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Jeunes, activistes et en colère

«Quand je suis en prison, je sais que j'ai tout donné»

«Quand je suis en prison, j’ai tout donné, j’ai fait ce qu’il y avait à faire»

«Je consacre ma vie à l’organisation de campagnes de résistance civile, de mobilisations citoyennes pour le climat.» - Cécile Bessire

© NOURA GAUPER

FEMINA Comment est né votre engagement?
Cécile Bessire Il y a eu deux phases. Je me suis rendue compte de ce qui se passait dans le monde lorsque j’étais adolescente. J’avais alors une sorte de honte, je ressentais beaucoup de mécontentement à l’idée de toutes les injustices de notre système, à la manière dont on se traitait les uns les autres, ainsi que la Terre. Je me suis alors engagée à mon échelle en faisant de petits gestes. Puis je me suis rendue compte qu’il y avait vraiment urgence, que cela ne suffirait pas. Cela a été une immense prise de conscience, il fallait vraiment que j’agisse. C’est là que j’ai pris la décision de m’impliquer à 100% dans les mouvements sociaux, notamment de désobéissance civile.

Concrètement, comment luttez-vous contre le réchauffement climatique?
Je consacre ma vie à l’organisation de campagnes de résistance civile, de mobilisations citoyennes pour le climat. J’ai arrêté mon travail il y a un an pour ne faire plus que cela. Je fais beaucoup d’organisation et je mets mon propre corps au service de la cause, c’est ça la désobéissance civile non-violente. Notre seule arme, c’est notre corps. On va donc le mettre dans les rouages de la machine, dans l’espace public. La plupart du temps, on se fait arrêter pour cela, mais c’est la seule manière que j’ai trouvée de m’engager. Lorsque je suis en prison, en garde à vue, je ne peux pas aller plus loin, j’ai tout donné, tout ce que je pouvais. J’ai fait ce qu’il y avait à faire.

Souffrez-vous d’éco-anxiété ou parvenez-vous à garder espoir?
Je n’aime pas le terme «espoir», car c’est un frein à l’action: c’est comme si ça allait nous tomber dessus, si un jour on allait être délivré-e-s. Je n’ai pas envie d’avoir de l’espoir. J’ai peur tous les jours de ce qui va nous arriver, les conséquences sociales de la crise climatique m’effraient.

Les droits de millions de personnes dans le monde ne sont déjà plus respectés, c’est ce qui va nous tomber dessus à nous aussi.

Où trouvez-vous la force de vous battre?
J’ai décidé de ne pas me laisser abattre par la peur. C’est une question de dignité d’agir. Ce qui est en train de se passer est absolument inacceptable pour moi. C’est une façon pour moi d’honorer la chance que j’ai d’être en vie, c’est mon devoir et ma responsabilité.

Votre engagement crée-t-il des tensions avec vos proches?
Je n’en parle pas beaucoup avec mes proches, c’est un sujet qu’on évite. Les gens ont peur de se confronter à la réalité, de se poser la question de sa propre action. Je comprends très bien cela, mais ça me rend triste et parfois ça me met en colère, parce que j’ai très peur pour eux. Si je me bats, c’est pour celles et ceux que j'aime.

Décrivez-nous votre monde idéal:
C’est une utopie, mais ce serait de vivre dans un monde où l’on a arrêté d’exploiter la terre, d’exploiter les êtres humains, les animaux. L’oppression n’existerait plus. On aurait beaucoup de respect pour les autres, les choses matérielles n’ont plus de valeurs.

Plus personne n’exercerait son pouvoir sur d’autres pour avoir l’air important.

Ce qui vous met en colère:
L’indifférence généralisée des politiques, leur inaction face à la crise climatique et à ses conséquences. Cela me met en colère, car j’ai l’impression qu’ils privent ainsi à des millions de personnes sur cette Terre d’avoir un avenir, d’avoir des rêves, d’avoir des projets et de pouvoir avoir une vie. C’est extrêmement injuste.

Ce qui vous réjouit:
De voir tout ce que l’on est capable de faire de beau en tant qu’être humain. L’amour, le respect, la solidarité, la justice. Cela me donne beaucoup de joie, c’est là que l’on doit puiser notre force, c’est ce qui va nous amener vers un monde plus beau et vivable, surtout.

Un message à faire passer:
Je ressens beaucoup de résignation. J’aimerais dire que l’on a tous une valeur telle qu’il n’y a pas de quoi de se laisser abattre. Il faut que l’on trouve au fond de nous la force et le courage de se lever, de ne pas accepter les injustices et de se battre pour ce qui est juste. Chacun-e devrait s’interroger sur ses valeurs, ce qu’elle et il souhaite faire de sa vie.

Une ressource à nous recommander:
Le documentaire Virunga, disponible sur Netflix. L’histoire vraie d’un parc naturel au Congo qui essaie de protéger les gorilles contre l’exploitation minière et pétrolière de grandes multinationales. C’est une magnifique leçon de vie et d’humilité de voir comme des personnes ont décidé de consacrer leur vie à faire ce qui leur semble être juste, leur manière d’avoir un impact pour un monde meilleur. Je le recommande vivement.

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