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Rencontre avec l'entrepreneuse vaudoise Dominique Berdoz

Rencontre avec l'entrepreneuse vaudoise Dominique Berdoz

Originaire d'Argovie, Dominique Berdoz arrive en Suisse romande à l'âge de 17 ans pour être jeune fille au pair.

© BRIGITTE BESSON; MISE EN BEAUTÉ MALIKA STAEHLI

Berdoz Vision & Audition fête ses quarante ans d’existence en 2024. Ce réseau de proximité, créé par Marc-Etienne Berdoz, propose un éventail de montures à des prix accessibles, incluant des modèles de qualité pour tous les styles et budgets. À vingt ans, alors qu’il n’est même pas majeur au moment de signer le bail, le jeune entrepreneur ouvre son premier magasin, dans la région lausannoise.

C’est là que nous avons rendez-vous, non pas avec Marc-Etienne, mais avec son épouse et partenaire, Dominique, qui joue un rôle essentiel dans l’accompagnement, la mise en place et le développement d’un modèle de gestion participative.

Avant de passer la porte de l’enseigne, on s’intéresse à cette femme, arrivée en Suisse romande toute jeune depuis l’Argovie, comme si dans sa vie, tous les choix s’imposaient naturellement. Dominique a des ascendances allemandes et jamaïcaines, mais elle n’en fait pas toute une histoire. Tout juste évoque-t-elle quelques moments où la flamboyance de sa chevelure lui occasionnait quelques moqueries. Tiens, on pense à Kamala Harris, qui, tout comme elle, ne se laisse pas enfermer dans le carcan des discours identitaires.

«Ma mère était une femme libre, raconte Dominique. Elle est tombée amoureuse d’un homme, qui venait de Grenade, il est vite reparti chez lui. Mon père ne m’a pas manqué. J’avais un grand-père très présent. Plus jeune, on m’a prise pour une femme de Madagascar, même de Thaïlande…»

«Le métissage aujourd’hui est normalisé. Kamala Harris a raison.»

Coup de foudre en Romandie

La jeune Dominique décide d’entreprendre une formation d’infirmière, et suivant la tradition qui consiste à faire un stage dans une autre région linguistique, elle prend le train pour la Suisse romande. Elle a 17 ans, elle vient faire la «jeune fille au pair». Le travail va vite la lasser, mais pas la région. «À la vingtaine, j’ai commencé à rêver et mon horizon se trouvait ici, à Lausanne. J’ai travaillé au CHUV et me suis formée pour devenir infirmière anesthésiste. Une immense responsabilité, parce que les gens acceptent de vous faire une totale confiance.»

Le destin continue à tisser sa petite toile: après une nuit fatigante au CHUV, Dominique pas encore Berdoz rencontre Marc-Etienne, à un petit-déjeuner chez une amie dont il est le voisin. Rare de tomber sur l’amour de sa vie, au sortir d’une nuit sans sommeil, écroulée à la table devant son café… «Oui, c’était un véritable coup de foudre», avoue-t-elle.

À l’arrivée du premier enfant, Dominique arrête son activité d’infirmière. Trop de travail, pas assez de crèches, et aussi:

«Dans ma famille, j’ai été élevée par des femmes qui ont tout le temps travaillé. C’était une sorte de privilège d’être une femme au foyer, quelque chose dont je ne devais surtout pas rêver.»

«Après cinq ans, quand même, je me suis dit, et maintenant? Qu’est-ce que tu vas faire de ta vie? Donc, je suis allée à l’Université pour obtenir une licence de psychologie.»

La santé au cœur de l’entreprise

Dominique Berdoz cumule les titres académiques puis conjugue toutes les expériences que la vie lui a offertes: la santé, la psychologie, et aussi une certaine façon d’exercer son libre arbitre où qu’elle soit. Elle crée alors des workshops en gestion, donne des cours à la Haute École de santé de Fribourg. «La santé de l’employé raconte et détermine la santé d’une entreprise. Les grandes sociétés, publiques ou privées, s’y engagent et m’engagent pour les accompagner.» Elle y apprend beaucoup de choses, analyse l’impact des hiérarchies sur la santé des employés. Forte de ces expertises, Dominique Berdoz développe pour l’entreprise familiale des programmes pour favoriser la formation et la santé des employés au travail.

Son mari a envie de tenter de nouvelles choses, ça tombe bien, elle est partante. Elle s’occupe de l’implantation de projets en Suisse alémanique, accompagne le lancement d’une nouvelle enseigne Orsena, du nom de l’opticien dont Berdoz reprend la marque. «On est dans l’esprit start-up, ça me plaît infiniment, à 56 ans.» Travailler en famille lui convient bien, ça raccourcit les circuits de décision. Et puis, l’esprit de famille, c’est ce qui prévaut dans l’entreprise Berdoz. Qui a introduit une approche innovante inspirée de l’holacratie.

Une nouvelle vision, Dominique Berdoz? «C’est plutôt une méthode pour casser les hiérarchies traditionnelles, pour que les collaboratrices et collaborateurs se posent eux-mêmes des objectifs, ce qui est plus stimulant. Chaque magasin est autonome, parce qu’on ne vend pas des lunettes de la même manière à Martigny qu’à Genève et vice versa.»

«Moi, je regarde ce dont les gens ont besoin en matière de formation, et que les employés trouvent du sens à leur travail. On casse les pyramides.»

«Tout le monde n’aime pas. La liberté, c’est un droit, mais aussi un devoir.» Dominique Berdoz en donne la preuve par l’acte.


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