étaient encore 54% à utiliser ce moyen de contraception en 1992, elles n’étaient plus que 31% en 2017. Le préservatif reste le moyen le plus utilisé (42%), et la troisième place est occupée par le dispositif intra-utérin (DIU, le stérilet) hormonal chez les femmes (12%) et la stérilisation chez les hommes (15%). Des chiffres qui racontent un changement radical dans la façon d’appréhender sa contraception.

«J’ai pris la pilule la première fois à 15 ans. A l’époque, mon gynécologue ne m’avait pas proposé d’autres options, raconte aujourd’hui Julie, 35 ans. Je trouvais cela profondément injuste, mais je me sentais impuissante: les garçons que j’ai fréquentés délaissaient systématiquement le préservatif après que l’on ait tous les deux passés le test de dépistage des MST. L’argument phare? Les capotes "gênent", ne permettent pas d’apprécier pleinement l’acte. Pour eux, c’était alors une libération, alors que moi je me sentais prisonnière de ce système.»

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Aujourd'hui, elle a décidé d'arrêter définitivement la pilule. «Prendre un médicament chaque jour ne m'attire absolument plus. Mon mari partage pleinement mes inquiétudes. Nous avons eu beaucoup de mal à avoir nos enfants: la contraception que j'ai prise durant tant d'années a-t-elle pu jouer un rôle? Nous l'ignorons, mais préférons nous tourner vers des moyens plus naturels, sans hormones.»

L’inégalité hommes-femmes face à la contraception revient souvent, mais à l’instar de Catia, la question se discute dorénavant davantage au sein du couple: «Chez nous, après la naissance de notre enfant, on a décidé que ce serait Monsieur qui allait dorénavant "faire le boulot", j’ai assez donné. Alors ce sera vasectomie.»

Pour Julie, c’est la symptothermie qu’elle va dorénavant tester, soit l’observation de différents signes de fertilité féminine, en complément au préservatif lors des périodes d’ovulation. Une méthode en plein boom, surtout parmi les jeunes générations.

«Un jour j'ai tout arrêté, comme on arrête de fumer, en jetant une plaquette entamée, raconte de son côté Margot, 39 ans aujourd’hui, dont 8 sans pilule.

Souvent, les gens jugent ma décision, encore aujourd'hui. Pourtant, je n'ai jamais eu "d'accident". Arrêter de prendre la pilule, ce n’est pas arrêter d’être responsable. Je comprends que cela peut paraître inconcevable pour des femmes qui ont lutté pour l’accès à la contraception, mais arrêter la pilule a été l'une des choses les plus importantes que j’ai faites pour ma santé.» Pour elle, cela a signifié – notamment – la fin des déprimes passagères et des douleurs abdominales, mais aussi la redécouverte de sa libido.

«Le contraceptif idéal n’existe pas»

Dans son cabinet pulliéran, Damien Robyr, gynécologue et obstétricien, a aussi fait le même constat. «J’ai régulièrement des patientes qui s’interrogent sur les alternatives à la contraception orale. Certaines en raison d’effets indésirables apparus sous pilule mais aussi, souvent parce qu’elles ne souhaitent plus prendre d’hormones en général, sans forcément éprouver d’inconvénients particuliers.»

Pour lui, le contraceptif idéal n’existe pas. «La pilule peut être un excellent contraceptif dans certaines situations. Dès lors, il est important de bien comprendre les attentes de la patiente avant de lui proposer une alternative. Par exemple, si une pilule a été prescrite en raison de cycles irréguliers avec des règles très abondantes et douloureuses, vouloir la remplacer par un stérilet au cuivre pourrait bien empirer les choses, alors que ce dernier pourrait être une alternative adaptée chez une autre patiente.».

© Unsplash / reproductive health supplies coalition

Françoise, elle, a choisi de continuer à prendre la pilule, mais microdosée.

«Je pense qu'il y a clairement un fossé générationnel, et que ce sont les millenials qui ont surtout abandonné la pilule, car pas envie d'ingérer des hormones, ce qui va de pair avec manger bio et boycotter les cosmétiques testés sur les animaux!

Pour ma génération, la X, ça a été et ça reste le moyen le plus fiable de s'envoyer en l'air sans risquer de tomber enceinte.» Elle avait, un an durant, arrêté la pilule, mais sans grand changement. Pas de perte de poids, pas de différence de libido... «et les poils qui poussent plus abondamment - dont la moustache! - à cause du manque d'hormones féminines. J'ai très vite repris sans me poser plus de questions!».

Les chiffres de l’enquête ne disent d’ailleurs rien d’autre. Si la pilule est en perte de vitesse, la part des femmes qui recourt à un moyen de contraception est passée dans le même laps de temps de 54 à 72%. Et la pilule représente encore et toujours le moyen privilégié par un tiers des Suissesses. Mais ce sera sans Sandra. «Entre ma libido en baisse et l’angoisse de subir les effets secondaires annoncés dans la notice d’emballage, j’ai décidé d’arrêter la pilule, après 10 ans de prise. J’avais l’impression de "sacrifier" ma santé et mon plaisir pour mon petit copain. Je me demande d’ailleurs pourquoi la version masculine n’a pas encore été commercialisée. Et pourquoi on n'éduque pas les hommes hétéros à "faire attention", eux aussi.» En attendant, ce sera donc le préservatif.  

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